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L'accouchement à domicile défendu

Des manifestants pour l'accouchement à domicile, à Nice, le 26 octobre 2013 [Valery Hache / AFP] Des manifestants pour l'accouchement à domicile, à Nice, le 26 octobre 2013 [Valery Hache / AFP]

Des rassemblements ont eu lieu samedi dans plusieurs villes de France pour défendre l'accouchement à domicile, menacé selon les participants par le coût "prohibitif" des assurances exigées des sages-femmes.

"Nos sages-femmes assurent, assurez-les", réclamaient sur des banderoles une majorité de jeunes parents et quelques sages-femmes, accompagnés d'enfants en bas âge portant pour certains des bavoirs ou T-shirts "né à la maison".

Ils étaient notamment plus de 300 à Bordeaux, une cinquantaine à Paris, Toulouse, Périgueux et Nice, une trentaine à Lille, une vingtaine à Angoulème, ont constaté des journalistes de l'AFP. A Anglet (Pyrénées-Atlantiques), près de 150 parents et enfants ont participé à un pique-nique en musique, près de la plage de la Chambre d'Amour.

A Bordeaux, Isabelle Députier, sage-femme de 50 ans qui a "accouché" à domicile quelque 950 enfants en dix ans d'exercice en libéral, a déploré des "tarifs d'assurance aberrants comparés aux autres pays européens".

"Ils nous mettent sous le régime des gynécologues-obstétriciens alors que nous ne sommes pas du tout dans la même catégorie de risque: on ne fait pas de césarienne par exemple", a souligné à Toulouse Floor Pol, sage-femme de 24 ans.

"Leur métier est en danger, donc le choix du lieu de l'accouchement est remis en cause pour les familles", a estimé à Nice Lauranne Raynaut, 29 ans, qui veut accueillir son second enfant "dans l'intimité" de son foyer.

Des manifestants pour l'accouchement à domicile, à Paris, le 26 octobre 2013 [Thomas Samson / AFP]
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Des manifestants pour l'accouchement à domicile, à Paris, le 26 octobre 2013
 

Créé en septembre sur Facebook, le "Mouvement national pour le droit de choisir son lieu d'accouchement" entend "mettre le sujet dans le camp des politiques, pour que les sages-femmes pratiquant l'accouchement à domicile puissent s'assurer à un tarif abordable", a déclaré à Paris une de leurs porte-paroles, Nour Guerroudj. Elle-même a accouché deux fois chez elle, avec une sage-femme qu'elle savait dépourvue d'assurance.

Depuis 2002, les sages-femmes sont obligés de s'assurer mais les tarifs proposés par les assureurs pour l'accouchement à domicile (AAD) atteignent, "pour les moins chères, 19.000 euros" alors que "le revenu annuel d'une sage-femme est estimé à 24.000 euros", selon le mouvement, qui réclame en conséquence "une aide des pouvoirs publics".

Jean-Claude, sage-femme belge de 55 ans présent à Lille, a expliqué qu'il paie en Belgique "moins de 1.000 euros" d'assurance par an, et qu'il se retrouve sollicité par de futures mères habitant le Nord de la France, où il n'y a presque plus de sages-femmes pratiquant l'AAD.

Le mouvement a également lancé une pétition sur internet et envoyé des courriers aux parlementaires et ministres, car il s'alarme que le ministère de la Santé ait récemment demandé au Conseil national de l'ordre des sages-femmes (CNOSF) de rappeler cette obligation. Celui-ci a chargé ses conseils départementaux d'une enquête pour savoir combien de sages-femmes libérales pratiquent l'AAD et si elles sont assurées.

En cas de plainte, les sanctions encourues pour défaut d'assurance sont de 45.000 euros d'amende, et la radiation.

 
 

Les accouchements à domicile sont marginaux, estimés à défaut de chiffres précis entre 1.000 et 4.000 par an, assistés d'une soixantaine de sages-femmes.

 

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