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Bernard Cazeneuve, un proche de Fabius discret et obstiné

Bernard Cazeneuve à l'Elysée, le 31 octobre 2013 [Lionel Bonaventure / AFP] Bernard Cazeneuve à l'Elysée, le 31 octobre 2013 [Lionel Bonaventure / AFP]

Le nouveau ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, est un proche de Laurent Fabius, qui a choisi de faire de la loyauté envers le président Hollande et de la discrétion ses meilleurs atouts, une stratégie qu'il aura sans doute plus de peine à maintenir Place Beauvau.

Promu ministre de plein exercice à l'Intérieur, poste auquel il dira peut-être ne pas arriver "comme jaune d'oeuf sur toile cirée", selon une de ses expressions favorites, cet ancien avocat de 50 ans est un homme affable mais autoritaire, dont le sens du dialogue est souvent souligné.

Il est rare d'entendre ce ministre, amateur de jardinage et qui collectionne les herbiers, exercer son ironie à l'encontre d'un de ses collègues de gauche. Intransigeant sur la discipline, il interdit à son entourage d'"alimenter le moulin médiatique" à coup de petites phrases sur d'autres membres du gouvernement, même si eux ne s'en privent pas.

Arrivé à Bercy en mars 2013, il hérite d'une tâche ingrate et rébarbative, l'élaboration du budget annuel. Dans son bureau joliment décoré du 5e étage, cet homme de dossier qui a avalé des centaines de colonnes de chiffres, prend ses marques dans l'atmosphère pesante du départ de Jérôme Cahuzac, frappé par un scandale de fraude fiscale.

Fidèle à sa réputation d'aménité et d'esprit de camaraderie, il avait pris une voix grave lors de la passation de pouvoir pour affirmer devant son prédécesseur au bord des larmes: "On ne remplace pas Jérôme Cahuzac, on lui succède".

Après les aveux de ce dernier quelques jours plus tard, il ne cachait pas en privé sa déception.

- Pugnace, éloquent -

Alors que l'éloquence de M. Cahuzac faisait la joie des amateurs des questions au gouvernement à l'Assemblée, Bernard Cazeneuve s'est révélé un successeur largement à la hauteur. N'hésitant pas à citer le scénariste Michel Audiard dans le texte - sans le dire - ou à s'inquiéter qu'un député de l'opposition souffre du "syndrome du cacatoes", répétant chaque semaine "la même chose".

Car l'homme ne se retient plus face à ses adversaires politiques.

Bernard Cazeneuve à l'Elysée, le 26 mars 2014 [Alain Jocard / AFP]
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Bernard Cazeneuve à l'Elysée, le 26 mars 2014

"Mme Pécresse, dégustez mes gâteaux sucrés de Cherbourg, ça vous calmera et ça vous rendra aimable!", avait-il lancé à Valérie Pécresse, ancienne ministre du Budget lors d'une discussion budgétaire devant la Commission des Finances de l'Assemblée.

C'est cette pugnacité qui fait sa marque de fabrique lorsqu'il était devenu rapporteur de la mission d'information parlementaire sur l'attentat de Karachi. Cette fonction qu'il a menée avec obstination, comme investi d'un devoir de vérité à l'égard des familles de victimes, l'a propulsé de fait porte-parole de l'opposition sur cette affaire, dans laquelle des proches de Nicolas Sarkozy sont mis en cause.

Ancien étudiant à Science-Po Bordeaux, Bernard Cazeneuve s'est frotté aux cabinets ministériels des Affaires étrangères et de la Mer, entre 1991 et 1993 avant d'être parachuté dans la Manche, où il est toujours élu.

D'abord conseiller général puis maire d'Octeville en 1995, avant de devenir maire de Cherbourg-Octeville en 2001, il est également député entre 1997 et 2002 puis en 2007.

Né le 2 juin 1963 à Senlis (Oise), il n'a jamais passé le concours de l'ENA à cause d'une hépatite, contrairement à la plupart de ceux qui vont devenir les "éléphants" de la rue de Solférino. Et de fait, le grand public a peu entendu son nom avant qu'il ne devienne l'un des porte-parole de François Hollande pendant sa campagne.

Il lui a depuis été d'une loyauté sans faille, "allant sans ciller éteindre un feu puis un autre", selon son entourage, à la demande de François Hollande dont il a gagné la confiance.

Reste que l'homme n'est pas naïf et compte également des inimitiés, au premier rang desquels, celle de Pierre Moscovici. "Je suis allé (aux universités d'été du PS) à La Rochelle, c'était très intéressant, il y avait plein de socialistes, on n'en voit pas beaucoup dans cette maison", lâche-t-il à propos de Bercy à l'automne devant quelques journalistes étonnés de l'entendre critiquer son propre camp.

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