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La France est sortie de la récession

Le ministère français des Finances, à Paris, le 14 avril 2012 [Loic Venance / AFP/Archives] Le ministère français des Finances, à Paris, le 14 avril 2012 [Loic Venance / AFP/Archives]

La France est sortie de la récession au deuxième trimestre avec un rebond de l'activité plus important qu'attendu, confortant les "signes encourageants de reprise" notés par le gouvernement, même si l'emploi a continué à se dégrader.

L'Institut national de la statistique et des études économiques a annoncé mercredi dans une première estimation que le produit intérieur brut (PIB) avait progressé de 0,5% au deuxième trimestre par rapport aux trois mois précédent.

Cette hausse fait suite à deux trimestres successifs de repli (-0,2% fin 2012 et début 2013) qui avaient techniquement plongé le pays dans la récession.

Il s'agit du sursaut le plus important depuis le premier trimestre 2011, a rappelé l'Insee.

"Ces chiffres nous confortent dans notre stratégie", s'est réjoui le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault.

Mais sortie de la récession n'implique pas automatiquement reprise des embauches, qui suivent généralement la redressement de l'économie avec un temps de retard: l'Insee a parallèlement annoncé un net repli de l'emploi salarié (-27.800 postes) sur cette même période.

Le ministre français des Finances Pierre Moscovici, lors d'une conférence de presse, à Paris, le 22 mai 2013 [Eric Piermont / AFP/Archives]
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Le ministre français des Finances Pierre Moscovici, lors d'une conférence de presse, à Paris, le 22 mai 2013
 

La dégradation de l'emploi dans tous les secteurs s'est accentuée, après une baisse de 8.300 postes les trois mois précédents, ce qui continue de mal augurer de l'inversion de la courbe du chômage d'ici la fin de l'année, toujours promise par l'exécutif.

Rebond dans l'automobile

Tous les économistes interrogés par l'AFP mercredi ont souligné "la bonne surprise" de ce rebond que personne n'attendait aussi important.

Dans ses dernières prévisions, fin juin, l'Insee tablait sur une progression du PIB de 0,2% au deuxième trimestre, puis une stabilisation au troisième et un léger sursaut de 0,1% au quatrième.

Mais alors qu'il avait jusqu'ici annoncé une légère récession de 0,1% sur l'année 2013, l'institut de la statistique estime désormais que l'acquis de croissance généré par ce sursaut de l'activité au deuxième trimestre était de +0,1%. Ce qui signifie que si la croissance devait être nulle au deuxième semestre, l'année s'achèverait en territoire modestement positif de 0,1%.

Le chiffre de 0,5%, "supérieur aux prévisions disponibles, confirme la sortie de récession de l’économie française, que laissaient déjà entrevoir les dernières enquêtes de conjoncture et les chiffres récents de la production industrielle, de la consommation des ménages et du commerce extérieur", a immédiatement réagi M. Moscovici dans un communiqué.

"Il amplifie les signes encourageants de reprise déjà soulignés précédemment", a-t-il estimé, en attribuant "le redémarrage de l’activité" à "une amélioration de la conjoncture européenne et un raffermissement de la demande intérieure".

Mercredi, l'office européen des statistiques Eurostat a de fait annoncé que la zone était officiellement sortie de la récession, avec un PIB en hausse de 0,3% au deuxième trimestre.

Le sursaut observé en France est selon l'Insee largement lié à la demande intérieure finale (hors stocks) qui génère 0,3 point des 0,5 points de croissance du trimestre. Les variations de stocks des entreprises contribuent par ailleurs pour 0,2 point à ce rebond de l'activité. L'impact du commerce extérieur est cette fois-ci neutre sur la croissance.

des inquiétudes sur la solidité de la reprise

 

Mais malgré un frémissement d'optimisme, rien n'autorise à penser que l'activité économique va continuer à progresser de manière durable. "On sait qu'une reprise ne peut être durable que s'il y a de l'investissement, or il n'y a pas d'investissement", a commenté Eric Heyer, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques.

Si sa chute a décéléré, l'investissement a en effet, selon l'Insee, continué de reculer de 0,5% au deuxième trimestre, après -1% les trois mois précédents.

Dans le détail, plusieurs facteurs conjugués expliquent l'embellie du printemps. La consommation des ménages a grimpé de 0,4% au deuxième trimestre (-0,1% au premier) et la production totale des biens et services a retrouvé quelques couleurs, se redressant de 2% dans le secteur manufacturier, portée par le rebond de la production de matériel de transport (+8,2%) dans les industries automobiles et aéronautiques, et de 0,7% dans les services.

"Une hirondelle ne fait pas le printemps", a raillé le Medef dans un communiqué, estimant que "2013 devrait être une année de stagnation de la croissance".

"Pour restaurer un niveau de croissance à la hauteur de notre ambition pour la France, et créer des emplois durables, nous devons entreprendre sans tarder les réformes structurelles qui s'imposent", a déclaré le président de la principale organisation patronale française, Pierre Gattaz.

La député PS Karine Berger a, elle, estimé que "le creux du cycle est derrière nous" et que ce rebond "confirme que la France enregistrera une croissance positive de son PIB en 2013".

Samedi, Pierre Moscovici avait assuré que sur l'année, "la croissance sera faible voire étale, entre moins 0,1% et plus 0,1%".

"J'interprète ce chiffre (+0,5% de croissance du PIB au deuxième trimestre, ndlr) comme une correction technique, qui n'efface pas l'atonie générale de l'économie française", a de son côté réagi le vice-président délégué de l'UMP Luc Chatel, sur BFMTV.

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