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Paris: Hidalgo s'inquiète de l'austérité gouvernementale

La maire de Paris Anne Hidalgo avec le Premier ministre Manuel Valls et le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, le 19 août 2014 à Paris [Patrick Kovarik / AFP/Archives] La maire de Paris Anne Hidalgo avec le Premier ministre Manuel Valls et le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, le 19 août 2014 à Paris [Patrick Kovarik / AFP/Archives]

Anne Hidalgo, maire de Paris, et son équipe abordent la rentrée en s'inquiétant de l'évolution des finances de la Ville, plusieurs initiatives gouvernementales risquant de contrarier leurs projets.

Le sujet doit être au centre d'un entretien que la maire socialiste de la capitale, six mois après son élection, doit avoir mardi à l'Hôtel Matignon avec le Premier ministre Manuel Valls, en pleine préparation budgétaire. La crise gouvernementale devrait toutefois entraîner un report de ce rendez-vous.

La successeur de Bertrand Delanoë entend préserver au maximum les marges de manoeuvre financières de Paris, alors qu'elle a placé son mandat sous le signe d'une transformation ambitieuse de la capitale, autour d'un programme de 8,5 milliards d'euros d'investissements, en priorité pour le logement social.

En cause, la réduction des dotations de l'Etat, la charge de solidarité avec les autres départements franciliens, au rythme de progression élevé, le sort de la taxe de séjour perçue par la Ville et le financement de la Philharmonie de Paris, une grande salle de concert en cours d'achèvement dans l'Est parisien.

L'ensemble des collectivités territoriales touche depuis cette année 1,5 milliard d'euros (md EUR) de moins qu'en 2013 et d'ici fin 2017, le manque à gagner total s'élèvera à 28 mds EUR, d'après l'Association des maires de France (AMF).

Mais la contribution de la capitale à ces économies s'annonce largement supérieure à la moyenne. A la fois commune et département, Paris va payer deux fois.

La capitale recevait jusqu'ici annuellement 1,2 à 1,3 md EUR, elle en perd 100 millions cette année, sans doute près de 200 en 2015. "Dans les trois ans à venir, les concours de l'Etat devraient être diminués par deux, et passer à un peu plus de 600 M (millions) EUR", selon l'Hôtel de Ville.

Son budget actuel se monte à 8 mds EUR, dont 1,4 d'investissements.

Anne Hidalgo a réclamé début juillet une baisse moins "brutale", et compte faire voter en ce sens une motion que l'AMF a encouragé toutes les communes à signer.

"Si on baisse les investissements, il y aura un impact négatif sur l'emploi", a-t-elle mis en garde, plaidant pour "un échelonnement" des baisses de dotations.

La Ville a toutefois mis en sourdine ses inquiétudes, l'équipe municipale se gardant de tout commentaire avant l'entretien avec Manuel Valls. "La maire a souhaité avoir dès son élection une discussion financière très globale avec l'Etat", rappelle-t-on.

L'épineux dossier de la Philarmonie

Paris demande d'autre part un coup d'arrêt à la progression rapide ces dernières années des prélèvements opérés sur ses fonds pour les redistribuer à des départements et communes pauvres.

Au vu de mesures déjà votées par le parlement, cette contribution devrait augmenter de 60 M EUR l'an prochain pour avoisiner 450 M EUR. "Il faut en rester là", souligne un expert à la mairie.

"La ville de Paris reste une collectivité riche par rapport à d'autres, on en est tout à fait conscient. On soutient la réduction des inégalités entre les territoires" mais celle-ci "va un petit peu vite", explique la mairie.

A cela s'ajoute un contentieux sur la taxe de séjour, perçue par les communes (40 M de recettes annuelles pour la Ville), dont la hausse avait été votée au parlement en juillet avant d'être remise en cause. Le dossier reste en suspens.

Dernier dossier conflictuel, et non des moindres, la Philharmonie de Paris. Située à La Villette, cette salle ultra-moderne de 2.400 places doit être inaugurée en janvier. Bertrand Delanoë s'était engagé à participer au financement de la moitié du coût de la construction, l'Etat apportant le reste. Mais voilà, elle devrait coûter environ 380 millions d'euros, 45 de plus que prévu. La Ville refuse de verser une rallonge. "On est dans une négociation financière classique en cours avec l'Etat", minimise-t-on à l'Hôtel de Ville.

Par-dessus tout, Paris, aujourd'hui en mesure de financer lui-même "près de 80%" de ses investissements, tient à préserver cette capacité. "C'est absolument clé, pour Anne Hidalgo, il est hors de question de renoncer" à son programme d'investissements, "il faut trouver le bon dosage pour ne pas affaiblir économiquement" la capitale, selon l'équipe municipale.

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