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La France présente ses "regrets" à la Bolivie

François Hollande lors d'une conférence de presse à Berlin, le 3 juillet 2013 [JOHANNES EISELE / AFP] François Hollande lors d'une conférence de presse à Berlin, le 3 juillet 2013 [JOHANNES EISELE / AFP]

Paris a présenté mercredi ses "regrets" à la Bolivie, traduisant son embarras face à l'imbroglio diplomatique provoqué par le refus pendant quelques heures du survol du territoire par l'avion du président bolivien Evo Morales, d'abord soupçonné de transporter l'informaticien américain Edward Snowden.

Tentant d'apaiser la tension née entre les deux pays, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a téléphoné à son homologue, David Choquehuanca, pour l'assurer que Paris n'avait jamais eu l'intention de refuser le survol du territoire français à l'avion du président bolivien.

Laurent Fabius a "fait part des regrets de la France suite au contretemps occasionné pour le président Morales par les retards dans la confirmation de l'autorisation de survol du territoire par l'avion du président", a indiqué le porte-parole du ministère, Philippe Lalliot, dans un communiqué.

Lors de cet entretien, M. Fabius "a souligné que l'autorisation de survol avait été confirmée dès que les autorités françaises avaient été informées que l'aéronef en question était celui du président Morales. Il a également indiqué qu'il n'y avait, naturellement, jamais eu d'intention de refuser l'accès à notre espace aérien à l'avion du président Morales, qui est toujours le bienvenu dans notre pays", a poursuivi le porte-parole.

Auparavant, le président François Hollande avait assuré avoir "immédiatement" donné l'autorisation de survol de la France à l'avion d'Evo Morales... quand il a appris que ce dernier était à bord de l'appareil.

L'avion du président bolicien Evo Morales au-dessus des Canaries, en Espagne, le 3 juillet 2013 [ / AFP]
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L'avion du président bolicien Evo Morales au-dessus des Canaries, en Espagne, le 3 juillet 2013
 

"Il y avait des infos contradictoires sur les passagers qui étaient à bord", a dit M. Hollande, en allusion aux fausses allégations sur la présence d'Edward Snowden, à l'origine de révélations explosives sur la surveillance électronique américaine et recherché par Washington.

"Dès lors que j'ai su que c'était l'avion du président bolivien, j'ai donné immédiatement l'autorisation de survol" du territoire français, a-t-il ajouté.

Mais l'appareil, parti de Moscou et en route vers les Canaries avant de regagner la Bolivie, a été contraint mardi soir de faire escale à Vienne, où il est resté bloqué pendant 13 heures, après s'être vu refuser l'entrée dans l'espace aérien de plusieurs pays européens.

Il a finalement pu décoller mercredi en fin de matinée après que l'Autriche et la Bolivie ont confirmé que Snowden ne se trouvait pas à bord. Evo Morales a qualifié cette escale forcée d'"erreur historique" et d'"agression".

La réaction a été forte en Bolivie, où selon un député, le Parlement s'apprête à demander l'expulsion du pays des ambassadeurs de France, du Portugal et d'Italie, en représailles à l'interdiction de survol. Des incidents ont eu lieu également près de l'ambassade de France en Bolivie, avec jets de pierres et incendie de drapeaux français.

Les explications des autorités n'ont pas non plus satisfait une bonne partie de la classe politique française, qui a dénoncé, à gauche comme à droite, un "asservissement" de la France aux intérêts américains.

François Hollande avait réagi très vivement lundi aux révélations sur l'espionnage d'institutions de l'Union européenne et d'Etats européens dont sont soupçonnés les États-Unis, assurant que la France ne pouvait "pas accepter ce type de comportement", qui doit cesser "immédiatement".

Mais mardi, après les déclarations du président bolivien, en marge de sa visite à Moscou, se disant prêt à accueillir Edward Snowden, plusieurs pays européens dont la France avaient refusé dans un premier temps que l'avion d'Evo Morales traverse leur espace aérien, soupçonnant que l'informaticien américain se trouvait à bord.

Et Paris, qui plaidait encore mercredi matin pour une "suspension temporaire" du processus de négociations avec les Etats-Unis sur un accord de libre échange en raison de ces révélations, avait ensuite changé de ton, pour accepter de lancer ces négociations le 8 juillet.

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