En direct
A suivre

McDonald's versus Class'Burger à Toulouse

"Class Burger", un camion à hamburgers, garé devant un McDonald's à Toulouse, le 30 août 2013 [Pascal Pavani / AFP] "Class Burger", un camion à hamburgers, garé devant un McDonald's à Toulouse, le 30 août 2013 [Pascal Pavani / AFP]

A Toulouse, entre autoroute et Garonne, un camion à hamburgers et à frites défie le géant américain McDonald's devant lequel il travaille en toute légalité depuis des mois.

Au carrefour d'une zone d'activités anonyme où les établissements pharmaceutiques Sanofi et l'éditeur Milan Presse voisinent avec les grandes enseignes du discount, de la location et du jouet, deux conceptions de la restauration rapide se font face à une dizaine de mètres l'un de l'autre sur un terre-plein caillouteux: un McDo' ouvert il y a sept ans et "Class'Burger".

"Class'Burger", c'est un camion repeint en noir, habillé de grandes affiches d'un rose tapageur, calé là depuis mars par de gros coins en bois.

Ahmed Haouli y vend hamburgers, paninis, croques et salades pour environ six euros le menu, avec frites et boisson gazeuse. Une "concurrence complètement déloyale", peste Michel Réglat, le patron de ce McDonald's et de dix-huit autres sur l'agglomération, qui s'est beaucoup employé pour qu'elle cesse.

"Class Burger", un camion à hamburgers, garé devant un McDonald's à Toulouse, le 30 août 2013 [Pascal Pavani / AFP]
Photo
ci-dessus
"Class Burger", un camion à hamburgers, garé devant un McDonald's à Toulouse, le 30 août 2013
 

En vain car Ahmed Haouli n'a aucune intention de déguerpir. Aucune bravade là-dedans, aucune revendication anti-impérialiste et encore moins diététique: cet auto-entrepreneur de 32 ans originaire du quartier voisin du Mirail se sent juste fort de son bon droit et se réclame de la liberté d'entreprendre.

 

Auto-entrepreneur ou pirate ?

Car il dispose d'une autorisation en bonne et due forme de la mairie.

"Avec mon associé, on n'est pas des pirates. On essaie d'être le plus professionnels possible, notamment au niveau sanitaire. On n'a pas de cafards, ni de souris", contrairement à ce que M. Réglat aurait essayé de laisser entendre, dit ce robuste garçon barbu.

Ce n'est pas "Class'Burger", avec ses 20 ou 25 sandwichs vendus par jour, qui va faire de l'ombre à McDonald's, dit-il. "Notre viande est halal. Du coup, ce n'est pas dit que nos clients vont aussi tous chez McDo'".

"Class Burger", un camion à hamburgers, garé devant un McDonald's à Toulouse, le 30 août 2013 [Pascal Pavani / AFP]
Photo
ci-dessus
"Class Burger", un camion à hamburgers, garé devant un McDonald's à Toulouse, le 30 août 2013
 

Qu'il se détrompe, rétorque Michel Réglat, un franchisé que la presse a surnommé "le roi du hamburger toulousain". Lui se présente plutôt comme "un petit commerçant local" qui a du mal à faire vivre un restaurant dans une zone sinistrée par l'explosion de l'usine AZF en 2001.

"Je sais qu'on va dire que c'est le pot de fer contre le pot de terre", se défend l'entrepreneur dont les restaurants toulousains réalisent un chiffre d'affaires de 70 millions d'euros et emploient 1.200 salariés. "Mais, vu la situation du commerce aujourd'hui, quand on vous enlève quarante à cinquante sandwichs à midi, c'est beaucoup".

 

Les burgers ou le RSA

Non seulement il y perdrait 10% de chiffre d'affaires, mais lui et son concurrent n'ont pas les mêmes obligations. Le comble, c'est que la mairie lui avait interdit de faire stationner des véhicules là où "Class'Burger" a ouvert boutique.

Michel Réglat a essayé de défendre son bifteck auprès de la mairie. "La cohabitation se passe mal, on en a donc pris acte", dit l'adjointe au maire Isabelle Hardy, "mais il y a une autorisation qui a été donnée, il faut l'assumer, d'autant que juridiquement on ne peut pas déplacer" Ahmed Haouli.

M. Haouli a jusqu'à présent refusé les propositions de relocalisation faites par la mairie. "On est déterminés à rester ici. Si on nous enlève le camion, c'est le RSA qui nous attend", explique ouvertement ce père de deux enfants. Le camion devra quand même trouver un autre pas de porte à la fin de l'année puisque la mairie de Toulouse a décidé de ne pas renouveler l'arrêté en sa faveur.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités