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La semaine de Philippe Labro : déchaînement de haine, cadenas de l’amour

Philippe Labro Philippe Labro, écrivain, cinéaste et journaliste[THOMAS VOLAIRE]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour Direct Matin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

 

MERCREDI 24 SEPTEMBRE

Le terme de "sidération" (utilisé par Pascal Praud sur RTL) est celui qui convient pour décrire l’état de l’opinion publique française à l’annonce de l’assassinat d’Hervé Gourdel, 55 ans. Capturé. Décapité.

Ce n’est pas seulement la "classe politique" qui est "sous le choc", pour reprendre les expressions utilisées depuis que l’atroce vidéo de revendication et de mise en scène de cet acte barbare a bouleversé l’actualité et a bouleversé notre vie quotidienne. C’est toute la France. On est, vous êtes, nous sommes, je suis "sidéré" par ce qui, néanmoins, malheureusement, était redouté et attendu.

Le visage souriant et honnête du guide Gourdel, ses traits marqués par une vie "loin des bureaux", comme il disait à ses amis, ce visage si sympathique, a, soudain, occupé l’inconscient collectif des Français et demeurera encore longtemps inscrit dans les mémoires, même si, et c’est normal, une actualité multidiverse va continuer, ponctuée des décisions prises, on l’espère, par l’ensemble des pays européens pour accompagner l’effort de guerre français – et puis, le sport, le spectacle, les chiffres du chômage, les clivages droite et gauche, tout reprendra, forcément, son cours. Mais il restera ce visage de Gourdel, ce sourire disparu, ce martyr.

Jeudi matin, toujours sur RTL, François Fillon rappellera que les décapitations, les viols, les massacres se perpètrent tous les jours, en ce moment, dans les régions que l’EI ("Daesh", comme on l’appelle en langue arabe) envahit en prenant possession de portions de Syrie et d’Irak et en les terrorisant.

Le combat contre le jihadisme va être long. Nul aujourd’hui ne peut en dessiner les développements ou la fin. Commencé par le 11 septembre 2001 à New York, le XXIe siècle continue son chemin chaotique et imprévisible.

 

SAMEDI 20 SEPTEMBRE

Avant cet événement du 24 qui écrase tout le reste, on pouvait retenir des choses plus légères : ainsi le New York Times, sous la plume de Doreen Carvajal, découvrait le problème des "love locks" – les cadenas de l’amour –, ces objets accumulés sur les balustrades du pont des Arts, à Paris, un rite qui a débuté il y a quelques années. Les couples amoureux posent des cadenas, témoins de la pérennité de leur amour.

Dans le cas du pont des Arts, puis celui du pont de l’Archevêché et de la passerelle Simone-de-Beauvoir, on est arrivé à saturation : plus de 700 000 cadenas venus de Hong Kong, du Brésil, de l’Europe entière.

Le phénomène a pris une telle ampleur que la ville de Paris a décidé de poser des panneaux en Plexiglas, raconte ma consœur dans un article, qui faisait, tout de même, plusieurs colonnes en une de ce prestigieux et sérieux quotidien américain, lequel posait alors la question cruciale : la probable disparition de ces cadenas va-t-elle modifier l’idée que les étrangers se font de notre ville : "City of Love" ? La Cité de l’Amour.

J’avais relevé cette anecdote, bien conscient de sa légèreté face aux angoisses multiples que provoque le désordre actuel du monde. Comment rééquilibrer le déséquilibre du XXIe siècle ?

 

LUNDI 22 SEPTEMBRE

La réponse n’est, bien entendu, pas donnée par Leonard Cohen, malgré le titre de son nouveau CD : "Popular Problems". Cohen ne prétend pas régler l’état du monde.

Je compte parmi les millions d’admirateurs de ce merveilleux poète, compositeur, interprète, qui, à 80 ans, vient de lancer un album de neuf chansons possédant le charme, le mystère, pourrait-on dire la magie, de l’auteur de Suzanne ou de Bird on a Wire. Je vous le recommande. 

 

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