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Face au chômage de longue durée, Hollande brandit l'arme de l'apprentissage

Le président François Hollande à La maison de la chimie à Paris le 28 avril 2014 [Yoan Valat / Pool/AFP] Le président François Hollande à La maison de la chimie à Paris le 28 avril 2014 [Yoan Valat / Pool/AFP]

Confronté à une explosion du chômage de longue durée et du chômage des seniors, François Hollande a annoncé lundi des aménagements de dispositifs existants: l'ouverture de l'apprentissage à tous les inscrits à Pôle emploi depuis plus d'un an et l'"amélioration" du contrat de génération, qui ne prend pas.

L'Hexagone comptait fin mars 3,349 millions de demandeurs d'emploi, un record. Et si la situation s'améliore pour les jeunes (-2,6% en un an), elle continue en revanche à se dégrader pour les seniors (+11,8% en un an) et les chômeurs de longue durée (+10,6% en un an).

A la fin du mois dernier, plus de deux millions de demandeurs d'emploi pointaient à Pôle emploi depuis plus d'un an, du jamais vu.

Lors d'une réunion de mobilisation pour l'emploi, à la Maison de la Chimie à Paris, François Hollande a donc demandé lundi que ces chômeurs puissent bénéficier du statut d'apprenti "quel que soit leur âge", avec une rémunération "maintenue au niveau de l'indemnisation telle qu'elle est prévue".

En principe, l'apprentissage est réservé aux jeunes de 16 à 25 ans. "L'idée, c'est que nous puissions ouvrir la porte des entreprises à ces chômeurs de longue durée", a expliqué le chef de l'Etat, reprenant ainsi une idée émise dans un rapport du PDG de GDF Suez, Gérard Mestrallet.

Pour favoriser le retour à l'emploi des seniors, le chef de l'Etat a par ailleurs proposé d'"améliorer" le contrat de génération. Objectif: inciter à l'embauche des seniors, et plus seulement des jeunes.

"Toutes les entreprises, et notamment les plus petites, n'ont pas forcément dans leurs effectifs des salariés de plus de 57 ans. C'est pourquoi je propose que le dispositif soit amélioré et renforcé", a lancé le président de la République.

- 'Une nouvelle usine à gaz' -

Ardemment défendu par le chef de l'Etat pendant sa campagne malgré les critiques (effets d'aubaine, complexité), y compris dans son propre camp, le contrat de génération permet notamment aux entreprises de moins de 300 salariés qui embauchent des jeunes en CDI, tout en gardant un senior, de bénéficier d'une aide de 4.000 euros par an pendant trois ans.

Mais il peine à rencontrer son public: seules 23.000 aides ont été demandées depuis son lancement il y a un an, loin de l'objectif de 75.000 jeunes embauchés en un an.

L'ex-ministre du Travail Michel Sapin avait déjà dû revoir sa copie en février dernier, en modifiant l'architecture de ce dispositif complexe.

Selon l'entourage du président de la République, le ministère du Travail planche cette fois sur deux hypothèses. La première : moduler l'aide selon qu'il s'agit d'un maintien dans l'emploi ou d'un recrutement, afin que le recrutement soit mieux rémunéré. La deuxième consisterait à permettre d'inverser la logique initiale, afin d'aider financièrement des entreprises qui recruteraient des seniors en conservant un jeune.

François Hollande a aussi envoyé un signal clair aux préfets pour développer les emplois d'avenir (50.000 prévus en 2014 après 100.000 en 2013), destinés aux jeunes pas ou peu diplômés, dans le secteur marchand. "On sent bien qu’il y a un gisement de recrutements" plus important que dans le secteur public, où collectivités et associations "sont peut être plus dans une situation plus tendue que les entreprises, qui offrent par ailleurs des perspectives d’insertion professionnelles plus fortes", a précisé l'entourage de François Hollande.

Outre le pacte de responsabilité, dont le gouvernement espère 500.000 emplois à l'horizon 2017, le nouveau ministre du Travail, François Rebsamen, a de son côté mis l'accent sur la nécessité d'amplifier rapidement le déploiement des contrats aidés (340.000 prévu pour 2014, un chiffre comparable à 2013) et de relancer l'alternance, rappelant l'objectif de 500.000 alternants d’ici à 2017.

Les annonces du chef de l'Etat n'ont pas convaincu le secrétaire général de Force ouvrière. "Je ne vois pas pourquoi on ouvrirait l'apprentissage aux chômeurs de longue durée alors qu'il y a des dispositifs qui existent. Pourquoi créer une nouvelle usine à gaz alors qu'il y a des choses qui existent?", s'est interrogé Jean-Claude Mailly.

"Je pense qu'il (François Hollande) connaît mal la réalité y compris des chômeurs de longue durée", a-t-il estimé.

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