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Condamné pour avoir violé le secret du délibéré, il plaide l'honnêteté

Panneau indiquant l'entrée d'une cour d'assises [Philippe Huguen / AFP/Archives] Panneau indiquant l'entrée d'une cour d'assises [Philippe Huguen / AFP/Archives]

Un ancien juré qui avait sciemment violé le secret du délibéré a été condamné jeudi à deux mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Meaux (Seine-et-Marne).

"Malheureusement, je m'y attendais un peu. Je n'ai pas de colère, je suis simplement écrasé par un système", a déclaré Thierry Allègre, chef cuisinier de 44 ans originaire d'Agen (Lot-et-Garonne) et qui travaille à Paris.

"Je suis allé au bout de mon combat. Si je suis entendu tant mieux, sinon dommage, mais je ne regrette pas d'être honnête", a-t-il poursuivi. Lors de son procès en octobre, le procureur avait requis trois mois de prison avec sursis.

En novembre 2010, Thierry Allègre avait été tiré au sort pour être juré d'assises à Melun (Seine-et-Marne), pour juger un homme accusé d'un viol sur mineur.

Dans sa plaidoirie, la défense évoque la possibilité de voter blanc, une éventualité qui existe et qui bénéficie au mis en cause lors du décompte des voix. Mais, au début du délibéré, la présidente de la cour d'assises fait savoir qu'elle ne veut pas de bulletin blanc. Finalement, l'homme jugé écopera de cinq ans de prison, dont deux avec sursis.

Tiraillé par sa conscience, Thierry Allègre écrit début 2011 une lettre à la magistrature, restée sans réponse, dénonçant les infractions sur le vote blanc et un vote à main levée au commencement du délibéré à la demande de la magistrate professionnelle, ce qui est interdit.

Car, selon lui, si le vote blanc n'avait été pas écarté lors des débats, la majorité qualifiée n'aurait pas été atteinte et l'accusé serait aujourd'hui libre.

Brisant l'article 304 du code de procédure pénale qui impose aux jurés "de conserver le secret des délibérations", Thierry Allègre décide de dévoiler, dans un entretien de presse, les infractions commises, selon lui, par la présidente de la cour, aujourd'hui à la retraite.

Lors de son procès, M. Allègre a dénoncé la mainmise des jurés professionnels lors des délibérés et l'impréparation des jurés populaires, ce qu'il a redit jeudi dans la salle des pas perdus du tribunal de Meaux.

"Aux milliers de jurés, je dis: vous avez le droit de voter blanc et personne ne peut vous dire le contraire. Si vous vous apercevez qu'il y a des manipulations et des lois qui sont bafouées, n'hésitez pas et faites comme moi, levez-vous et criez!"

Interrogés par l'AFP, ses avocats étudient la possibilité de faire appel de la décision du tribunal.

 

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