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Goodyear : deux dirigeants séquestrés depuis hier

Mickael Wamen, Le responsable CGT de l'usine Goodyear d' Amiens-Nord, le 7 novembre 2013 face aux journaliste devant le siège de Goodyear à Rueil-Malmaison [Thomas Samson / AFP/Archives] Mickael Wamen, Le responsable CGT de l'usine Goodyear d' Amiens-Nord, le 7 novembre 2013 face aux journaliste devant le siège de Goodyear à Rueil-Malmaison [Thomas Samson / AFP/Archives]

Des salariés de l'usine de pneumatiques Goodyear d'Amiens-Nord séquestrent depuis lundi deux dirigeants, radicalisant leur lutte contre la fermeture du site et les 1.173 suppressions de postes qu'elle risque d'entraîner.

 

Principal syndicat de l'usine, la CGT qui redoute l'envoi prochain des premières lettres de licenciement, doit prendre part mardi à une réunion de négociations à laquelle la présence de la direction n'était pas acquise.

Le directeur de production de l'usine, Michel Dheilly, et le directeur des ressources humaines (DRH) Bernard Glesser sont retenus depuis lundi 10H30 sur le site, dans une ambiance calme mais tendue, dans une salle de réunion à la porte bloquée par un imposant pneu agraire.

L'usine Goodyear d'Amiens, le 5 décembre 2013, après l'annonce de la fermeture du site [Denis Charlet / AFP]
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L'usine Goodyear d'Amiens, le 5 décembre 2013, après l'annonce de la fermeture du site
 

La CGT avait rendez-vous lundi matin avec le directeur, mais "toute l'équipe de weekend", soit 200 salariés, est venue "pour essayer de mettre la pression sur la direction", a rapporté Franck Jurek, secrétaire adjoint (CGT) du comité d'entreprise d'Amiens-Nord.

"On veut revenir à la table des négociations, c'est-à-dire un plan de départs volontaires et voir s'il y a un repreneur, et s'il n'y a pas de repreneur, un plan de départs volontaires pour tout le monde avec énormément de fric", a lancé M. Jurek.

La CGT espère l'application d'une version "améliorée" d'un plan de départs volontaires (PDV) abandonné en 2012, avec des primes de licenciement "qui soient au minimum sur les bases du PDV" et des congés de reclassement allongés. "On perd tout en justice, alors on a changé de braquet", a résumé M. Jurek.

Un salarié agite un drapeau de la CGT devant l'usine Goodyear d'Amiens, le 5 décembre 2013, après l'annonce de la fermeture du site [Denis Charlet / AFP/Archives]
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Un salarié agite un drapeau de la CGT devant l'usine Goodyear d'Amiens, le 5 décembre 2013, après l'annonce de la fermeture du site
 

Des élus du personnel de l'usine devaient prendre part mardi à une "réunion pour négocier" à l'inspection du travail d'Amiens. Cette réunion doit réunir, outre des élus syndicaux et l'inspection du travail, un haut représentant de Goodyear et un représentant de l'Etat, selon Franck Jurek, de la CGT Goodyear.

Contactée par l'AFP, la direction de Goodyear ne pouvait cependant "pas confirmer sa présence à la réunion".

Début novembre, la direction de Goodyear avait clos la procédure d'information des représentants du personnel de l'usine en vue de sa fermeture, annoncée le 31 janvier 2013. La CGT et le CHSCT ont lancé, en vain, de multiples procédures en justice pour obtenir la suspension du plan de sauvegarde de l'emploi (PSE).

Syndicats et salariés craignent désormais de recevoir les premières lettres de licenciement dans les semaines qui viennent.

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"Soi disant, les lettres doivent partir ce mois-ci donc on n'a plus rien à perdre. Si on risque d'aller en prison, on ira en prison", a lancé Michel Cadran, un ouvrier âgé d'une cinquantaine d'années.

Les deux dirigeants séquestrés ont pu avoir de l'eau et disposent encore de leurs téléphones portables, selon la CGT. L'inspection du travail était également sur place. Le dialogue "est en stand-by. Ils vont rester là à passer la nuit avec nous tranquillement", a assuré M. Jurek en fin d'après-midi.

"Ce type d'initiative, toujours condamnable, est particulièrement inopportun et contre-productif au moment où les énergies doivent se concentrer sur l'avenir des salariés affectés par le PSE en cours au sein de l'entreprise, après plusieurs années passées à chercher une solution", a déclaré dans un communiqué la direction de Goodyear Tires Dunlop France.

L'usine a rouvert samedi après les congés d'hiver, mais "la direction n'a pas redémarré les équipements" et aucun pneu n'est sorti depuis des chaînes de production, selon M. Jurek.

De la fumée noire s'élevait lundi de pneus brûlés devant le dépôt de l'usine, bloqué par les salariés depuis mi-novembre.

 
 

Le ministre du Redressement productif avait annoncé le 21 octobre un retour surprise de Titan dans le dossier Goodyear, affirmant que le groupe américain serait prêt à reprendre 333 emplois à Amiens Nord, dont le maintien serait garanti pendant quatre ans.

"On suit ça de près", se contentait d'indiquer le ministère lundi soir.

 

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