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La fracturation hydraulique reste interdite

Extraction de gaz de schiste le 27 avril 2011 à Grzebowilk en Pologne [Janek Skarzynski / AFP/Archives] Extraction de gaz de schiste le 27 avril 2011 à Grzebowilk en Pologne [Janek Skarzynski / AFP/Archives]

Le Conseil constitutionnel a adressé vendredi une fin de non-recevoir aux industriels intéressés par les gaz et pétrole de schiste en France en confirmant l'interdiction de la fracturation hydraulique en vigueur depuis 2011, rendant la loi "incontestable" selon François Hollande.

 

"Avec cette décision, l'interdiction de la fracturation hydraulique est générale et absolue. (...) La loi du 13 juillet (2011) est désormais juridiquement inattaquable", a estimé le ministre de l'Ecologie, Philippe Martin.

La porte est plus que jamais "fermée à double tour" pour les industriels, a estimé en écho l'eurodéputé écologiste José Bové.

Le gaz de schiste, à l'origine d'une révolution énergétique aux Etats-Unis où il est exploité à grande échelle, alimente depuis près de trois ans un débat tendu entre défenseurs de l'environnement et industriels, qui mettent en exergue les réserves potentielles qu'abriterait le sous-sol français.

Le Parlement avait tranché en 2011 en votant une loi interdisant la fracturation hydraulique, la seule technique rodée à disposition des industriels pour rechercher et exploiter ces hydrocarbures. Les permis de recherche nécessitant le recours à cette technique avaient été abrogés.

Extraction de gaz de schiste le 27 avril 2011 à Grzebowilk en Pologne [Janek Skarzynski / AFP/Archives]
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Extraction de gaz de schiste le 27 avril 2011 à Grzebowilk en Pologne
 

La fracturation hydraulique, qui consiste à créer des fissures dans les roches riches en hydrocarbures en injectant à haute pression un mélange d'eau, de sable et d'adjuvants chimiques, est décriée en raison de son impact environnemental et des risques de pollution et d'activité sismique.

La société texane Schuepbach, à l'origine de la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) examinée au Conseil constitutionnel, contestait deux articles de cette loi et notamment la légalité de l'abrogation de ses deux permis de recherches de Nant (Aveyron) et de Villeneuve-de-Berg (Ardèche).

Le Conseil constitutionnel lui a répondu que les dispositions contestées étaient bien "conformes à la Constitution".

A l'audience, le 24 septembre, l'avocat de la société texane avait estimé que l'annulation des permis constituait une application "trop rigoureuse" du principe de précaution. "Il n'existe aucune étude démontrant que la fracturation hydraulique présente le moindre risque", avait affirmé Me Marc Fornacciari.

Le Conseil constitutionnel estime que ce grief ne peut être retenu dans le cas d'une "interdiction pérenne" comme c'est le cas pour la fracturation hydraulique.

"Pas la fin du contentieux"

La société fondée par le géologue suisse Martin Schuepbach avait aussi pointé une éventuelle rupture du "principe d'égalité", en faisant valoir que la fracturation hydraulique est interdite pour le gaz de schiste mais pas pour la géothermie profonde.

L'exploitation du gaz de schiste [ / AFP]
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L'exploitation du gaz de schiste
 

Ce motif a également été rejeté par le Conseil constitutionnel pour lequel la fracturation hydraulique utilisée "pour stimuler la circulation de l’eau dans les réservoirs géothermiques ne présente pas les mêmes risques pour l’environnement".

L'avocat de Schuepbach a rappelé vendredi que cette validation constitutionnelle ne mettait pas fin au contentieux, une procédure étant toujours en cours devant le tribunal administratif de Cergy-Pontoise (région parisienne).

Le secteur pétrolier a pour sa part souhaité que la commission chargée d'étudier la possibilité d'une expérimentation sur le gaz de schiste, prévue par cette même loi, commence ses travaux.

"La loi est validée, appliquons la loi, toute la loi, y compris cette commission", a déclaré à l'AFP Jean-Louis Schilansky, président de l'Union française des industries pétrolières (Ufip).

 
 

Tout en saluant une loi "maintenant incontestable", le président François Hollande a d'ailleurs rappelé que "cette loi prévoit uniquement l'interdiction du gaz de schiste par fracturation hydraulique, elle n'empêche pas la recherche dans d'autres domaines".

France Nature Environnement a pour sa part appelé à une réforme rapide du code minier "pour avoir une code minier du 21e siècle, capable de réguler ce genre de situation". La réforme de ce texte qui régit l'exploitation des sous-sols français doit être présentée par le gouvernement d'ici la fin de l'année.

Greenpeace a pour sa part plaidé pour une interdiction globale du gaz de schiste, une énergie fossile, au nom des "engagements" de la France contre le réchauffement climatique.

 

Le retour en grâce de la fracturation hydraulique ?

 

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