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Braquage dans la Marne : y a-t-il eu légitime défense ?

Devanture de la bijouterie où un braqueur a été tué, le 29 novembre 2013 à Sézanne (Marne) [Alain Julien / AFP] Devanture de la bijouterie où un braqueur a été tué, le 29 novembre 2013 à Sézanne (Marne) [Alain Julien / AFP]

La justice cherchait vendredi à déterminer si le bijoutier de Sézanne (Marne), en garde à vue après avoir tué un braqueur récidiviste, avait agi en état de légitime défense. Près de 200 personnes ont manifesté leur appui au commerçant devant sa boutique.

 

"Il y a un choc profond ressenti par la population locale qui n'est pas habituée à cette violence", a déclaré le maire UMP, Philippe Bonnotte, qui a participé en milieu de journée à cette manifestation spontanée avec des membres du conseil municipal et des commerçants de cette localité de 5.500 habitants à 80 km au sud de Reims.

Le maire de Sézanne s'est cependant dit "rassuré" par les propos du procureur de Châlons-en-champagne, Christian de Rocquigny, décrivant les circonstances des tirs lors d'une conférence de presse.

"Je doute que le commerçant soit incarcéré", a estimé le magistrat, même si, a-t-il insisté, l'enquête doit encore déterminer si le bijoutier avait agi en "état de légitime défense".

Le parquet de Châlons-en-Champagne devrait se dessaisir au profit du pôle de l'instruction de Reims et une information judiciaire doit être ouverte samedi matin, a dit M. de Rocquigny.

Des policiers près de la bijouterie où un braqueur a été tué, le 28 ovembre 2013 à Sézanne (Marne) [Hervé Oudin / AFP]
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Des policiers près de la bijouterie où un braqueur a été tué, le 28 ovembre 2013 à Sézanne (Marne)
 

D'ici là, le commerçant devrait voir sa garde à vue pour "meurtre" prolongée de 24 heures.

Le bijoutier a tiré "à quatre reprises" avec "un Glock", un pistolet automatique de calibre 9 mm, sur un braqueur de 36 ans, condamné notamment deux fois pour "vol avec arme", par la cour d'assises des mineurs des Yvelines et la cour d'assises du Val-de-Marne, a déclaré M. de Rocquigny à la presse.

Le braqueur était "sorti de prison le 24 juin 2010, dans le cadre d'une libération conditionnelle", a indiqué le procureur à l'AFP.

Le bijoutier, qui avait "une autorisation préfectorale" pour ce pistolet, a tiré "alors que le malfaiteur tentait de se saisir de l'arme (du bijoutier ndlr), lors d'un corps à corps", a-t-il précisé.

Les déclarations du commerçant ont été confirmées par le visionnage de la caméra placée à l'intérieur de la boutique, a indiqué le procureur.

Selon les premiers éléments de l'enquête, le malfaiteur est entré jeudi vers 16H30 dans la bijouterie, le "visage découvert" mais portant "des gants et un bonnet" et tenant à la main un sac en plastique qui contenait son arme sans munitions, de type gomme cogne, a expliqué le magistrat.

D'abord à l'étage, le joaillier est descendu une arme dissimulée dans son dos, son épouse et lui se méfiant du comportement "un peu bizarre" de ce client qui demandait à voir plusieurs bijoux, a-t-il poursuivi.

Le malfaiteur a alors "sorti une arme, l'a pointée au niveau du visage du commerçant, le poussant au fond du commerce", puis a tenté de se saisir de l'arme du bijoutier, qui a tiré, a raconté le procureur.

 
"Un ou deux complices", qui attendaient à l'extérieur, ont pris la fuite à bord d'une voiture qui était garée en double file et étaient activement recherchés par les gendarmes de la section de recherches de Reims, qui ont déclenché le plan Epervier, et lancé un appel à témoins (03 26 68 64 32).
 

Cinquième attaque selon l'épouse

Le commerçant est "en état de choc, légitimement. Il a tué quelqu'un, il le reconnaît", a souligné le procureur.

Entendue comme témoin par les enquêteurs, l'épouse du joaillier a déclaré que cette attaque était la cinquième. Le procureur a confirmé un braquage en août 2012 dans le commerce.

D'après Foucauld Toulemonde, poissonnier à Sézanne joint jeudi par l'AFP, la femme du bijoutier "était traumatisée" depuis le précédent braquage et la boutique avait été "(refaite) à fond" et équipée de caméras et d'un sas de sécurité.

Outre la manifestation, d'autres soutiens au bijoutier se sont fait jour. Une page Facebook " Soutiens au bijoutier de Sézanne #LesFrançaisEnOntMarre", créée dès jeudi soir, dépassait vendredi à 11H00 les 20.000 "likes". Les internautes commentaient notamment "Assez de ce laxisme d'Etat et de Taubira" ou "tolérance zéro pour les braqueurs".

L'affaire de Sézanne, après celle survenue en septembre à Nice, soulève à nouveau la question du recours à l'autodéfense et de sa légitimité au regard de la loi. Le bijoutier niçois, Stephan Turk, avait tué un des braqueurs qui venaient de le dévaliser lors de sa fuite en scooter. M. Turk a été mis en examen pour homicide volontaire et assigné à résidence sous bracelet électronique.

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