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Fillette adoptive maltraitée : 12 ans pour la mère, le père acquitté

Une mère adoptive condamnée à 12 ans de réclusion criminelle pour mauvais traitements sur son enfant, le père acquitté [Philippe Huguen / AFP/Archives] Une mère adoptive condamnée à 12 ans de réclusion criminelle pour mauvais traitements sur son enfant, le père acquitté [Philippe Huguen / AFP/Archives]

Au terme de deux semaines de débats intenses, la mère adoptive d'une fillette a été reconnue coupable en appel mercredi de mauvais traitements sur son enfant et condamnée à une peine de 12 ans de réclusion criminelle, tandis que le père a été acquitté.

Jugée pour "actes de torture et de barbarie" sur la petite fille K., âgée aujourd'hui de dix ans, Malika Campin, 52 ans, a été condamnée pour "violences volontaires ayant entraîné une infirmité permanente", après requalification des faits par la cour d'assises des Hauts-de-Seine.

L'accusée, une femme menue de 52 ans un temps animatrice scolaire, s'est effondrée à l'énoncé du verdict. "J'en ai marre de cette justice. J'aime ma fille, c'est horrible", a-t-elle hurlé.

La cour lui a également retiré son autorité parentale sur K., désormais placée dans une famille d'accueil.

En première instance, la cour d'assises des Yvelines avait déjà prononcé une peine de 12 ans de prison à son encontre.

"Cela prouve que la justice peut condamner quand elle ne sait pas. C'est très dur", a réagi Me Antoine Vey, collaborateur de Me Eric Dupond-Moretti, conseil de Malika Campin. Il a indiqué que sa cliente allait se pourvoir en cassation.

Le ténor du barreau de Lille a tenté, tout au long des débats, de jeter le doute dans l'esprit des jurés.

"Les médecins ont tous donné des versions différentes. Il n'y a aucune preuve de maltraitance, rien dans les tests psychologiques pratiqués chez l'enfant qui, selon vous, a été victime des pires sévices", avait-il plaidé.

Le parquet avait de son côté requis quinze ans de prison à l'encontre des deux époux, estimant que Pascal Campin "ne pouvait ignorer la réalité de la situation".

"Nous sommes satisfaits de la décision qui reconnaît la maltraitance, mais je me pose des questions sur le fait qu'on ait une fois de plus innocenté le père", a relevé Me Florence Barthes, avocate de l'association Enfance et Partage, partie civile dans ce dossier.

"Déferlement incontrôlable d'agressivité"

Durant toute l'audience, tout comme au cours du premier procès et de l'instruction, les deux époux, parents biologiques d'un garçon d'une dizaine d'années, ont plaidé leur innocence. Selon eux, les lésions de la fillette ont été causées par une maladie rare ou par une combinaison de pathologies.

L'affaire Campin avait débuté en 2007 après un signalement de l'hôpital Necker à Paris, où la fillette avait été hospitalisée à quatre reprises en deux mois. Son corps présentait de nombreuses lésions, ainsi que plusieurs fractures. Elle a aussi perdu l'usage de l'oeil droit.

L'équipe médicale avait soupçonné des actes de maltraitance après avoir constaté que ces troubles ne réapparaissaient pas lors d'une hospitalisation prolongée de l'enfant.

Plus d'une quarantaine d'experts et de médecins ont défilé à la barre.

L'hypothèse d'un syndrome de Munchausen par procuration, une affection rare, qui touche d'ordinaire les mères, a été mise en avant. Cette maladie se caractérise par de graves sévices portés à un enfant par un adulte, qui provoque volontairement des blessures afin d'attirer l'attention sur ses propres souffrances. Mais la grande majorité des experts a rejeté un tel scénario, évoquant "un déferlement incontrôlable d'agressivité" de la mère pour expliquer les violences.

Au début du procès, le père adoptif, un ingénieur diplômé de HEC aux allures d'adolescent avec son pull et ses chaussures de couleur vive, avait déploré que lui et son épouse, une "super mère" n'aient jamais été considérés "présumés innocents".

Malika Campin avait, elle, longuement insisté sur sa passion pour les enfants.

 

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