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Alstom: les six questions essentielles sur le débat en cours

Le drapeau d'Alstom et le drapeau français, le 27 avril 2014 à Levallois-Perret en banlieue parisienne [Patrick Kovarik / AFP] Le drapeau d'Alstom et le drapeau français, le 27 avril 2014 à Levallois-Perret en banlieue parisienne [Patrick Kovarik / AFP]

Qui sont les candidats au rachat d'Alstom? A quel prix et pour en faire quoi? voici en six questions, les principaux éléments de réponse, alors que l'avenir d'un des fleurons français de l'industrie se discute depuis lundi au sommet de l'Etat.

1 - Qu'est-ce que la branche industrie d'Alstom, convoitée par General Electric et Siemens ?

Les actifs d'Alstom dans l'énergie (équipements pour centrales thermiques, énergies renouvelables...) représentent plus de 70% de son activité avec un chiffre d'affaires de 14 milliards d'euros. Mais le groupe français fait face à une baisse marquée de ses commandes, notamment dans son activité principale énergie thermique.

Ce secteur de l'énergie thermique constitue à lui seul 45% du chiffre d'affaires d'Alstom, contre 19% pour l'activité réseau Alstom Grid, issue du rachat des activités de transmission d'électricité du groupe nucléaire Areva, et 9% pour le secteur des énergies renouvelables.

Deux tiers des 93.000 salariés du groupe appartiennent à cette branche énergie. En France, c'est environ la moitié des 18.000 employés d'Alstom.

2 - Que propose General Electric?

Le mastodonte américain GE, qui compte 305.000 salariés dans le monde et affiche 146 milliards de dollars de chiffre d'affaires, souhaiterait racheter la partie énergie du groupe français, pour une transaction estimée par la presse à quelque 10 milliards d'euros. Celle-ci ne concernerait pas l'emblématique branche transport, fabriquant les trains à grande vitesse (TGV).

Les discussions sont "avancées" et dès vendredi le PDG d'Alstom Patrick Kron avait confirmé aux syndicats vendredi être en négociations sur une "opération industrielle" et que la décision pourrait "aller très vite".

Le PDG de GE, Jeffrey Immelt, a été reçu pendant près d'une heure lundi matin à l'Elysée par François Hollande, qui lui a rappelé les lignes rouges fixées par le gouvernement français: la préservation de l'emploi, la localisation des activités (énergie et transports essentiellement) et l'indépendance énergétique de la France.

3 - Quel est la teneur de la contre-proposition de Siemens?

Le géant industriel allemand est disposé "à échanger sur les questions stratégiques soulevées par une coopération future". Cependant il n'a pas soumis formellement d'offre de rachat de la division énergétique du groupe français.

Siemens voudrait acquérir l'activité énergie d'Alstom et dans le même temps lui céder son activité trains et du cash.

Un tel échange de bons procédés pourrait permettre d'un côté la constitution d'un Airbus de l'énergie, ardemment souhaité depuis plusieurs mois par Paris, une perspective saluée par Berlin lundi. Et de l'autre l'autre, une grande entreprise de transports.

Le patron de Siemens, Joe Kaeser, doit être reçu à son tour à l'Elysée lundi dans la soirée, et prendra ensuite une décision sur le maintien ou non de sa proposition.

4 - Pourquoi le groupe Bouygues est-il concerné?

Car le groupe diversifié est également l'actionnaire majoritaire d'Alstom, avec 29,4% du capital, et des représentants au Conseil d'administration.

Bouygues avait racheté en 2006, la part acquise en 2003/2004 par l'Etat pour sauver Alstom.

Il est présenté comme favorable au rapprochement avec General Electric.

5 - L'Etat pouvait-il ignorer les discussions entre Alstom et GE ?

Le ministre de l'Economie assure n'avoir été prévenu de discussions avancées que lors de leurs révélations par la presse.

"Je vois M. Bouygues comme M. Kron, très souvent", a affirmé M. Montebourg sur RTL lundi matin. "Lorsqu'une affaire est en train de se boucler et qu'on oublie de téléphoner au ministre de l'Economie et du Redressement productif, alors que tous les jours on lui demande de l'aide, je trouve qu'il y a là un manquement à la déontologie nationale", a-t-il estimé.

Il a reconnu avoir été informé par la présidente de GE France, Clara Gaymard, des intentions de sa firme lors du voyage de François Hollande aux Etats-Unis en février, mais cette dernière lui aurait assuré : "Nous ne ferons rien sans vous".

6 - A quel niveau peut intervenir l'Etat ?

Alstom possède des actifs stratégiques notamment dans l'industrie du nucléaire, et tout investissement étranger d'envergure sur certains secteurs, listés par un décret de 2005, est soumis à l'accord préalable du ministère de l'Economie. M. Montebourg n'a pas écarté lundi la possibilité de bloquer son projet d'acquisition en ayant recours "comme aux Etats-Unis" à cette autorité de contrôle des investissements étrangers.

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