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La semaine de Philippe Labro : l’irréductible Bébel, Astérix le magnifique

Philippe Labro, écrivain, cinéaste et journaliste. [THOMAS VOLAIRE ]
Par Mis à jour le Publié le

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour DirectMatin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

 

LUNDI 14 OCTOBRE 

Premier jour de la 5e édition du Festival Lumière à Lyon; c’est une véritable fête du cinéma qu’organise et supervise très bien Thierry Frémaux (par ailleurs grand maître de la sélection au Festival de Cannes).

En soirée, on assiste à un hommage à Jean-Paul Belmondo. «Bébel» se tient droit et costaud, barbu et rayonnant, devant 4 900 personnes qui lui font une extraordinaire ovation debout (il faudra m’expliquer pourquoi les médias s’obtiennent à utiliser l’expression «standing ovation», lorsque la version française est tout aussi évidente !). Son sourire, comme toujours, est lumineux.

Un vrai soleil. Il est intéressant de constater que c’est Un singe en hiver (avec Jean Gabin) qui fut choisi pour illustrer le talent de Jean-Paul. Ce film est signé d’Henri Verneuil, qu’autrefois, les critiques et cinéastes de la Nouvelle Vague considéraient comme un banal «cinéaste commercial», sous prétexte que ses films avaient du succès. Or, Verneuil, a, non seulement, en effet, tourné des «gros machins» du genre Peur sur la ville ou Le clan des Siciliens (des millions de spectateurs), mais il a, aussi, signé quelques petits chefs- d’œuvre en noir et blanc, comme Des gens sans importance (en 1955 remarquable) ou Le Président (avec Gabin extraordinaire).

Avec le temps et le recul, Verneuil, fils d’immigrés arméniens, devient, en partie grâce au Festival de Lyon, ce que les petits marquis de l’époque appelaient un «auteur», avec un A majuscule. 

Quant à Jean-Paul, mon ami, que j’ai eu deux fois la chance de diriger, si l’on examine sa filmographie, là aussi, on trouve un bel et audacieux mélange de films dits «populaires» et d’autres plus «difficiles». En matière de cinéma, comme en toute autre matière artistique, les étiquettes ne veulent rien dire. Seul compte le talent.

 

MERCREDI 16 OCTOBRE

Ouverture à la BNF à Paris, d’une gigantesque expo consacrée à Astérix. Elle va durer jusqu’au 19 janvier 2014. Là encore, on assistera à un phénomène réjouissant : comment deux inconnus, Goscinny et Uderzo, parviennent à créer un personnage et tout un univers en une BD, qui devient un des plus grands succès de ce genre, aujourd’hui noble : la bande dessinée. 350 millions d’exemplaires vendus dans le monde.

Des personnages (Obélix, Idéfix, Panoramix, Falbala !) qui sont entrés dans notre vie quotidienne.

Goscinny était un véritable génie du scénario. En dehors de sa formidable invention «astérixienne» (si j’ose dire), il fut aussi le créateur du terrible Iznogoud, il contribua au succès de Lucky Luke, et, surtout, il écrivit les textes et dialogues de cette merveille dessinée par l’incroyable Sempé : Le Petit Nicolas.

Lorsqu’il meurt, à 51 ans seulement, Goscinny ne peut imaginer que, malgré sa disparition, ses subtils et sublimes personnages lui survivront. Il y avait, chez cet homme de petite taille, un peu empâté, au visage fendu par un éternel sourire, à la fois ironique et enfantin, des ressources d’humour, sagesse, poésie, finesse, observation grâce auxquelles, aujourd’hui, la très grande Bibliothèque de France, qui rend habituellement hommage à des artistes moins «grand public», va sans doute battre tous ses records de fréquentation.

 

JEUDI 17 OCTOBRE

Dans cette semaine si morose, le triomphe de Belmondo toujours en vie, et de Goscinny (Astérix) disparu mais toujours vivant, constituent une leçon. Il n’y a pas de barrière élitiste pour le talent, lorsqu’il touche à l’universel.

 

Astérix s'invite à la BNF 

Astérix aux enchères 

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