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"Deux jours, une nuit" : la solidarité contre l'individualisme

Marion Cotillard (2e d) avec le réalisateur belge Luc Dardenne (d) lors de la séance photo pour le film "Deux jours une nuit", avec à sa droite Fabrizio Rongione qui joue son mari, et le co-réalisateur Jean-Pierre Dardenne, le 20 mai 2014 à Cannes [Alberto Pizzoli / AFP] Marion Cotillard (2e d) avec le réalisateur belge Luc Dardenne (d) lors de la séance photo pour le film "Deux jours une nuit", avec à sa droite Fabrizio Rongione qui joue son mari, et le co-réalisateur Jean-Pierre Dardenne, le 20 mai 2014 à Cannes [Alberto Pizzoli / AFP]

La solidarité contre l'individualisme forcené est au coeur de "Deux jours, une nuit", nouvelle fable sociale des frères Dardenne avec une Marion Cotillard bouleversante en ouvrière de la banlieue de Liège dont l'emploi dépend des autres.

Présenté mardi en compétition à Cannes, le film qui sortira mercredi sur les écrans français belges et suisses, a été très applaudi, certains festivaliers parlant de Palme d'or ou de prix d'interprétation pour l'actrice française.

Sandra (Marion Cotillard), poussée par son mari (Fabrizio Rongione), n'a qu'un week-end pour aller frapper à la porte de chacun de ses collègues et les convaincre de renoncer à leur prime de 1.000 euros pour qu'elle garde son emploi.

Le vendredi, ils ont voté contre elle, mais grâce au soutien d'une collègue, un nouveau vote est organisé le lundi.

L'histoire leur a été inspirée par "diverses situations similaires" entendues à la fin des années 90 "chez Peugeot à Montbéliard, Sochaux et d'autres encore en Belgique ou aux Etats-Unis", a expliqué à l'AFP Luc Dardenne.

- Contre le "cynisme contemporain" -

 

Le cadet des frères parle de "cynisme contemporain" à l'égard d'une direction qui invoque la crise pour dire "moi je ne peux pas réengager cette personne sauf si vous acceptez de ne pas prendre vos primes, donc sauf si vous êtes solidaires".

Cynisme d'autant plus marqué que Sandra n'est pas une militante mais une femme dépressive qui sort d'un congé maladie et "qui ne croit plus en elle et n'a pas confiance dans les autres".

"Je vais avoir l'air d'une mendiante", dit-elle au début à son mari pour justifier son refus d'aller voir ses collègues.

Marion Cotillard (g) joue le rôle d'une ouvrière, Sandra, une femme "qui cesse d'avoir peur", aidée de son mari, joué par Fabrizio Rongione (d), dans le film des fères Dardenne présenté mardi 20 mai à Cannes [Alberto Pizzoli / AFP]
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Marion Cotillard (g) joue le rôle d'une ouvrière, Sandra, une femme "qui cesse d'avoir peur", aidée de son mari, joué par Fabrizio Rongione (d), dans le film des fères Dardenne présenté mardi 20 mai à Cannes

Mais progressivement, elle devient "une femme qui cesse d'avoir peur", selon Luc Dardenne.

Car heureusement pour le personnage, et "pour la première fois dans notre famille de personnages", enchaîne Jean-Pierre Dardenne, l'héroïne "a un mari qui est un homme formidable et ils mènent une vie normale. Ils ne sont pas menacés d'expulsion", juste des "petites gens".

La caméra des frères Dardenne suit en permanence cette femme dans son porte à porte aux allures de chemin de croix.

A chaque adresse, le spectateur découvre une situation nouvelle, des crédits à rembourser, une perte d'emploi pour l'autre conjoint etc. "La prime, c'est un an de gaz et d'électricité", résume un collègue.

- Le "coup de foudre" Cotillard -

 

Luc espère que "les spectateurs qui iront voir le film se diront : +tiens, si j'étais à la place de Sandra, Mireille ou Willy qu'est-ce que je ferais?+".

 "un coup de foudre cinématographique" disent-ils   [VALERY HACHE / AFP]
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Les frères Luc (d) et Jean-Pierre (g) Dardenne ont choisi Marion Cotillard pour jouer dans "Deux jours, une nuit", présenté mardi 20 mai 2014 à Cannes: "un coup de foudre cinématographique" disent-ils

"C'est peut-être un peu naïf de dire cela mais si le film pouvait participer à créer un sentiment de solidarité. C'est bien mieux que l'individualisme forcené auquel nous sommes bien souvent contraints et auquel trop souvent nous prenons du plaisir aussi", dit-il.

Pour camper Sandra, les frères Dardenne ont choisi Marion Cotillard, "un coup de foudre cinématographique", disent-ils.

"Le pari un peu du film c'était que Marion quitte les images des films où elle avait été et les images aussi de la mode qu'elle représente. Il fallait qu'elle devienne quelqu'un d'autre, qu'elle devienne un autre corps", raconte Luc Dardenne.

"C'est un rêve" d'avoir pu travailler avec les frères Dardenne a expliqué à la presse Marion Cotillard nullement effrayée par "le travail énorme des répétitions" imposée par les Dardenne "pour atteindre ce qu'ils atteignent dans le film".

"C'est ce dont j'avais toujours rêvé dans la relation entre des metteurs en scène et un acteur", a-t-elle dit à la presse en parlant encore d'expérience "bouleversante, enrichissante, si ce n'est la plus belle".

Les deux frères, qui n'imaginent pas travailler un jour l'un sans l'autre, forment un duo gagnant à Cannes.

Ils font partie du club fermé des cinéastes doublement palmés: en 1999 pour "Rosetta" et en 2005 pour "L'enfant". Pensent-ils à une troisième Palme historique?

"On est très contents d'être en compétition. On espère que les projections vont bien se passer pour aider ensuite le film à rencontrer son public", explique simplement Jean-Pierre Dardenne.

 

 

 

 

 

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