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Et si on incitait les salariés à aller travailler à vélo

Des gens à bicyclette place de la Concorde à Paris  [Patrick Kovarik / AFP/Archives] Des gens à bicyclette place de la Concorde à Paris [Patrick Kovarik / AFP/Archives]

Inciter financièrement les salariés à venir au travail à vélo en leur versant une indemnité kilométrique: l'idée, défendue par les promoteurs de la bicyclette, n'est pas farfelue au regard des bénéfices pour la santé des salariés et les transports en ville, estime un rapport officiel.

 

Les avantages sociaux et économiques pour la société d'une compensation "vélo", principe existant aux Pays-Bas et en Belgique, excéderaient ses coûts, assure ce rapport piloté par le "Monsieur vélo" du gouvernement, Dominique Lebrun, présenté mercredi en Comité interministériel de la qualité de l'air (Ciqa).

Réclamée par des associations de cyclistes, cette initiative constituerait "une mesure d'équité, incitant à des comportements vertueux", selon le document.

En France, les dispositifs d'aide aux déplacements domicile-travail "ignorent" l'usage du vélo personnel, constate ce rapport obtenu par l'AFP.

Les employeurs sont tenus de prendre en charge la moitié de l'abonnement de leurs salariés venant travailler en transports en commun ou utilisant un service de location de vélo. Des aides existent aussi pour ceux se déplaçant en voiture ou en moto, via le remboursement des indemnités kilométriques prévues par le barème fiscal ou à travers une déclaration au régime des frais réels sur la feuille d'impôts.

"Si vous faites un trajet de 4 kilomètres pour aller au travail, vous pouvez déduire ça de vos revenus, mais si vous les faites à vélo, vous devez l'entretenir et en plus vous n'avez aucune reconnaissance", remarque James Boucher, administrateur à la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB).

Pour cette association, la mise en place d'une indemnité spécifique revêt donc un "aspect emblématique avec la reconnaissance que le vélo est un mode de déplacement à part entière".

'Assurance' contre le vol

"Contrairement à certaines idées reçues (...), l'usage du vélo pour aller travailler n'est pas une pratique de riches", assure le rapport piloté par le coordinateur interministériel pour le développement de l'usage du vélo, qui assure que les salariés adeptes de la "petite reine" ont "bel et bien besoin" de soutien financier.

Une indemnité pourrait ainsi financer l'achat des indispensables équipements pour rouler par tous les temps et constituer une "forme d'assurance" contre le vol (400.000 vélos volés par an en France).

Elle permettrait surtout, selon le rapport, de développer l'usage du vélo: ce mode de transport n'est actuellement utilisé que dans 2% environ des déplacements domicile-travail (pour un trajet moyen de 3,4 km) selon une enquête menée en 2007-2008 par l'Insee. Dans certaines villes néerlandaises ou à Copenhague, la bicyclette peut représenter jusqu'à 30% des déplacements.

Or, rappelle un rapport, la pratique du vélo s'accompagne de bénéfices réels pour la santé des salariés qui se traduit, pour la collectivité, par des gains économiques à travers des "dépenses de santé évitées". Développer la pratique de la bicyclette aurait en outre l'intérêt de permettre de décongestionner les transports en commun aux heures de pointe en ville, rappelle le document.

Reste la grande question: "les avantages procurés par une indemnité kilométrique vélo sont-ils suffisants pour justifier de mobiliser des fonds publics qui permettraient de la créer?". "Oui", répond ce rapport, avec des avantages pour la société chiffrés à 570 millions euros annuels (dus principalement à l'amélioration de la santé) contre des coûts de 170 M EUR, dans l'hypothèse de l'instauration d'une indemnité obligatoire de 25 centimes par kilomètre, qui permettrait une hausse de 50% des trajets domicile-travail en vélo.

Reste à connaître la position du gouvernement sur des propositions pour le moment purement "techniques" et alors que le patronat (Medef et CGPME) plaide, dans des contributions annexées au rapport, pour un dispositif purement "facultatif" en raison du contexte économique difficile.

 

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