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Les Syriens de Calais ont levé le camp

Des migrants syriens installés sur une passerelle piétonne du terminal ferry de Calais le 4 octobre 2013 [Philippe Huguen / AFP] Des migrants syriens installés sur une passerelle piétonne du terminal ferry de Calais le 4 octobre 2013 [Philippe Huguen / AFP]

Les soixante migrants syriens ont mis fin vendredi soir à l'occupation entamée mercredi de la passerelle du terminal ferry de Calais (Pas-de-Calais), sans avoir obtenu davantage du Royaume-Uni qu'un examen "au cas par cas" de leur situation.

 

Une grande majorité des manifestants a plié bagage en début de soirée, avant de remonter la passerelle et de prendre le chemin du centre-ville de Calais, a constaté une correspondante de l'AFP. 

Huit clandestins, cinq adultes et trois enfants, ont quant à eux pris place à bord d'un bus, qui devait les conduire dans un lieu d'hébergement à Arras.  Mariam Guerey, du Secours catholique, a indiqué que deux familles avaient accepté d'être hébergées, "sans pour autant demander le droit d'asile". 

Les quelque 60 Syriens qui réclamaient depuis mercredi la visite de représentants des autorités anglaises ont mal accueilli la décision du Royaume-Uni d'examiner uniquement la situation des migrants qui auraient de la famille sur le territoire britannique.

Quatre d'entre eux qui étaient montés sur le toit du bâtiment, menaçant de sauter, ont fini par descendre vendredi vers 17H00. Le GIPN (Groupe d'intervention de la police nationale) était présent, notamment sur le toit, a-t-on appris de source policière.

"Le directeur de la Border Force a accepté de venir à Calais avec deux collaborateurs pour expliquer la position de son pays: ce qu'il était possible de faire et ce qu'il n'était pas possible de faire", a déclaré le préfet du Pas-de-Calais Denis Robin à l'issue d'une réunion avec les trois représentants de la police britannique aux frontières, deux représentants du groupe de Syriens et des représentants de Médecins du monde et du Secours catholique.

Les officiels britanniques ont affirmé qu'il n'était "pas possible qu'un groupe de personnes entre sur le territoire britannique sans aucun contrôle, sans aucune étude des différents cas", a ajouté le préfet.

Des policiers face aux migrants syriens le 4 octobre 2013 à Calais [Philippe Huguen / AFP]
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Des policiers face aux migrants syriens le 4 octobre 2013 à Calais
 

"Par contre, les représentants de la Border Force ont dit qu'ils étaient ouverts à examiner au cas par cas s'il y avait des ressortissants syriens qui avaient des liens familiaux sur le territoire britannique. Et dans ce cas-là, ils ne sont pas fermés à organiser un regroupement de familles sur leur territoire. Ce qu'ils demandent, c'est que les services français soient capables de faire avec les associations et avec les Syriens ce travail d'expertise au cas par cas", a expliqué Denis Robin.

"Pour (les Syriens), cela a été un choc", a dit Mariam Guerey, salariée du Secours catholique et qui a endossé le rôle d'intermédiaire entre les migrants et les autorités.

"Ils avaient une autre image de l'Angleterre. Pour eux, c'est le rêve. Ils gardent espoir mais les propositions de l'Angleterre ne leur plaisent pas", a-t-elle ajouté. "Ils n'iront nulle part, ils ont peur de partir de leur campement."

Le préfet du Pas-de Calais a précisé que la délégation britannique était repartie, peu de temps après la fin de la réunion qui a duré environ deux heures.

 

'On veut partir immédiatement'

Avant la réunion, M. Robin avait proposé aux Syriens "l'examen en urgence (par l'Ofpra, Office français de protection des réfugiés et apatrides) de demandes d'asile sur le territoire français, en attendant le résultat des discussions (...) avec les autorités britanniques".

Deux réfugiés syriens installés sur le toit d'un bâtiment sur le port de Calais le 4 octobre 2013 [Philippe Huguen / AFP]
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Deux réfugiés syriens installés sur le toit d'un bâtiment sur le port de Calais le 4 octobre 2013
 

Une proposition qui n'avait guère provoqué d'enthousiasme, tant ils redoutent, selon les associations, d'être retenus en France.

Les Syriens, dont une vingtaine poursuivaient vendredi la grève de la faim commencée mercredi, demandent aux autorités françaises de les laisser gagner le Royaume-Uni.

L'évacuation du campement sur la passerelle par une cinquantaine de CRS, prévue tôt vendredi matin, a été interrompue quand deux réfugiés sur le toit du terminal ont menacé de se jeter dans le vide.

"Ils ont perdu leur famille et leur maison. Tarik (l'un des deux) a appris (jeudi) la mort de son frère, dernier membre de sa famille en Syrie", a rapporté Mariam Guerey.

Ils avaient été rejoints dans l'après-midi par deux autres Syriens, mécontents du compte-rendu de la réunion avec la délégation britannique.

Les clandestins syriens avaient accroché sur la passerelle des petites pancartes en carton faisant état de leurs revendications: "Take us to U.K." ("Conduisez-nous au Royaume-Uni") ou "We want to talk to David Cameron" ("Nous voulons parler à David Cameron", le Premier ministre britannique, NDLR).

"Aller en Angleterre nous permettra de demander l'asile pour ensuite ramener en Angleterre nos familles exilées en Egypte", ont-ils ajouté. "On ne veut pas un statut d'asile, on veut partir immédiatement."

 

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