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L'auteur du calvaire d'Agnès Marin au collège Cévenol rejugé en appel

Une photo du 18 juin 2013 prise au Puy-en-Velay lors du procès de Matthieu, meurtrier présumé de la jeune Agnès Marin.[Thierry Zoccolan / AFP/Archives]

Condamné à la perpétuité en première instance, l'assassin et violeur d'Agnès Marin, une pensionnaire de 13 ans du collège Cévenol (Haute-Loire) retrouvée carbonisée au Chambon-sur-Lignon en 2011, est rejugé à partir de lundi devant les assises des mineurs de Riom (Puy-de-Dôme).

 

L'affaire avait fait grand bruit à l'époque des faits. Le Premier ministre d'alors François Fillon avait même convoqué une réunion interministérielle destinée à améliorer la prévention de la récidive.

Car Matthieu, le meurtrier présumé, âgé alors de 17 ans, avait intégré le collège Cévenol dans le cadre d'un contrôle judiciaire strict après quatre mois de détention provisoire pour le viol sous la menace d'une arme d'une camarade de 15 ans, Julie, dans le Gard, un an plus tôt. Une affaire pour laquelle il est également rejugé à Riom.

En juin 2013, la cour d'assises des mineurs de Haute-Loire était allée au-delà des 30 ans de réclusion réclamés par le ministère public à l'encontre de Matthieu. Une condamnation à perpétuité unique à ce jour pour un mineur, à l'exception de celle de Patrick Dils en 1989 pour le double meurtre de Montigny-les-Metz, mais acquitté en 2002.

"Cette peine n'a pas de sens. Cela signifie qu'on le considère comme un monstre qu'il convient d'éliminer, qu'on a fait d'ores et déjà une croix sur la perspective de ce garçon de se soigner et de s'améliorer", a déclaré à l'AFP l'une des deux avocates, Me Isabelle Mimran, qui avait fait appel.

Ce procès de dix jours devrait se tenir à huis clos partiel, la défense de Julie ayant accepté sous conditions que les débats ne concernant pas sa cliente soient publics. Une requête de la famille Marin, qui entend dénoncer "les dysfonctionnements de l'institution judiciaire". Et qui a assigné l'Etat pour faute lourde devant le tribunal de Paris.

"Ce qui relève de la personnalité de l'accusé, les auditions des psychiatres et tout ce qui touche au dossier de ma cliente seront couverts par le huis clos", comme cela avait le cas lors du premier procès, a détaillé vendredi Me Valérie Devèze-Fabre, avocate de Julie.

Elle a fait valoir que l'avocat de la famille Marin, Me Francis Szpiner, s'était "engagé à une obligation de résultat dans la maîtrise des propos tenus par ses clients" pour que rien ne filtre sur la jeune Julie "qui reste extrêmement vulnérable".

-Accro aux stupéfiants et aux jeux vidéo -

 

Le 16 novembre 2011, Agnès Marin, élève en troisième au collège-lycée Cévenol, établissement privé select du Chambon-sur-Lignon, disparaissait après une après-midi libre. D'importantes recherches étaient organisées, auxquelles participait le jeune Matthieu.

Très vite, les soupçons s'étaient resserrés sur cet élève de première, portant des griffures au visage. Placé en garde à vue le 17 novembre, le jeune homme, "froid et sans émotion" selon le parquet, finissait par craquer et conduisait le lendemain soir les enquêteurs vers un ravin d'une forêt des environs, où gisait le corps carbonisé de la jeune pensionnaire.

Outre les violences sexuelles, l'autopsie dénombrera dix-sept coups de couteau dans le thorax et à la tête. Son ADN était également retrouvé dans une tache de sang sur le jean porté par Matthieu ce jour-là.

L'adolescent expliquait alors avoir attiré sa camarade dans la forêt au prétexte de cueillir des champignons hallucinogènes.

La personnalité de l'accusé, ayant une addiction aux stupéfiants et aux jeux vidéo et qualifié par les experts de garçon "aux traits pervers très actifs et effrayants", devrait être à nouveau au coeur des débats. Tout comme les failles du contrôle judiciaire strict assuré par la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) du Gard.

Un pédopsychiatre montpelliérain avait conclu à la non-dangerosité de Matthieu qui avait été alors jugé apte à intégrer cet internat protestant, pourtant critiqué pour son laxisme. Ses dirigeants ont toujours affirmé n'avoir pas eu connaissance de la nature exactes des faits reprochés à Matthieu.

Longtemps montré en exemple pour sa pédagogie de tolérance et d'humanisme, le collège-lycée Cévenol a fermé depuis définitivement ses portes le 11 juillet.

Verdict attendu le 10 octobre.

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