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Quatre exorcistes jugés aux assises

La cité de la Grande Borne, à Grigny dans l'Essonne [Azzedine Oukbi / AFP/Archives] La cité de la Grande Borne, à Grigny dans l'Essonne [Azzedine Oukbi / AFP/Archives]

Quatre personnes, qui se réclament d'un mouvement protestant évangélique, sont jugées depuis lundi aux assises de l'Essonne pour avoir séquestré et torturé une jeune femme, privée de nourriture pour ne pas donner "plus de force" au démon supposé la posséder.

Les quatre accusés comparaissent pour "arrestation, enlèvement et séquestration avec actes de torture ou de barbarie". Ils encourent la prison à perpétuité.

Le procès s'est ouvert avec l'étude de la personnalité des mis en cause, trois hommes et une femme originaires des Antilles, qui se revendiquent de l'Eglise adventiste du 7e jour, un mouvement évangélique qui compte environ 13.000 membres en France.

L'initiateur présumé des sévices, Eric Deron, était le compagnon de la victime à l'époque des faits, qui remontent à mai 2011.

Pour l'ouverture de l'audience, M. Deron, très élégant dans son costume noir, a raconté son engagement au sein de sa congrégation, dont il avait fini par être exclu pour des pratiques jugées non conformes. "J'avais exprimé mon mécontentement vis-à-vis de l'attitude envers les croyants. Je devenais dangereux et dérangeant. J'étais une menace pour le pasteur", a-t-il déclaré calmement, loin de l'image donnée par certains de ses proches: celle d'un illuminé se prenant pour un prophète investi d'une mission divine.

Tout au long de la procédure, les accusés ont toujours revendiqué la sincérité et le bien-fondé de l'exorcisme, affirmant que le démon devait être chassé du corps de la victime, Antoinette M., une jeune Camerounaise qui avait 19 ans à l'époque des faits.

Les experts ayant examiné la personnalité des accusés ont soutenu que ces derniers étaient convaincus que la victime était envoûtée par la sorcellerie vaudou de sa propre mère. "Pour son bien", ils l'avaient privée de nourriture car "sinon le démon aurait eu plus de force".

Pouvoir du démon

Un soir, Antoinette s'était mise à crier des phrases incompréhensibles et aurait essayé de lui sauter dessus pour le frapper. "Au nom de Jésus, sors de ce corps!", avait-il crié, pensant à une une manifestation diabolique.

Après avoir été maîtrisée non sans difficulté, elle aurait finalement accepté d'être exorcisée et pour la protéger d'elle-même, les accusés l'auraient attachée à un matelas.

Antoinette avait été retrouvée après une semaine de calvaire dans un appartement de la cité de la Grande borne à Grigny (Esonne). Son père, sans nouvelles d'elle, avait fini par retrouver sa trace et alerté la police.

Lorsque les policiers pénètrent dans le logement, la jeune femme porte une couche pour adultes sous un caleçon complètement souillé. Elle vient de passer sept jours ligotée dans la position du Christ en croix sur un matelas posé à même le sol, sans rien manger ni boire, si ce n'est un mélange d'huile et d'eau administré par ses bourreaux. Elle a visiblement été frappée et scarifiée, est très affaiblie, en état de choc et présente une maigreur extrême, mais son pronostic vital n'est pas engagé.

Les quatre mis en cause nient toute forme de violence. Interrogés en garde à vue sur les blessures visibles sur le corps de la victime, ils répondent aux enquêteurs qu'elles proviennent du pouvoir du démon.

L'Eglise adventiste du 7e jour compte de nombreux adeptes aux Antilles, mais selon des responsables de cette Eglise, l'exorcisme ne fait pas partie de l'enseignement ou des pratiques des adventistes.

Le procès doit s'achever vendredi.

 

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