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Vincent Lambert: le rapport définitif des experts remis au Conseil d'Etat

La façade du Conseil d'Etat à Paris [Boris Horvat / AFP/Archives] La façade du Conseil d'Etat à Paris [Boris Horvat / AFP/Archives]

Le rapport définitif des médecins chargés par le Conseil d'Etat de rendre une expertise sur le cas de Vincent Lambert confirme son incurabilité mais nuance l'arrêt des soins, a-t-on appris mardi de source proche du dossier.

Le rapport remis par les trois experts médicaux missionnés par la plus haute juridiction administrative confirme les conclusions contenues dans le pré-rapport, notamment une "dégradation" de l'état de conscience et de l'état général de cet homme de 38 ans, tétraplégique et cloué sur son lit d'hôpital en état végétatif chronique depuis cinq ans, selon cette source.

Les médecins confirment également le caractère irréversible et incurable des lésions cérébrales de Vincent Lambert, victime d'un accident de la route en 2008, ajoute-t-on de même source.

Vincent Lambert, dont la famille se déchire sur son maintien ou non en vie, avait déjà été examiné en juin 2011 par les médecins du "Coma science group" de Liège (Belgique), qui avaient procédé à une série de tests pour évaluer son état de conscience. Les médecins avaient alors conclu à un état de "conscience minimal consolidé", sans espoir d'amélioration.

Début avril, les médecins avaient procédé à de nouveaux examens cérébraux à la Pitié-Salpétrière et souligné la dégradation depuis 2011 de l'état du patient qui se trouvait dorénavant dans un état végétatif avec des dysfonctionnements du tronc cérébral qui régule entre autres la respiration et le rythme cardiaque, évoquant un "mauvais pronostic clinique".

Les experts confirment par ailleurs, selon la source proche, que l'interprétation des réactions comportementales de Vincent Lambert comme "l'expression d'une intention ou d'un souhait à l'égard de l'arrêt ou de la prolongation du traitement ne parait pas possible".

Selon eux, "l’existence de réactions aux soins (..) ne fait pas de doute mais c'est leur interprétation qui prête à discussion".

Par ailleurs les médecins estiment que "dans une telle situation et en l'absence de directives anticipées et de personne de confiance, le degré de l'atteinte de la conscience" de Vincent Lambert "ne saurait constituer le seul élément déterminant dans la réflexion du Conseil d'Etat concernant son maintien ou non en vie.

- Un médecin 'enquêteur' -

"Le rapport confirme le diagnostic des médecins et l'incurabilité de Vincent Lambert", a commenté son médecin, le docteur Eric Kariger, du CHU de Reims.

Pierre et Viviane Lambert, les parents de Vincent Lambert, au tribunal administratif de Châlons-en-Champagne le 15 janvier 2014 [Hervé Oudin / AFP/Archives]
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Pierre et Viviane Lambert, les parents de Vincent Lambert, au tribunal administratif de Châlons-en-Champagne le 15 janvier 2014

"Néanmoins, la réaction pendant les soins est difficilement interprétable, mais, en l'absence de directives anticipées et de personnes de confiance, c'est au médecin à chercher, à enquêter parmi les proches et dans le passé du patient", a estimé le docteur Kariger.

L'entourage de Vincent Lambert, divisé, s'affronte dans un véritable bras de fer autour de sa fin de vie. Après plusieurs mois de réflexion, le CHU de Reims avait décidé d'arrêter d'alimenter et d'hydrater artificiellement le patient.

Mais ses parents, catholiques traditionalistes, sont opposés à son euthanasie passive, persuadés qu'il est "présent" alors que les médecins décrivent un patient "atteint d'une maladie grave et incurable" et souffrant "de lésions cérébrales graves et irréversibles".

Les avocats des parents reprochent aux équipes médicales du CHU de Reims "une absence de stimulation sensorielle et de soins de confort (...) qui constituent selon eux "une possible situation de maltraitance du patient pour lequel s'est installé une logique de fin de vie (...) et même de mort annoncée".

Ils affirment par ailleurs que l'alimentation et l'hydratation artificielles de Vincent Lambert ne constituent pas un cas d'"obstination déraisonnable".

François Lambert, le neveu de Vincent Lambert, parle aux journalistes à Paris le 14 février 2014 [François Guillot / AFP/Archives]
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François Lambert, le neveu de Vincent Lambert, parle aux journalistes à Paris le 14 février 2014

Son épouse Rachel et son neveu François se disent, eux, déterminés à respecter ses dernières volontés en affirmant qu'il avait signifié avant son accident le refus de tout acharnement thérapeutique. Ils avaient saisi le Conseil d'Etat pour qu'il annule le jugement du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne du 16 janvier ayant décidé le maintien en vie, à la demande des parents.

Les parties ont jusqu'au 10 juin pour répondre à ces conclusions, avant que la plus haute juridiction administrative ne rende sa décision après un débat contradictoire.

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