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Une mère renvoyée devant les assises pour un double infanticide

La main d'un nouveau-né [Didier Pallages / AFP/Archives] La main d'un nouveau-né [Didier Pallages / AFP/Archives]

De ses quatre enfants, il n'en reste que deux, dont un a survécu de justesse. La justice a bouclé cette semaine l'enquête sur le double infanticide d'une mère écrouée en 2012 dans les Landes, qui devra répondre de ses crimes devant une cour d'assises.

Après presque quatre ans d'enquête, l'ordonnance de renvoi, rendue mercredi, retient l'homicide volontaire pour Flavien, mort en 2004 à l'âge de un an et demi en Savoie, et Amandine, tuée à six mois dans les Landes, en 2007, a annoncé l'un de ses défenseurs, Me Thierry Sagardoytho, à une correspondante de l'AFP.

L'enquête avait été déclenchée en 2009, en raison de nouvelles violences commises deux ans après la mort d'Amandine, cette fois sur le plus jeune des quatre enfants de cette femme aujourd'hui âgée de 30 ans.

"Un dossier complexe aux confins de la psychiatrie et de la détresse humaine", a déclaré Me Sagardoytho qui assure la défense de l'accusée avec Me Julien Marco.

La mère de famille, née à Longjumeau (Essonne), est issue d'une fratrie d'au moins huit enfants dont certains ont témoigné de maltraitances. Elle-même a, selon l'enquête, été placée dès l'âge de trois mois et n'a jamais connu sa mère, errant de famille en famille, non sans problèmes (tentative de suicide, tendance à l'affabulation...).

En mai 2003, à l'âge de 20 ans, elle a donné naissance à un premier enfant, Flavien, d'un père qui les avait abandonnés. Un an et demi plus tard, le bébé est mort, le 17 décembre 2004, cinq jours après avoir été admis à l'hôpital pour un malaise. L'instruction sur les causes de la mort est été classée sans suite en 2005.

Puis, elle rencontre sur site internet le père de ses trois autres enfants : Yann, aujourd'hui âgé de sept ans, Amandine et Luka, 4 ans.

Le 26 juin 2009, lorsque l'enquête confiée à la gendarmerie a démarré, Luka, le petit dernier, n'avait qu'un mois. Amandine elle, était décédée à seulement six mois, deux ans plus tôt. Les experts avaient alors conclu à une mort subite du nourrisson et l'instruction avait là encore était classée sans suite.

Luka, lui, a été sauvé grâce aux soupçons des médecins urgentistes lorsqu'il a été hospitalisé.

L'enfant avait fait l'objet d'une hospitalisation en 2009 et un praticien avait retrouvé des similitudes avec le cas d'Amandine, notant que la mère était fragile psychologiquement.

Par réquisitoire introductif, une nouvelle information judiciaire était donc ouverte le 10 juillet 2009 "contre personne non dénommée des chefs de violences sur mineur de 15 ans par ascendant".

Luka, avait été placé puis rendu à ses parents, en juillet 2010. Mais moins de deux mois plus tard, en septembre 2010, par deux fois, il était de nouveau hospitalisé pour des malaises.

L'enquête, élargie aux décès de Flavien et Amandine, a finalement conclu qu'ils étaient morts, selon une expertise médicale, d'une "suffocation non accidentelle", les malaises ayant lieu uniquement en présence de la mère et aucune cause physiologique n'étant identifiée.

Ils ont conclu au même mode opératoire pour Luka, hospitalisé à la suite de deux malaises, ayant eu lieu en présence de la mère, les symptômes ayant disparu durant la période de placement de l'enfant.

Suicidaire et alcoolique, selon son compagnon, la jeune femme aurait effectué des séjours psychiatriques dès la naissance de leur fille Amandine.

Les expertises psychologiques et psychiatriques la définissent comme une personnalité carencée en raison d'une histoire familiale traumatisante, des troubles du caractère avec une appétence toxicomaniaque, une identité mal construite. Les experts notent que le diagnostic de "syndrome de Munchhausen" par procuration, pathologie mentale qui se caractérise par le besoin de simuler une souffrance pour attirer l'attention, et qui, lorsqu'il se manifeste "par procuration" peut déclencher la souffrance chez l'enfant, n'est pas à écarter.

Cette année, en mars, elle a finalement avoué avoir tué deux de ses enfants, en les étouffant, et tenté aussi d'étouffer le troisième.

Me Thomas Gachie, avocat du père de Yann, Amandine et Luka, a expliqué à l'AFP "que les aveux de la jeune femme ont été très importants pour lui". "Il est dans l'abattement, il attend d'avoir des explications ( …), que cette dame mette des mots sur ce qu'elle a fait", a-t-il dit.

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