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Le procès sur les vins contrefaits se termine à New York

L'entrée de la Cour fédérale à New York le 10 décembre 2013 [Stan Honda / AFP/Archives] L'entrée de la Cour fédérale à New York le 10 décembre 2013 [Stan Honda / AFP/Archives]

Le procès du collectionneur de vins Rudy Kurniawan s'est terminé mardi soir à New York, la défense mettant toute son énergie à convaincre que l'accusé n'avait jamais voulu tromper personne avec ses vins contrefaits vendus pour des millions de dollars.

Les jurés, qui vont décider de la culpabilité ou non de Kurniawan, un Indonésien un temps considéré comme l'un des plus grands experts au monde, commenceront leurs délibérations mercredi.

Kurniawan "voulait faire partie du club" des collectionneurs et experts de vins rares, a plaidé mardi son avocat Jerome Mooney. Il achetait des milliers de bouteilles de grands vins par an, et avec de telles quantités, "il allait commencer à acheter de fausses bouteilles", a-t-il ajouté, affirmant que dans ce monde des grands crus anciens, qui se vendent parfois des milliers de dollars la bouteille, la contrefaçon était "endémique".

"Il n'est pas assez éduqué pour voir la différence", insiste l'avocat.

Comment alors expliquer les bouchons anciens, les milliers de fausses étiquettes, les capsules, les formules de mélange de vins, les tampons, la cire, les cahiers de notes retrouvés chez Kurniawan en Californie, dans une maison transformée selon l'accusation en laboratoire de contrefaçon? Pourquoi les bouteilles anciennes récupérées avec soin?

"Il ne le faisait pas pour tromper les gens", affirme Jerome Mooney. "Il voulait améliorer" certains des vins qu'il achetait. "Il aurait dû savoir que ce n'était pas la chose à faire", concède-t-il, affirmant que Kurniawan reconditionnait chez lui certains de ses vins, "pour les protéger".

Et il minimise les quantités. Son client a vendu en 2006 quelque 12.000 bouteilles de vin aux enchères, souligne-t-il, et ne pouvait pas en fabriquer en nombre dans sa cuisine.

"Nous n'avons jamais dit qu'il ne vendait que des faux vins", rétorque le procureur Jason Hernandez.

Mais le procureur souligne qu'au moins 1.000 fausses bouteilles provenaient de ce que Kurniawan avait appelé sa "cave magique". "C'est énorme", insiste le procureur, parlant d'une "opération à grande échelle".

"Un faussaire de vins prolifique"

Parmi ces contrefaçons, des grands Bourgogne de la Romanée-Conti, du Domaine Ponsot, du domaine Roumier, et certains grands vins de Bordeaux comme les Château Petrus, vendus à des prix qui avaient de quoi faire tourner la tête des jurés: six bouteilles de Bourgogne Bonnes Mares 1962 pour 35.000 dollars. Un magnum de Romanée-Conti 1979 pour 7.000 dollars. Un jéroboam (bouteille de 3 litres) de La Tache, Domaine de la Romanée-Conti pour 48.000 dollars.

Kurniawan avait réussi à partir de 2002 à se faire rapidement une place dans le petit monde des collectionneurs de grands crus, grâce à un palais exceptionnel et à une générosité sans limite. Il menait la grande vie, dépensant des millions de dollars par an, collectionnant les montres, les voitures et les œuvres d'art. Mais il avait aussi contracté pour plus de 10 millions de dollars de dettes pour la seule année 2007.

Là encore son avocat minimise. Pour Kurniawan, explique-t-il, c'était "des avances" de la maison d'enchères qui organisait ses ventes à New York. S'il a menti pour contracter un autre prêt de 3 millions de dollars en 2008, il n'avait pas l'intention de tromper. Et s'il a aussi menti à Laurent Ponsot, un producteur de Bourgogne qui cherchait à savoir d'où venaient ses dizaines de bouteilles contrefaites du Domaine Ponsot, c'est peut-être à cause "des dangers" ou de la situation de sa famille en Indonésie, assène l'avocat sans élaborer.

Dans son réquisitoire, l'accusation, qui a fait citer une quinzaine de témoins durant le procès, décrit un menteur poussé par l'appât du gain, qui "avait toujours besoin de plus d'argent".

C'était un "faussaire de vins prolifique, qui dans sa cuisine en Californie avait assemblé tout ce dont il avait besoin", a déclaré le procureur Joseph Facciponti. Kurniawan disait avoir "une cave magique". Mais il n'y avait pas de magie, seulement les mensonges de l'accusé", a-t-il ajouté.

Kurniawan, costume sombre et visage enfantin, est resté impassible durant toute le procès. Il risque jusqu'à 40 ans de prison. Sa peine sera fixée par un juge, une fois que les jurés se seront prononcés sur sa culpabilité.

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