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Tirs à Paris : Dekhar évoque un "complot fasciste"

L'homme qui aurait grièvement blessé un photographe au siège de Libération à un arrêt de tramway à Paris, le 18 novembre 2013 [ / AFP/Archives] L'homme qui aurait grièvement blessé un photographe au siège de Libération à un arrêt de tramway à Paris, le 18 novembre 2013 [ / AFP/Archives]

Après l'arrestation mercredi soir du tireur de Libération, confondu par son ADN, les enquêteurs vont maintenant tenter de cerner ses motivations, notamment en exploitant des écrits "confus" laissés par Abdelhakim Dekhar, déjà au coeur d'un fait divers emblématique des années 90.

 

Abdelhakim Dekhar est en garde à vue depuis mercredi soir pour "tentatives d'assassinats", "enlèvement et séquestration", a annoncé jeudi le procureur de la République de Paris.

Dans ses écrits, il évoque un "complot fasciste", "le capitalisme", "la gestion des banlieues" et accuse les médias de participer à la "manipulation des masses", a également indiqué le procureur.

L'appel à témoins, avec diffusion d'images du suspect, a été "particulièrement déterminant", tandis que les analyses des traces ADN trouvées sur des scènes de crime ont permis de confirmer durant l'enquête "la thèse d'un auteur unique", a ajouté François Molins lors d'une conférence de presse.

La traque, qui a mobilisé pendant trois jours l'ensemble de la brigade criminelle, a pris fin dans un parking souterrain de Bois-Colombes, dans la banlieue ouest de Paris. Dekhar, la cinquantaine, y a été trouvé dans une voiture, dans un état "semi-inconscient", dans ce qui semble être une tentative de suicide.

Les enquêteurs ont pu retrouver sa trace grâce au témoignage d'un homme qui l'hébergeait, qui a eu des "doutes" et des "inquiétudes", a expliqué Christian Flaesch, le patron de la PJ, lors d'une conférence de presse à 01H00 du matin, au côté du ministre de l'Intérieur Manuel Valls.

Montage de deux portraits d'archives de Florence Rey le 5 octobre 1994, et de Audry Maupin durant l'été 1993  [- / Préfecture de police de Paris/AFP/Archives]
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Montage de deux portraits d'archives de Florence Rey le 5 octobre 1994, et de Audry Maupin durant l'été 1993
 

Le suspect n'est pas un inconnu: son nom est intimement lié à l'affaire "des tueurs de la Nation", cette équipée sanglante de deux jeunes gens, Florence Rey et Audry Maupin, qui avait fait cinq morts -trois policiers, un chauffeur de taxi et Maupin lui-même- le 4 octobre 1994 à Paris.

Abdelhakim Dekhar, qui gravitait dans l'entourage du couple, habitué à l'époque des squats fréquentés par la gauche radicale, avait été condamné en 1998 à 4 ans de prison pour avoir fourni l'arme dans cette affaire. Il est décrit par ses anciens avocats comme "énigmatique" et "étrange".

Placé en garde à vue médicalisée, il n'a pu être immédiatement interrogé mais devait l'être dans "les heures qui viennent", "dès que son état le permettra", selon une source proche de l'enquête.

Des policiers le 20 novembre 2013 à l'entrée du parking de Bois-Colombes où l'homme suspecté d'être le tireur parisien a été repéré [Kenzo Tribouilllard / AFP]
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Des policiers le 20 novembre 2013 à l'entrée du parking de Bois-Colombes où l'homme suspecté d'être le tireur parisien a été repéré
 

Manuel Valls a fait état jeudi matin sur RTL d'un ou plusieurs "courriers" retrouvés par les enquêteurs. Il n'a pas donné de détails sur leur contenu, soulignant qu'il appartenait à la justice de "donner progressivement tous ces éléments, pour non seulement comprendre ce qui s'est passé, mais surtout connaître les motivations de cet individu".

 

Des questions

Son passé et la durée de sa cavale soulèvent aussi un certain nombre de questions. Par exemple, comment un homme déjà condamné, passé entre les mains de la police 20 ans plus tôt, a-t-il pu échapper aussi longtemps aux enquêteurs?

Image de caméra de surveillance diffusée par la préfecture de police de Paris de l'auteur présumé des tirs à Libération et à La Défense [ / Préfecture de police de Paris/AFP]
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Image de caméra de surveillance diffusée par la préfecture de police de Paris de l'auteur présumé des tirs à Libération et à La Défense
 

Le ministre de l'Intérieur a tenté une première explication dans la nuit, avançant qu'il était "probablement parti à l'étranger" pendant plusieurs années -en Angleterre, selon une source proche du dossier-, après sa condamnation en 1998, raison pour laquelle il n'apparaissait pas sur les "fichiers" de la police et de la justice.

Les enquêteurs, dont le président François Hollande a salué jeudi "l'efficacité", avaient lancé un appel à témoins dès lundi soir et diffusé des images extraites de la vidéosurveillance montrant le tireur. Ils avaient ensuite recueilli des centaines de témoignages.

Le recueil de son ADN sur les différentes scènes de crime a également permis aux enquêteurs d'acquérir la certitude qu'un seul et même homme était bien l'auteur de l'attaque de lundi à Libération, où un assistant photographe a été grièvement blessé, des tirs qui avaient suivi à La Défense, sans faire de victime, ainsi que de la prise d'otage d'un automobiliste dans la foulée.

Ils sont également persuadés que c'est le même homme qui a fait irruption vendredi dernier au siège de BFMTV, menaçant un de ses rédacteurs en chef.

 

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