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CGT : double défi pour Lepaon

Le secrétaire général de la CGT, le 3 octobre 2013 à Montreuil, dans la banlieue parisienne [Bertrand Guay / AFP/Archives] Le secrétaire général de la CGT, le 3 octobre 2013 à Montreuil, dans la banlieue parisienne [Bertrand Guay / AFP/Archives]

Sept mois après son élection à la tête de la CGT, Thierry Lepaon est encore confronté à la difficile tâche de réorganiser la direction et de définir une stratégie pour relancer le syndicat dont l'appel à la mobilisation est peu entendu et auquel le gouvernement "préfère" la CFDT.

Pour la première fois depuis le congrès de mars, qui avait mis fin à une longue crise de succession, la nouvelle direction est finalement parvenue à se mettre d'accord sur un organigramme définissant la responsabilité de chacun à l'intérieur de la "maison confédérale". Il sera soumis à la validation du Comité confédéral (CCN, "parlement" de la CGT) les 6 et 7 novembre.

"On a fait un sacré boulot. Préciser les responsabilités n'a pas été simple", relève auprès de l'AFP un cadre dirigeant. Les dix membres du bureau confédéral, parmi lesquels d'anciens rivaux à la succession de Bernard Thibault, se voient attribuer des missions précises.

L'organigramme, qui définit notamment des "espaces" - vie syndicale, espace revendicatif, international/Europe, économie, etc. - avec un "référent politique" à la tête de chacun, permet une "meilleure coordination de la direction", selon ce cadre.

"La CGT va bien", il y a eu des "dysfonctionnements" internes "qu'on essaie de réduire", affirmait récemment M. Lepaon en misant sur la réorganisation en cours.

"Cet organigramme n'est qu'une apparence pour montrer que des choses avancent", affirme cependant une source interne. "Pas beaucoup de choses ont bougé depuis le congrès", a dit à l'AFP cette source, pour laquelle le nouveau numéro un n'a pas réussi à sanctuariser la prééminence des organes élus et empêcher une multiplicité des centres de décisions.

"La légitimité de Thierry Lepaon n'est pas contestée mais elle n'est pas établie. Il ne s'est pas encore installé comme patron de la maison", estime auprès de l'AFP Bernard Vivier, directeur de l'Institut Supérieur du Travail. Selon lui, "il y a un manque de pilotage d'ensemble: on procède par touches mais on ne structure pas une action confédérale".

Exercice d'équilibriste

Le contexte est difficile: la rentrée sociale que la CGT espérait chaude s'est révélée pour le moins tiède. La mobilisation contre la réforme des retraites, à l'appel notamment de la CGT et de FO, n'a pas eu "le résultat escompté", a reconnu M. Lepaon.

Le refus de la CGT de deux réformes sociales phare - marché de l'emploi et retraites - et ses critiques sévères à l’encontre des "mauvaises mesures" du gouvernement et de sa "sensibilité" aux demandes du patronat, ont renforcé son image de syndicat enfermé dans la protestation.

Mais M. Lepaon insiste sur le rôle de la CGT comme "force de propositions" et dénonce la vision "simpliste" qui divise le syndicalisme français en deux camps: les réformistes autour de CFDT, les contestataires avec la CGT.

Il reproche à Jean-Marc Ayrault d'avoir fait de la CFDT "son partenaire privilégié". "Quand on est Premier ministre, on doit traiter à égalité tous les partenaires sociaux, ce qui n’est pas le cas", a-t-il dit aux Échos.

"La CGT est dans un difficile exercice d'équilibriste: elle ne veut pas s'isoler dans un syndicalisme protestataire" et donc "pas couper les relations avec la CFDT", mais en même temps souhaite "ne pas désespérer sa base sociale tentée par les extrêmes", relève une étude du réseau Entreprise et personnel.

"Thierry Lepaon est sincère dans sa volonté de faire évoluer le syndicat" mais "je doute fortement qu'à l'intérieur de la CGT les conditions soient réunies", estime M. Vivier.

Le leader de la CGT insiste sur le danger de la division syndicale au moment où la "gangrène" de l'extrême droite, selon lui, "s'installe dans les entreprises". "Je passe mon temps à dire à mes homologues: essayons de trouver des points communs, construire un rapport de force", a-t-il déclaré mardi sur RMC/BFM TV.

De son côté, le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, estimait récemment qu'il y avait "un désaccord syndical" entre les deux grandes centrales, mais "pas de rupture". Toutefois, "la CFDT n'attendra pas l'illusion d'unité syndicale pour agir concrètement pour les salariés", assurait-il.

 

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