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Fusillade de Bruxelles : Nemmouche, un délinquant radicalisé en prison

Le siège de la DCRI à Levallois-Perret, où est entendu Mehdi Nemmouche, le 1er juin 2014 [Thomas Samson / AFP] Le siège de la DCRI à Levallois-Perret, où est entendu Mehdi Nemmouche, le 1er juin 2014 [Thomas Samson / AFP]

Après une enfance difficile et un plongeon dans la petite délinquance à l'adolescence, le suspect de la tuerie du Musée juif de Belgique, à Bruxelles, a sombré dans l'islam radical, lors de séjours en prison, et a coupé tous les liens avec ses proches.

Le profil de Mehdi Nemmouche, né le 17 avril 1985 à Roubaix (Nord), offre des similarités avec celui du tueur de Toulouse et Montauban Mohamed Merah, lui aussi ayant commencé par de la petite délinquance avant de monter en puissance après sa radicalisation en s'attaquant à une école juive et à des militaires français.

"Délinquant multirécidiviste", Mehdi Nemmouche a été condamné à sept reprises, la première fois en janvier 2004 par le tribunal des enfants de Lille pour vol avec violences, et incarcéré cinq fois, a indiqué le procureur de la République de Paris, François Molins.

C'est lors de sa dernière période de détention, dans le sud de la France, entre 2007 et 2012, que le suspect, qui apparaît sur une image les cheveux noirs coupés courts, avec une fine moustache, une fine barbe et un physique corpulent, s'était "illustré par son prosélytisme extrémiste, fréquentant un groupe de détenus islamistes radicaux et faisant des appels à la prière collective en promenade", a expliqué le procureur.

"Trois semaines seulement après sa libération", le 4 décembre 2012, Mehdi Nemmouche se rend en Syrie, où il a passé "plus d'une année" avant de "brouiller les pistes" sur le chemin du retour en Europe, a poursuivi le magistrat.

Le suspect de la tuerie du musée de Bruxelles,  Mehdi Nemmouche, image transmise le 1er juin 2014 [ / AFP]
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Le suspect de la tuerie du musée de Bruxelles, Mehdi Nemmouche, image transmise le 1er juin 2014

Sa famille, résidant dans le quartier sensible de La Bourgogne à Tourcoing (Nord), classé en zone de sécurité prioritaire (ZSP), n'était plus en contact avec lui "pendant toutes ses années de détention". "C'est lui qui ne voulait pas donner de ses nouvelles, il ne voulait pas nous causer de problèmes", a expliqué l'un des membres de sa famille, sous couvert de l'anonymat.

"Quand il est sorti (de prison, fin 2012, ndlr), on a eu la surprise de le revoir. Il nous a semblé normal, comme d'habitude, en bonne santé. Il est passé faire un petit coucou et on ne l'a plus jamais revu", a également témoigné l'une des tantes de Mehdi Nemmouche.

 

- "Un énorme gâchis" -

Pour sa famille, "très choquée", rien ne laissait penser qu'il ait pu sombrer dans l'islam radical, ne fréquentant pas la mosquée et ne montrant "pas de signe de quoi que ce soit".

"Perturbé", selon sa tante, Mehdi Nemmouche n'a jamais connu son père et avait été placé "dès l'âge de trois mois" en foyer "à la suite de carences éducatives" de la mère, puis "ballotté "de maison d’accueil en maison d'accueil" avant d'être confié à sa grand-mère à 17 ans, a relaté son ancienne avocate, Me Soulifa Badaoui.

La gare routière de Marseille où Mehdi Nemmouche a été arrêté, le 1er juin 2014 [Boris Horvat / AFP]
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La gare routière de Marseille où Mehdi Nemmouche a été arrêté, le 1er juin 2014

"Dès son adolescence, il tombe dans la petite délinquance", mais le jeune homme, qui a deux soeurs, "était scolarisé, a eu son bac et a fait une année de droit à l'université", a souligné sa tante.

Cette dernière décrit son neveu comme "quelqu'un de gentil, d'intelligent, serviable, poli", mais aussi "très discret". "Il ne se confiait pas facilement, c'est quelqu'un qui gardait tout en lui, on ne sait pas ce qu'il pensait."

"C’est le sentiment d’un énorme gâchis. On n’a pas su faire d’un jeune homme intelligent, vif d’esprit, et qui voulait s’en sortir, un citoyen français lambda qui s’en sort finalement", a déclaré Me Badaoui.

Dans le quartier où il a grandi, il y a "beaucoup de chômage, des jeunes qui sont un peu désespérés (...) et qui ne trouvent pas de solutions à leurs problèmes", a ajouté l'avocate.

En 1995, dans la commune voisine de Roubaix, l'une des plus pauvres de France, dix hommes (dont neuf ayant combattu en Bosnie centrale aux côtés d'islamistes arabes et afghans lors de la guerre d'ex-Yougoslavie) avaient formé le "gang de Roubaix", auteur de deux braquages en février-mars 1996, ainsi que d'une tentative d'attentat à la voiture piégée devant le commissariat central de Lille, le 28 mars 1996.

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