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La famille de Rémi Fraisse porte plainte

Le corps de Rémi avait été retrouvé sur le site de Sivens dans le Tarn[PASCAL PAVANI / AFP]

La famille de Rémi Fraisse, 21 ans, mort dimanche sur le site du barrage de Sivens (Tarn), s'apprêtait mardi à déposer deux plaintes, l'une notamment pour "homicide volontaire", alors qu'au niveau national une polémique enflait sur les causes du décès du jeune manifestant.

 

Prônant "l'apaisement", François Hollande en a appelé à la "responsabilité" de chacun "dans son expression", au sujet de la mort de l'opposant, qualifié de "drame" par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.

"Il y a une responsabilité que chacun doit avoir, dans son expression", a souligné le chef de l'Etat. François Hollande a aussi déclaré qu'en tant que président de la République, lors de "moments éprouvants", "sa première responsabilité" était d'appeler à "l'apaisement, à la compréhension et au droit. Nous sommes dans un pays de droit", a-t-il souligné.

Les avocats de la famille Fraisse ont annoncé qu'ils allaient déposer deux plaintes à Albi: l'une pour "homicide volontaire" et l'autre pour "violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner", a précisé Me Arié Alimi, sur RMC-Info.

Mardi, devaient être connus les résultats d'analyses effectuées par le laboratoire de police scientifique de Toulouse sur des prélèvements de peau, des lambeaux du sac à dos de la victime et divers débris. Le procureur de la République à Albi, Claude Dérens, pourrait tenir dans la foulée une conférence de presse.

Lundi, le magistrat avait annoncé que le décès était "vraisemblablement" dû à une "explosion". Mais il avait précisé que l'autopsie ne permettait pas de déterminer si la mort était due "à une grenade lancée depuis la zone où les gendarmes étaient retranchés", dans la nuit de samedi à dimanche, sur le chantier du projet de barrage à Lisle-sur-Tarn, théâtre d'affrontements.

Le procureur, dans une interview à RTL, a dit n'avoir "absolument aucun doute sur l'action de la gendarmerie" à ce moment-là. "Les gendarmes étaient absolument attaqués, incontestablement (...) face à un groupe extrêmement important et violent" et Rémi Fraisse "faisait partie de ce groupe".

Sur France Info, l'un des conseils de la famille, Me Arié Alimi, a cependant accablé les gendarmes. "Je m'oriente plutôt vers un tir d'arme, un projectile, flash-ball, grenade, à tir tendu, assez proche, pendant une charge des gendarmes mobiles", a déclaré Me Alimi.

Les gendarmes sont "des militaires aguerris" qui "savent que, dans certaines conditions, des projectiles tirés peuvent provoquer la mort", a-t-il fait valoir.

Le ministère public, a ajouté l'avocat, "essaie de semer un petit peu la confusion et de dire que le décès de Rémi peut être causé par un cocktail Molotov lancé par les manifestants". "Ce que je sais c'est qu'il n'y a pas de brûlures. Un cocktail Molotov provoque des brûlures".

 

De nombreuses réactions

Le député européen écologiste José Bové a lui aussi désigné les gendarmes: "Il faut attendre très clairement les résultats mais tous les témoignages sont concordants pour dire que l'engin qui l'a tué venait des gendarmes".

M. Bové a assuré que Rémi Fraisse n'était "pas quelqu'un qui était là pour en découdre". "Il était bénévole à France Nature Environnement, spécialiste de la botanique. Comment est-ce qu'on peut croire qu'on a affaire, là, à un professionnel des bagarres?", a-t-il demandé.

José Bové a accusé Bernard Cazeneuve de "provocation": "J'accuse le ministre de l'Intérieur d'avoir mis délibérément des gendarmes pour garder une zone dévastée sans aucun engin (de chantier, ndlr), uniquement pour créer de la tension", a-t-il dit sur BFM TV.

Le ministre de l'Intérieur a répliqué en dénonçant une "instrumentalisation sans vergogne d'un drame".

La députée écologiste Cécile Duflot, ex-ministre du Logement, a qualifié, sur France Info, la mort du manifestant de "tache indélébile sur l'action du gouvernement".

"Depuis 1977, il n'y avait pas eu de mort dans des manifs écolos" et "depuis 1986 et Malik Oussekine, il n'y avait pas eu de mort dans une manifestation", a renchéri sur France Inter Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d'Europe Écologie-Les Verts (EELV).

Aucune nouvelle manifestation n'était prévue mardi, après les heurts lundi soir à Albi et dans plusieurs villes de France, lors de rassemblements dénonçant "les violences policières". A Nantes huit personnes ont été interpellées, dont cinq ont été placées en garde à vue.

 

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