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Le mystère reste entier après le meurtre d'un veilleur de nuit

Le procureur Michel Garrandaux lors d'une conférence presse à Limoges le 12 janvier 2014 [Pascal Lachenaud / AFP/Archives] Le procureur Michel Garrandaux lors d'une conférence presse à Limoges le 12 janvier 2014 [Pascal Lachenaud / AFP/Archives]

Une semaine après le meurtre d'un veilleur de nuit apparemment sans histoires d'un centre de formation professionnelle pour jeunes en difficultés de la Haute-Vienne, les enquêteurs se trouvaient face à un crime sans suspect, sans arme et sans mobile mais sauvage et qui suscite "toutes les lectures possibles".

Le parquet de Limoges a ouvert vendredi une information judiciaire pour homicide volontaire, a fait savoir le procureur de la République de Limoges, Michel Garrandaux, mais sans fournir d'autres précisions.

Le corps de Francis Montmaud, veilleur de nuit de 60 ans et proche de la retraite, avait été retrouvé autour de minuit dans la nuit du 10 au 11 janvier lardé de coups de couteau au pied d'un escalier d'un Centre éducatif de formation professionnelle (CEFP) de Magnac-Laval qui accueille des jeunes placés par l'aide sociale à l'enfance.

Seule évidence, le meurtre a été particulièrement sauvage. Selon les gendarmes, dont tous les niveaux d'expertise ont été mobilisés pour l'enquête, la victime, atteinte à la carotide, s’est vidée de son sang. "Il y avait vraiment du sang partout, y compris sur les murs", a confié un gendarme. "Une véritable boucherie", a-t-on confirmé de source proche de l’enquête.

Des faits particulièrement horribles qui se dont déroulés à une volée de marches de l'internat où se trouvaient sept jeunes restés dans l'établissement pour le week-end, dont un élève de 16 ans, qui a entrevu la scène avant de donner l'alerte. Seul témoin oculaire, il a raconté aux enquêteurs avoir aperçu une silhouette furtive, celle d'un homme vêtu d’un t-shirt qui agressait la victime.

Immédiatement placés en garde à vue, les sept jeunes ont été relâchés moins de 24 heures après. "Tout n'est pas rose dans nos établissements, mais on n'a aucun jeune capable de commettre un tel méfait", avait assuré dès lundi un membre du personnel de l’établissement et délégué CHSCT, François Jacob. Les chaussures, vêtements, effets personnels des sept adolescents présents étaient toujours en cours d'analyse.

Trois équipes de l’Institut de recherches criminelles de la gendarmerie nationale (IRCGN) ont été déployées de samedi à mardi, dont une entièrement consacrée à l’étude de la scène de crime "particulièrement violente et complexe", selon un enquêteur.

 

Une seule arme utilisée

 

D'après le parquet, l’autopsie du corps pratiquée mardi a confirmé "qu’une seule arme avait été utilisée, manifestement un couteau", que "sur la douzaine de blessures infligées à la victime, c’est le coup porté à la carotide qui lui a été fatal". L'heure de la mort "peu avant minuit", a également été confirmée par les constatations médico-légales, ce qui, selon le Parquet, corrobore les déclarations du témoin, lequel a seulement "entraperçu une partie de l’agression" et dont les déclarations restent "insuffisantes" pour établir l’identité de l’auteur.

"A ce stade, nous n’avons pas de certitude. Nous cherchons à savoir quel rôle ont tenu toutes les personnes présentes, mais surtout si certaines ont vu plus que ce qu’elles veulent bien dire", confiait-on de source proche de l'enquête.

L’hypothèse d’une agression venant de l’intérieur de l'établissement, qui supposerait que l’auteur ait eu le temps de commettre son geste, de se débarrasser de l’arme et de ses vêtements ensanglantés, puis de prendre une douche pour effacer toute trace, "tout ça sur une fenêtre de quelques minutes tout au plus", ne semblait guère privilégiée. "Avec un +timing+ si court, on aurait retrouvé l’arme ou les vêtements", estimait un gendarme, alors que la fouille de l’établissement se poursuivait, notamment dans les faux plafonds.

Décrit dans la commune comme un homme ponctuel, affable, respectueux et qui inspirait confiance, Francis Montmaud, qui était marié, "n’avait rien de suspect", insiste-t-on du côté des gendarmes.

Les obsèques de la victime doivent avoir lieu samedi matin dans une commune proche.

En l’absence de mobile, toutes les pistes sont ouvertes: "Ce crime est véritablement très troublant, voire perturbant car il est impossible de se forger une intime conviction. Au regard des éléments collectés, toutes les lectures sont possibles, des plus effrayantes aux plus banales", résume, perplexe, un familier du dossier.

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