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Afrique: Védrine fait 15 propositions pour que la France regagne des parts de marché

Hubert Védrine, le 14 novembre 2012 à l'Elysée à Paris [Lionel Bonaventure / AFP/Archives] Hubert Védrine, le 14 novembre 2012 à l'Elysée à Paris [Lionel Bonaventure / AFP/Archives]

Faciliter l'obtention de visas par les hommes d'affaires africains, mobiliser la diaspora africaine, sécuriser l'investissement français: l'ex-ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine a présenté mercredi des propositions pour inverser la tendance au recul de la France sur les marchés en pleine croissance de l'Afrique.

"Le diagnostic est évidemment sévère: la France perd des parts de marché dans toutes les zones où elle était fortement implantée pour des raisons historiques et elle n'en gagne presque pas ailleurs", a déclaré M. Védrine à l'AFP.

"Entre 2000 et 2011, la part de marché de la France au Sud du Sahara a décliné de 10,1% à 4,7%", constate un rapport qu'il présente à l'occasion d'un forum franco-africain organisé par le ministère de l'Economie et le Medef, avant un sommet prévu en fin de semaine à l'Elysée.

Cette baisse cache néanmoins une très forte hausse des exportations françaises vers l’Afrique subsaharienne, "ce qui signifie que la France a d’ores et déjà bénéficié de la croissance africaine", notent les auteurs du rapport parmi lesquels figurent le banquier d'affaires franco-béninois Lionel Zinsou et le dirigeant d’entreprise franco-ivoirien Tidjane Thiam.

Les exportations françaises vers l’Afrique subsaharienne sont passées de 6,3 milliards de dollars en 1990, à 7,7 milliards en 2000 et 17,5 milliards en 2011, note le rapport rédigé à la demande du ministre de l'Economie, Pierre Moscovici.

Quant à la contraction des parts de marché, "l'explication saute aux yeux", estime M. Védrine.

"En dehors des problèmes de la France partout, c'est-à-dire le manque de compétitivité, l'installation depuis longtemps en Afrique a créé des rentes de situation pour des entreprises qui se croyaient un peu chez elles", et ont soudain été dépassées par des sociétés chinoises, turques, indiennes ou brésiliennes.

"C’est surtout la Chine qui s’est imposée en une vingtaine d’années comme le principal partenaire économique du continent africain" et sa part de marché y est passée de moins de 2% en 1990 à plus de 16% en 2011, constate le rapport.

Mais, si la France double ses exportations vers le continent africain en cinq ans, elle peut, selon les auteurs, créer chez elle quelque 200.000 emplois.

Parmi quinze propositions, la mission suggère de "rénover les procédures de visas économiques et leur mise en oeuvre".

Les témoignages sont sévères: "tous les acteurs économiques français et africains rencontrés par la mission lui ont fait part des difficultés systématiques pour l’obtention de visas, la lourdeur bureaucratique des procédures et les vexations subies".

"La faible efficacité du dispositif français (vétusté du système d’information, délais de traitement, absence de démarche à distance…), les délais accordés, le manque d’égards et de transparence unanimement décriés, témoignent à la fois d’un désintérêt pour l’économie africaine et d’un manque de compréhension du visa comme arme économique", poursuit le rapport de près de 200 pages.

M. Védrine appelle par ailleurs à "relancer les relations administratives et politiques de haut niveau de l'Etat français vers le continent africain" et à "mieux associer la diaspora africaine et les collectivités locales à la politique économique africaine de la France".

Il invite Paris à attirer les capitaux africains et à drainer l’épargne des diasporas vers l’investissement en Afrique.

"Il se crée des fonds" africains, souligne M. Védrine. "On n'y pense pas maintenant parce qu'on a plutôt en tête les investissements chinois ou qatari mais nous pensons que c'est l'avenir", commente-t-il.

Les propositions, dont certaines sont très concrètes, concernent aussi l'éducation. La mission suggère d'"établir des frais d'inscription significatifs pour les étudiants étrangers en France" et d'"en diriger le produit, partiel ou total, vers un programme de bourses d'excellence, dont la priorité sera donnée au continent africain".

Le but de la mission était "d'aborder les choses sous l'angle économique", a expliqué l'ancien ministre. "Les Africains, notamment toute la zone francophone, sont un peu las des polémiques franco-françaises sur la politique africaine de la France", a-t-il ajouté.

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