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En ligne et low-cost, l'auto-école Ornikar cherche sa place

Un véhicule d'auto-école stationné à Paris, le 9 mars 2010 [Loic Venance / AFP/Archives] Un véhicule d'auto-école stationné à Paris, le 9 mars 2010 [Loic Venance / AFP/Archives]

Avec des tarifs divisés par deux et une offre exclusivement en ligne, les créateurs de l'auto-école Ornikar ne peuvent pas exercer, faute d'agrément préfectoral, mais se sont attirés les foudres des professionnels du secteur.

Les fondateurs d'Ornikar, Benjamin Gaignault, 25 ans, et Alexandre Chartier, 28 ans, devaient être reçus mardi au ministère de l'Intérieur.

Devant leurs locaux d'un quartier branché de l'Est parisien, dans une cour pavée remplie de fleurs et d'ateliers, pas d'auto-écoles stationnées, ni de hordes de candidats au code. Les deux jeunes patrons expliquent être "partis d'un constat: aujourd'hui, le permis de conduire est l'examen le plus passé en France".

"C'est difficile, ça coûte cher et c'est long. Nous avons essayé de le repenser, avec les outils numériques", résument-ils.

Le coeur du concept réside dans la plateforme web, via laquelle les candidats géolocalisent les moniteurs de conduite, voient leurs disponibilités ainsi que la note laissée par les autres élèves.

"Ca doit permettre de revaloriser les moniteurs, qui ne sont pas reconnus, souvent mal payés. Ceux qui viennent nous voir ont majoritairement 30-35 ans, et sont des déçus du système actuel", note Alexandre Chartier. Des contrats de location longue durée ont été négociés avec des constructeurs automobiles, pour permettre à ces professeurs qui ne seront pas salariés, mais indépendants, de s'équiper en voiture à double commande.

Ornikar prend une commission sur les heures de conduite, "peu d'argent, sur un grand nombre d'heures. Il faut donc une masse critique", explique-t-il encore, faisant le parallèle avec un radio-taxi: "on met en relation les candidats et les moniteurs diplômés".

Quant à la présentation des candidats aux examens du code et du permis, elle se fait, pour la plupart, en candidat libre.

 

-Assignés en justice par la profession -

 

Ce modèle économique doit leur permettre de proposer des tarifs divisés par deux par rapport à ceux des auto-écoles traditionnelles. Il leur a valu fin 2013 d'être lauréats d'un concours lancé par trois poids lourds du web français, Xavier Niel (Free), Marc Simoncini (Meetic) et Jacques-Antoine Granjon (Vente-privée), avec une récompense de 25.000 euros.

L'Union nationale des indépendants de la conduite (Unic), dénonce sur son site des "lauréats ne connaissant rien à notre profession".

Les professionnels du secteur voient en effet d'un mauvais oeil l'arrivée de ce concurrent. L'Unic craint la "paupérisation de toute une profession" et l'envoi d'un "grand nombre de candidats dans les marécages boueux du candidat" libre.

Plusieurs syndicats et associations ont récemment assigné Ornikar en justice, l'accusant de se lancer avant d'avoir obtenu l'agrément de la préfecture. Le tribunal de commerce de Paris a débouté les plaignants, mais demandé à Ornikar de ne plus afficher ses tarifs avant d'avoir l'autorisation d'exercer.

"Nous sommes dans une profession règlementée et Ornikar a violé toutes les règles", selon l'avocat des plaignants, Me Claude Legond.

Les jeunes entrepreneurs refusent fermement toute comparaison avec le conflit entre taxis et VTC: "on ne joue pas avec des cartes différentes. On n'a pas du tout envie de se battre contre les auto-écoles, mais de bosser ensemble, d'utiliser les mêmes outils". En louant, par exemple, l'usage de leur plateforme web.

Alexandre Chartier en est certain: "il y a un marché, une demande qui existe. Nous avons rencontré la préfecture à plusieurs reprises, pour comprendre les aspects réglementaires". Et avance qu'une centaine de moniteurs sont prêts à signer un contrat.

Depuis le lancement du projet mi-2013, quelque 50.000 euros ont été investis. La mise de départ: toutes les économies des deux jeunes hommes, soit 7.000 euros chacun. Ils envisagent une levée de fonds de 500.000 à un million d'euros "assez rapidement".

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