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L'UMP, en grave crise, va connaître l'état précis de ses comptes

Jean-François Copé quittant le siège de l'UMP à Paris, le 10 juin 2014 [Eric Feferberg / AFP/Archives] Jean-François Copé quittant le siège de l'UMP à Paris, le 10 juin 2014 [Eric Feferberg / AFP/Archives]

L'UMP, engagée depuis la défaite de Nicolas Sarkozy en 2012 dans une grave crise morale doublée d'une crise financière, attend de connaître l'état précis de ses comptes, dévoilé lors d'un bureau politique mardi à 18 heures.

En proie à de graves difficultés de trésorerie depuis plusieurs années, l'UMP est désormais au bord du gouffre, avec des tensions avivées par la guerre des ambitions à quelques mois de l'élection du nouveau président, prévue fin novembre.

D'après des documents que l'AFP a pu consulter, la dette était de 76 millions d'euros à la fin de l'année 2013 -une somme inférieure de 20 millions à celle à la fin de l'année 2012.

Au siège du parti fondé en 2002, dans un énième huis clos qui s'annonce étouffant tant les rancoeurs et les attaques sont déjà vives lorsque les micros sont ouverts, la nouvelle direction de l'UMP, un triumvirat composé des anciens Premiers ministre François Fillon, Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin dévoilera les grandes lignes d'un audit financier réalisé par le cabinet Advolis.

François Fillon (d) et Alain Juppé au siège de l'UMP à Paris, le 17 juin 2014  [Fred Dufour / AFP/Archives]
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François Fillon (d) et Alain Juppé au siège de l'UMP à Paris, le 17 juin 2014

L'objectif: obtenir "une photographie" pour "savoir où en est la boutique", résume-t-on rue de Vaugirard, au siège de l'UMP.

Un rendez-vous avec les banques pour "leur présenter la situation financière de l'UMP avant de la présenter aux Français" doit aussi avoir lieu dans l'après-midi au siège de l'UMP, en présence du triumvirat et du secrétaire général de l'UMP Luc Chatel, a-t-on appris dans l'entourage de l'un des participants.

- 'Méthodes de mafia' -

Dans l'attente, mardi matin, plusieurs ténors du parti ont continué dans les médias à faire part de leurs interrogations, mais aussi pour certains de leurs rancoeurs.

Dans ce dernier registre, Christian Estrosi, député-maire de Nice réputé proche de Nicolas Sarkozy, s'en est pris à Jean-François Copé, ex-président de l'UMP : "Je crois que Nicolas Sarkozy a eu tort de faire confiance à Jean-François Copé dès 2007, puisque avec François Fillon, ce sont tous deux qui ont demandé à Jean-François Copé de prendre la présidence du groupe UMP à l'Assemblée nationale contre Christian Estrosi. C'est de là que tout est parti", a-t-il déclaré.

Jean-Pierre Raffarin dans le village flottant de Pressac, le 20 juin 2014 [Guillaume Souvant / AFP/Archives]
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Jean-Pierre Raffarin dans le village flottant de Pressac, le 20 juin 2014

Pour lui, l'ancienne direction de l'UMP, le député-maire de Meaux en tête, essaie de "se défausser sur la campagne de Nicolas Sarkozy, sans jamais citer Nicolas Sarkozy lui-même mais en essayant de semer le doute sur sa personne", alors que cette direction démissionnaire s'est rendue coupable "d'affaires moches, sales, notamment des surfacturations entre Bygmalion et l'UMP."

Des surfacturations? "Si des sommes ont été indûment versées et n'étaient pas en lien avec une activité du parti, elles devront être remboursées", a de son côté prévenu l'ancienne ministre Valérie Pécresse, proche de M. Fillon. Elle répondait à une question sur les billets d'avion de la femme de M. Copé, remboursés à hauteur de 24.000 euros par l'UMP..

Alors que dans la presse sont parus ces dernières jours des accusations de dérives financières sous la présidence de Jean-François Copé, mais aussi lorsque Xavier Bertrand était secrétaire général entre 2008 et 2010, la maire du VIIe arrondissement parisien Rachida Dati en a rendu responsable le triumvirat : "attention à ne pas utiliser" "des méthodes de mafia", a-t-elle mis en garde, rappelant la mission d'"apaisement" et de "rassemblement" que celui-ci s'était fixé.

L'ancienne ministre en a profité pour tacler les trois anciens Premiers ministre : "Vous avez remarqué ? La conférence sociale est un échec, la France est en état d'urgence et nous n'avons pas une réaction de notre fameux triumvirat qui était censé représenter, rassembler, faire de l'opposition".

Le secrétaire général de l'UMP Luc Chatel à la "Fête de la Violette" le 5 juillet 2014 à La Ferté Imbault [Guillaume Souvant / AFP/Archives]
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Le secrétaire général de l'UMP Luc Chatel à la "Fête de la Violette" le 5 juillet 2014 à La Ferté Imbault

M. Bertrand, "écoeuré" par ce "déballage" et les "calomnies" le concernant, a quant à lui déjà préparé ses questions pour 18 heures.

Alors que l'UMP a payé des pénalités infligées personnellement à Nicolas Sarkozy pour le dépassement de ses comptes de campagne, ce qui fait l'objet d'une nouvelle enquête judiciaire, M. Bertrand, interrogé sur ce sujet, a répondu: "C'est une des questions qui sera abordée ce soir en bureau politique: compte tenu des risques, pourquoi la direction actuelle (ndlr: celle de Jean-François Copé) a pris cette décision" de payer ces pénalités ?

L'intéressé, qui sera "comme à chaque fois" présent au bureau politique, comme l'a précisé son entourage, aura l'occasion de répondre.

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