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Réunion : les autorités impuissantes face au risque requin

Des policiers et des pompiers dans la baie de Saint-Paul, à La Réunion, le 15 juillet 2013 [- / Imaz Press Reunion/AFP] Des policiers et des pompiers dans la baie de Saint-Paul, à La Réunion, le 15 juillet 2013 [- / Imaz Press Reunion/AFP]

Après l’attaque d’une adolescente de 15 ans, tuée lundi par un requin – cinquième attaque mortelle en deux ans à la Réunion, la première visant un baigneur - les autorités réunionnaises semblaient désemparés et impuissantes face à une sécurisation jugée impossible.

Au lever du jour mardi, les recherches ont repris pour tenter de retrouver une partie du corps de Sarah, une adolescente de 15 ans, coupée en deux par un requin alors qu’elle se baignait dans la baie de Saint-Paul, à un endroit où peu de Réunionnais osent s’aventurer. La jeune fille, née sur l’île mais vivant chez sa mère en métropole à Bressuire (Deux-Sèvres), était en vacances chez son père, responsable d’un club nautique. Elle nageait avec masque et tuba, à moins de 5 mètres de la plage de sable noir de Saint-Paul quand le drame est survenu.

L’attaque foudroyante du requin, la onzième en deux ans et la cinquième mortelle (la dernière remontant à mai dernier), a provoqué un vif émoi dans la population, d’autant qu’elle a touché pour la première fois un baigneur, les autres victimes étant toutes des surfeurs.

Elle a aussi fait resurgir la polémique sur la sécurisation des activités nautiques, les mesures prises jusqu’à présent par les autorités de l’île (création de vigies requin, pêche préventive, marquage et suivi des squales, mise en place d’une signalétique adaptée,) ayant toutes échoué. Lundi, la préfecture de la Réunion en était réduite à ordonner la capture du requin tueur, dans le cadre du protocole mis en place récemment après une attaque, pour calmer les esprits. Aucun requin n’a été pêché.

Les associations de surfeurs, elles, sont à nouveau montées au créneau pour estimer que seule une régulation à vaste échelle de la population de requins serait susceptible de réduire le danger. Selon elles, l’un des principaux responsables de la prolifération des requins demeure la Réserve nationale marine accusée d'être leur "garde-manger" et de les avoir conduits à se sédentariser près des côtes. "Il faut mettre en place une chasse sous-marine dans la Réserve", a déclaré le président de la Ligue de surf. "Désormais, on ne pourra plus dire que c'est un problème de surfeurs", a souligné Jean-François Nativel, président de Océan Prévention Réunion, mettant "élus et scientifiques face à leurs responsabilités".

Urbanisation du littoral et rejets de déchets en mer

En mai, après la dernière attaque mortelle contre un surfeur – un touriste de 36 ans, en voyage de noces à la Réunion – les autorités de l’île avaient fait un pas dans leur direction, en décidant d’expérimenter des drumlines (palangres verticales fixes permettant une capture localisée) dans la baie de Saint-Paul. "Le protocole est finalisé. Nous attendons le financement de l’Etat pour le concrétiser", a indiqué à l’AFP Emmanuel Séraphin, adjoint au maire chargé du dossier requin. S’ils s’avèrent efficaces, les drumlines seront installés au large des plages de Saint-Gilles, principale zone balnéaire et touristique de l’île où se sont concentrées les attaques.

L’an dernier, l’Etat avait déjà ordonné la capture d’une vingtaine de squales sous couvert d’une étude scientifique, en vue d’autoriser leur commercialisation, la vente de requins étant actuellement interdite pour des raisons sanitaires. Il y a quelques semaines, le préfet a également lancé une chasse contre deux requins aperçus au large d’une plage de Saint-Gilles.

Pour autant, la population des requins près des côtes n’a pas diminué, loin s’en faut. Le 5 juillet, la préfecture a lancé un appel à la vigilance, notant que 8 observations de squales ont été faites à Saint-Gilles, contre deux à trois en moyenne par mois.

"On n’arrivera jamais à éradiquer le risque de squale", a déclaré lundi le préfet Jean-Luc Marx, sur les lieux de la mort de l’adolescente, répétant pour la énième fois que le "risque zéro n’existe pas". Selon les premiers résultats d’une étude scientifique de l’Institut de recherche pour le développement (IRD), la prolifération des requins tient à un "dérèglement de l’environnement" et ne peut se résoudre par des prélèvements massifs. Selon les écologistes, elle s’explique par une urbanisation du littoral et des rejets de déchets en mer.

"Il est temps pour la Réunion de prendre conscience qu’aucune solution miracle ne viendra nous protéger d’un risque directement lié à notre environnement tropical. Oui, la Réunion est bien une île à requins", écrivait pour sa part, mardi, dans un éditorial, le Journal de l’Ile de la Réunion.

 

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