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Attentat de Karachi: la piste financière est "certainement" la bonne, pour Takieddine

Ziad Takieddine à Paris le 14 septembre 2011 [Thomas Samson / AFP/Archives] Ziad Takieddine à Paris le 14 septembre 2011 [Thomas Samson / AFP/Archives]

L'intermédiaire Ziad Takieddine a dit au juge antiterroriste Marc Trévidic sa conviction que l'attentat de Karachi était "certainement" lié à la décision de Paris d'arrêter le versement des commissions sur des contrats d'armement, a appris jeudi l'AFP de source judiciaire.

L'attentat avait fait 15 morts le 8 mai 2002, dont 11 ouvriers français. Le juge Trévidic étudie l'hypothèse selon laquelle cette attaque, plus qu'une action d'Al Qaïda, aurait été commise en représailles à la décision des autorités françaises d'arrêter le versement de commissions.

Sans apporter d'éléments probants, Ziad Takieddine semble priviliégier cette piste, selon son audition du 18 octobre, dont l'AFP a eu connaissance. Cette audition comme témoin avait été réclamée par Me Olivier Morice, avocat de proches de victimes.

Quand le juge l'interroge sur cette hypothèse d'un lien entre l'attentat et l'arrêt du versement des commissions, Ziad Takieddine répond: "Certainement. Allez regarder du côté de ceux qui n'ont pas été payés là-bas."

"C'est une avancée importante. C'est la première fois que M. Takieddine reconnaît qu'il peut y avoir un lien entre cet attentat et l'arrêt du versement des commissions. Le seul problème, c'est qu'on ne sait jamais avec M. Takieddine quand il ment et quand il dit la vérité", a commenté Me Morice, sollicité par l'AFP.

Après avoir longtemps nié être intervenu sur le contrat Agosta de vente de sous-marins au Pakistan, Ziad Takieddine avait concédé en septembre 2012 avoir joué un "rôle" dans la conclusion de cet accord. Il revendique surtout son rôle moteur dans la signature du contrat Sawari II avec l'Arabie saoudite.

Dans son audition, Ziad Takieddine évoque également la décision de la France de passer un contrat d'armement avec l'Inde, grand rival du Pakistan. L'intermédiaire explique qu'"on ne peut pas vendre à un pays des armes de protection et vendre à son ennemi des armes d'attaque", tout en précisant qu'il ne s'agit que de "suppositions".

Il s'épanche également sur sa relation avec le financier Ali Ben Moussalem, qui formait avec lui et Abdulrahmane el Assir le groupe d'intermédiaires intervenu en fin de négociation pour conclure les contrats d'armement Sawari II avec l'Arabie saoudite et Agosta avec le Pakistan.

Ali Ben Moussalem n'avait "aucune relation" avec le Pakistan ou ses services spéciaux, et n'était "jamais de la vie" lié aux milieux islamistes, notamment pakistanais.

Décédé en 2004 en Suisse, Ben Moussalem n'avait pas non plus "à (sa) connaissance" de lien avec la banque Al-Taqwa, soupçonnée par les Nations Unies et la justice suisse d'avoir joué un rôle dans le financement de groupes accusés d'être impliqués dans les attentats du 11-Septembre aux Etats-Unis, a ajouté M. Takieddine. "Jamais d'aucune façon, Ben Moussalem n'a participé à un financement d'Al-Qaïda", contrairement à ce que pense l'administration américaine, insiste-t-il.

Sans préciser comment il a eu connaissance de la scène, Ziad Takieddine raconte de nouveau comment Jacques Chirac aurait annoncé, lors d'une visite en Arabie saoudite en juillet 1996, au prince héritier Abdallah l'arrêt du versement des commissions en lui expliquant que ces contrats avaient servi au financement de la campagne de son rival de droite Edouard Balladur.

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