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La France reçoit le premier A400M

Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian répond aux questions de la presse devant un A400M, le 30 septembre 2013 à Séville [Cristina Quicler / AFP] Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian répond aux questions de la presse devant un A400M, le 30 septembre 2013 à Séville [Cristina Quicler / AFP]

Le premier A400M au monde a été livré lundi à la France après de longues péripéties, Airbus partant à la conquête des armées avec cet avion de transport militaire européen ultra-moderne.

"C'est un ensemble extrêmement performant et je suis assez fier que la France soit numéro un pour la livraison", s'est félicité le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian sur le site d'Airbus Military à Séville, où l'A400M a été assemblé.

"Ce sera, je pense, une petite prouesse technologique", a-t-il déclaré face au mastodonte aux hélices de plus de cinq mètres de diamètre, à bord duquel il est ensuite monté pour rejoindre la base aérienne 123 d'Orléans.

L'A400M, "dont la France avait absolument besoin", est aussi "une prouesse européenne", a-t-il insisté. "Cela montre que l'Europe de la défense, ça peut marcher s'il y a de la volonté".

Une volonté mise à rude épreuve: il aura fallu dix ans pour que les sept pays partenaires (Allemagne, France, Espagne, Royaume-Uni, Belgique, Luxembourg et Turquie) viennent au bout des retards et surcoûts, auxquels s'est ajoutée la crise économique.

Au final, l'appareil révolutionnaire atterrit avec quatre ans de retard et un dépassement de budget de 6,2 milliards d'euros (environ 30%).

Un Airbus A400M (c) survole la place de la Concorde, à Paris, le 14 juillet 2013, à l'occasion du défilé militaire [Lionel Bonaventure / AFP/Archives]
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Un Airbus A400M (c) survole la place de la Concorde, à Paris, le 14 juillet 2013, à l'occasion du défilé militaire
 

L'A400M "va transformer la manière dont fonctionnent les opérations militaires", explique à l'AFP Ian Elliott, vice-président d'Airbus Military, car "pour la première fois, il permettra de livrer des équipements de combat directement sur place".

Équipé de quatre turbopropulseurs, il peut transporter jusqu'à 37 tonnes sur 3.300 kilomètres puis se poser sur des terrains non préparés comme le sable, avec des blindés ou des hélicoptères.

L'A400M "une niche à lui tout seul"

L'appareil "répondra vraiment à une nécessité opérationnelle": grâce à lui, "nous serions allés d'Orléans à Tombouctou", a assuré Jean-Yves Le Drian, en référence à la récente intervention française au Mali, soulignant "le saut technologique et capacitaire que représente cet avion, à la hauteur de la vingtaine de milliards d'euros que nous y avons investis".

"C'est l'avion le plus polyvalent jamais conçu, il est unique en son genre", a assuré Tom Enders, PDG d'EADS, et "nous nous attendons à ce que l'A400M soit un grand succès à l'export".

"J'ai déjà volé six ou sept fois à bord (de l'A400M) et c'est fantastique", raconte Ian Elliott, citant le confort tant dans la cabine, copiée sur celle de l'A380, que dans le reste de l'appareil.

"J'espère pouvoir un jour m'asseoir dans la cabine", a confié le prince Felipe d'Espagne, qui a une formation de pilote, insistant sur ce symbole d'"une industrie européenne qui montre son potentiel au monde".

Un Airbus A400M sur la base aérienne d'Avord (Centre), le 12 avril 2013 [Miguel Medina / AFP/Archives]
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Un Airbus A400M sur la base aérienne d'Avord (Centre), le 12 avril 2013
 

Il sera seul sur le marché face au C-130 de Lockheed Martin, d'une capacité de 20 tonnes et conçu il y a plus de 50 ans. Son autre concurrent, le C-17 de Boeing (76 tonnes), ne sera plus produit à partir de 2015.

Airbus Military espère en exporter 400 dans les trente prochaines années, au-delà des 174 déjà commandés en Europe et en Malaisie. L'Allemagne en a commandé 53, l'Espagne 27, le Royaume-Uni 22. Dix appareils seront fabriqués l'an prochain, puis environ trente par an.

"Le schéma, pour la France, est de 50 avions, elle en prend quinze tout de suite" selon la Loi de programmation militaire en cours d'examen au Parlement, a rappelé le ministre de la Défense. "Donc il y a un peu de lissage, mais les objectifs sont les mêmes", a-t-il assuré.

Interrogé par l'AFP, Kieran Daly, porte-parole d'Airbus Military, affirme que le contrat "inclut 50 avions pour la France et pour l'instant il n'y a pas de négociations pour changer ce nombre".

Un deuxième appareil devrait être remis à la France d'ici un mois puis un troisième avant la fin de l'année.

Le risque, a prévenu récemment le directeur de la stratégie d'EADS, Marwan Lahoud, serait que Paris réduise sa commande de 50, entraînant d'autres pays comme l'Espagne et l'Allemagne à l'imiter, de quoi provoquer "un écrasement général du programme" et un renchérissement des coûts.

Fiche technique de l'airbus A400M, dont le premier exemplaire a été livré à la Direction générale de l'armement et pour lequel une cérémonie officielle a lieu lundi [ / AFP]
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Fiche technique de l'airbus A400M, dont le premier exemplaire a été livré à la Direction générale de l'armement et pour lequel une cérémonie officielle a lieu lundi
 

"Nous ciblons la zone du Golfe et la zone Asie-Pacifique, où de nombreux pays renouvellent leur flotte", avait indiqué en juin Domingo Ureña-Raso, PDG d'Airbus Military, "mais le meilleur marketing sera fait par les armées de l'air qui démontreront les capacités de l'avion lors de leurs opérations".

En particulier, "les armées françaises et britanniques ont une grande crédibilité dans le monde, donc si elles en sont vraiment contentes, leur opinion comptera", souligne Ian Elliott, précisant que le groupe "est déjà en discussion avec de nombreux officiels de l'armée américaine" et que l'avion serait aussi "parfait" pour des opérations humanitaires.

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