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Fermeté face au jihadisme

Des policiers dans le quartier de la Meinau, à Strasbourg, le 13 mai 2014.[FREDERICK FLORIN / AFP]

L’opération anti-jihadiste menée mardi montre la détermination de l’Etat à contrer les départs en Syrie. Mais les retours posent encore question.

 

Ils se seraient rendus en Syrie en décembre. Ont peut-être rejoint sur place un camp d’entraînement. Et auraient évoqué le jihad sur les réseaux sociaux. Les six individus interpellés hier à l’aube dans le quartier de la Meinau, à Strasbourg, pourraient être l’exemple type des apprentis jihadistes contre lesquels le gouvernement intensifie son action.

Car, si depuis des mois les départs vers la Syrie se sont multipliés depuis la France, l’Etat a mis en place son filet et ne relâche pas la pression. En jeu : la menace terroriste sur le territoire.

 

Dans la lignée du plan Cazeneuve 

Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a rappelé hier sa position face au phénomène. Pour lui, ce coup de filet est une «nouvelle démonstration de la détermination totale du gouvernement à lutter […] contre le terrorisme et l’embrigadement des jeunes dans la radicalisation violente».

Ces arrestations surviennent ainsi moins d’un mois après l’annonce de son plan anti-jihad. Une action qui a mis l’accent sur la détection des personnes susceptibles de partir se former aux côtés des jihadistes, alors que près de 800 candidats auraient déjà, depuis le début de la guerre en Syrie, entrepris ou réalisé ce projet, une trentaine ayant perdu la vie dans le même temps.

C’est donc sur Internet, plate-forme où l’endoctrinement des apprentis jihadistes est le plus facilité, que l’effort se fait. Le développement des cyberpatrouilles est impulsé par la nouvelle Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

Cette surveillance est complétée par un numéro vert et une plate-forme en ligne permettant aux familles de signaler une possible radicalisation d’un jeune, ou encore par une meilleure coordination des autorités européennes pour signaler le passage d’un suspect dans un aéroport. 

 

Au retour, victimes ou coupables ?

La prévention est donc mise en place, mais les retours, eux, restent à gérer. Manuel Valls, alors à l’Intérieur, avait d’ailleurs estimé qu’il s’agissait du «plus grand danger» auquel serait confrontée la France ces prochaines années.

Le plan du gouvernement prévoit la possibilité de priver de passeport les jihadistes ou d’expulser les étrangers impliqués dans les filières. Et la loi de fin 2012, elle, permet de poursuivre les Français partant s’entraîner dans un camp, de peur qu’ils ne commettent des attaques en France.

«On me demande souvent ce qu’il advient (au retour) de ces jeunes partis en Syrie», notait hier Bernard Cazeneuve. «La réponse est claire : en lien avec une entreprise terroriste, ils sont arrêtés et remis à la justice.»

Selon les autorités, une centaine de combattants seraient déjà revenus dans l’Hexagone, et des dizaines de procédures judiciaires sont aujourd’hui en cours.

Pour Mathieu Guidère, professeur d’islamologie à l’université de Toulouse, si ces individus reviennent, c’est souvent parce qu’ils ont échoué dans leur projet ou n’ont pas été acceptés sur place, et se trouvent donc en situation d’échec.

Pour ne pas en faire des terroristes, «mieux vaut les considérer comme des victimes de dérives sectaires», prône le spécialiste.

 

 

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