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Le cheval sauvage de Przewalski remis en liberté en Lozère

Des chevaux de Przewalski dans le parc national Hustai en Mongolie, le 5 juin 2013 [Mark Ralston / AFP/Archives] Des chevaux de Przewalski dans le parc national Hustai en Mongolie, le 5 juin 2013 [Mark Ralston / AFP/Archives]

Un paysage de steppe à 1000 m d'altitude: au Villaret (Lozère), un hameau perdu dans le Causse Méjean, l'association Takh ("cheval" en Mongol) remet en liberté depuis 24 ans les chevaux de Przewalski et lutte contre l'extinction de cette espèce menacée.

Jamais domestiqué, ce cheval d'Asie centrale porte le nom du colonel russe qui l'a découvert en 1879 dans le désert de Gobi. Sa dernière observation en liberté remontait à 1966. Mais cet équidé vient de l'époque glaciaire et a parcouru l'Europe il y a au moins 20.000 ans. En atteste les peintures rupestres de la grotte de Lascaux.

Actuellement, Takh recense 46 chevaux, dont 10 poulains, en Lozère. Il y en aussi 45 en Mongolie. En septembre 2004, douze descendants des premiers chevaux accueillis au Villaret, avaient voyagé par avion-cargo pour une zone de 14.000 hectares clôturés du Parc national de Khar Us Nuur dans la région de Khomiintal, à l'ouest du pays. Un an plus tard, dix autres avaient suivi.

"Pour l'instant tout ce passe bien. Ils vivent bien. Cette année, ils ont eu 11 poulains", se réjouit Anne-Laure Faquet, la responsable administrative de l'association qui emploie une quinzaine de personnes en Mongolie pour la réussite de cette réintroduction dans le berceau d'origine.

L'ambition de sauver cette espèce en voie d'extinction revient au Dr Claudia Feh, une biologiste qui effectuait sa thèse sur les chevaux de Camargue à la Tour de Valat (Arles/Bouches-du-Rhône), la station biologique fondée par le Suisse Luc Hoffmann en 1954 et devenue un centre de recherches reconnu mondialement pour ses travaux sur les zones humides.

En 1990, soutenue par le Fonds mondial pour la nature (WWF) et le Parc national des Cévennes, Takh avec l'aide financière de M. Hoffmann a ainsi acquis le Villaret et y a installé onze chevaux, tous provenant de zoos européens.

"Les rudes conditions climatiques se rapprochent de la Mongolie. Il peut y faire très chaud jusqu'à 30 degrés mais aussi très froid avec moins 14 degrés", explique Mme Faquet.

- Epops, garde malade -

Le cheval de Przewalski a mauvais caractère et décoche souvent des coups de pied. Sur le plan physique, il ressemble un peu à un âne, court (1,20 m à 1,35 m au garrot) sur ses pattes discrètement zébrées, sa robe est rousse sans toupet sur le front et avec une ligne brune qui va de l'encolure à la queue. En outre, il a une particularité génétique: 66 chromosomes contre 64 pour les races domestiques.

Au Villaret, seul endroit de France où il est possible de les observer en semi-liberté, les chevaux vivent quasiment sans l'intervention humaine. Sur cette terre austère, le seul signe de la main de l'homme est la présence d'abreuvoirs.

Des chevaux de Przewalski au zoo Troja de Prague [Michal Cizek / AFP/Archives]
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Des chevaux de Przewalski au zoo Troja de Prague

Un gardien est cependant chargé de les faire passer d'un pâturage de 200 hectares à un autre une fois par an et de vérifier le reste du temps que le troupeau se porte bien. Qu'il n'y a pas de malades, de blessés car ces chevaux qui vivent en groupes familiaux avec des mâles dominants peuvent être très agressifs entre eux.

Il y a un cas à part. Celui d'un des doyens, Prezzi, parmi les premiers installés en Lozère. Désormais, il refuse de suivre le reste du troupeau. Mais il a Epops, qui reste aussi. Comme s'il était son garde malade.

Pour l'avenir, aucun transfert de chevaux n'est prévu vers la Mongolie. "Trop cher" (120.000 € en 2004, NDLR). Takh ambitionne donc de faire prospérer le troupeau déjà sur place tandis qu'au Villaret, il s'agit d'assurer un "réservoir de population si jamais il y a un problème" en Mongolie.

Autre objectif: favoriser la diversité génétique avec des rencontres d'autres programmes de réintroduction qui existent. "En voie d'extinction, il ne restait plus que treize lignées génétiques. Ce serait bien déjà de parvenir à retrouver ces treize lignées. Et d'éviter la consanguinité", souligne Mme Faquet.

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