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Garde à vue prolongée de 24h pour Dekhar

Photo tirée de l'émission "Faites entrer l'accusé" montrant Abdelhakim Dekhar durant sa garde à vue en 1994 Photo tirée de l'émission "Faites entrer l'accusé" montrant Abdelhakim Dekhar durant sa garde à vue en 1994 [ / 17 Juin Media/AFP/Archives]

Abdelhakim Dekhar, arrêté pour tentatives d'assassinats à Libération, BFMTV et La Défense, est entendu par les enquêteurs, après avoir laissé des écrits dans lesquels cet homme déjà au coeur d'un fait divers marquant des années 90 évoque un "complot fasciste" et fustige les médias.

 

Le tireur parisien présumé, 48 ans, est en garde à vue depuis mercredi soir, également pour "enlèvement et séquestration" d'un automobiliste pris brièvement en otage lundi en marge de ses attaques, a annoncé jeudi le procureur de la République de Paris, François Molins. Sa garde à vue, qui peut durer en tout 48 heures, a été prolongée jeudi d'un jour.

Interpellé dans un "état semi-conscient" après une prise de médicaments qui laisse penser à une tentative de suicide, Abdelhakim Dekhar peut désormais être interrogé par les enquêteurs, a précisé le magistrat lors d'une conférence de presse.

L'homme se trouvait jeudi après-midi dans les locaux de la brigade criminelle, dans le centre de Paris, selon une source proche du dossier.

Ultra-gauche française

Montage de deux portraits d'archives de Florence Rey le 5 octobre 1994, et de Audry Maupin durant l'été 1993  [- / Préfecture de police de Paris/AFP/Archives]
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Montage de deux portraits d'archives de Florence Rey le 5 octobre 1994, et de Audry Maupin durant l'été 1993
[- / Préfecture de police de Paris/AFP/Archives]
 

Abdelhakim Dekhar n'est pas inconnu de la police: il a été condamné en 1998 à quatre ans de prison, peine réalisée durant sa détention provisoire, pour avoir acheté le fusil à pompe qui avait servi à Florence Rey et Audry Maupin en 1994. L'équipée sanglante de ce jeune couple dans Paris avait fait cinq morts: trois policiers, un chauffeur de taxi et Audry Maupin.

C'est aussi avec un fusil à pompe qu'Abdelhakim Dekhar, personnage complexe venu de l'ultra-gauche française des années 90, a fait reparler de lui, en attaquant vendredi 15 novembre le siège de BFMTV, dans le sud-ouest de Paris, sans toutefois ouvrir le feu.

Trois jours plus tard, il passait à l'acte à Libération, blessant très grièvement, toujours avec une arme de calibre 12, un jeune assistant photographe du quotidien dont l'état s'est depuis amélioré. Il enchaînait en tirant contre une banque à La Défense, sans faire de victime, puis en prenant en otage un automobiliste pour se faire conduire sur les Champs-Elysées, déclenchant une chasse à l'homme dans la capitale.

Des "tendances affabulatoires"

Infographie sur le parcours du tireur de "Libération" Abdelhakim Dekhar des années 90 à son arrestation [ / AFP]
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Infographie sur le parcours du tireur de "Libération" Abdelhakim Dekhar des années 90 à son arrestation
[ / AFP]
 

Jeudi matin, le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a fait état d'un ou plusieurs "courriers" trouvés par les enquêteurs. Dans ces écrits, selon le procureur de Paris, le suspect évoque un "complot fasciste" et fustige la "gestion des banlieues", le "capitalisme", mais aussi le rôle des médias dans la "manipulation des masses".

Dans une lettre, il évoque les conflits du monde arabe, selon une source proche du dossier, tandis qu'une autre source mentionne des écrits "confus".

Contacté par l'AFP, son avocat, Rémi Lorrain, s'est refusé à tout commentaire.

François Molins a rappelé que l'expertise psychiatrique faite au moment de l'affaire Rey-Maupin avait mis en exergue ses "tendances affabulatoires", mais pas de "grain de folie".

Le magistrat a mis en avant le rôle "particulièrement déterminant" de l'appel à témoin lancé dès lundi, avec diffusion d'images du suspect extraites de la vidéosurveillance, qui a abouti au témoignage "décisif".

Abdelhakim Dekhar a été dénoncé par un homme qui l'hébergeait depuis juillet et qui s'est présenté mercredi au commissariat de Courbevoie, en banlieue parisienne, pour "révéler qu'il connaissait l'homme dont il avait vu les clichés photographiques diffusés dans la presse", a expliqué le procureur. Le tireur présumé a rapidement été interpellé dans un véhicule garé dans un parking souterrain dans la ville voisine de Bois-Colombes.

D'après ce témoignage, les deux hommes s'étaient rencontrés il y a 13 ans à Londres, où Abdelhakim Dekhar travaillait dans un restaurant. Lors de ses séjours à Paris, le suspect se rendait parfois chez cet homme.

Selon une source proche de l'enquête, Abdelhakim Dekhar aurait confié à son hébergeur, rentré de voyage le jour de l'attaque à Libé: "J'ai fait une connerie."

Le président François Hollande a salué "l'efficacité" des enquêteurs, qui ont recueilli des centaines de témoignages. Le directeur de publication de Libération, Nicolas Demorand, a de son côté fait part de son "soulagement immense".

 

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