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Mort de Remi Fraisse : au moins 34 interpellations à Nantes à Toulouse

[PASCAL PAVANI / AFP]

Les débordements, en marge de rassemblements six jours après la mort de Rémi Fraisse, ont donné lieu à 21 interpellations à Nantes et 13 à Toulouse, a annoncé samedi soir Bernard Cazeneuve.

 

Le ministre de l'Intérieur a affirmé que "tous ceux qui sont à l'origine de ces actes ont vocation à être rattrapés par la justice", lors d'une brève allocution depuis son ministère.

"La police et la justice feront leur oeuvre pour que les valeurs de la démocratie l'emportent sur ces violences inacceptables", a-t-il dit.

Les "exactions" à Nantes, Toulouse mais aussi Dijon "sont le fait d'individus que je ne veux pas qualifier de manifestants parce qu'ils méritent d'être qualifiés de casseurs", a déclaré le ministre de l'Intérieur.

"Ces agressions à destination des forces de l'ordre ont conduit aux jets de projectiles, de cocktails Molotov, de balles acides qui ont blessé des policiers et qui auraient pu se trouver à l'origine, une fois encore, de drame", a-t-il ajouté, saluant le travail des forces de l'ordre.

Il a une nouvelle fois appelé au calme, "la meilleure manière de rendre hommage à la mémoire de Rémi Fraisse", a affirmé M. Cazeneuve.

 

Nantes en proie aux violences

A Nantes, un manifestant a été atteint par un coup de matraque dans la tempe (bien: dans la tempe) et deux autres ont été atteints aux jambes par des éclats de grenades de désencerclement, selon les journalistes de l'AFP sur place. Deux membres de forces de l'ordre ont été légèrement blessés, selon la préfecture.

En fin d'après-midi, les heurts se poursuivaient, les  manifestants, évalués à 800 par la préfecture, commençant à reculer, protégés par deux palissades de chantier, sous la pression des forces de l'ordre.

Les manifestants, parmi lesquels de nombreux opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame des Landes, ont utilisé des projectiles très variés  lançant des bouteilles, des fusées de détresse, ou encore des panneaux de signalisation et des poubelles.

Les forces de l'ordre ont répliqué par des grenades lacrymogènes et assourdissantes et ont tiré des balles de caoutchouc, touchant un manifestant dans le dos, sans que l'on sache immédiatement s'il avait été blessé.

La manifestation a commencé à dégénérer dans l'artère principale de la ville, le cours des 50 otages.

Le cortège était parti vers 14h45 de la préfecture, derrière deux banderoles proclamant "Solidarité contre les violences policières" et "22 février, 3 yeux perdus. 26 octobre, un mort", en référence à une importante manifestation qui s'était déroulée le 22 février à Nantes contre le projet de nouvel aéroport nantais.

Les protestataires répondaient à l'appel des organisateurs de ce rassemblement, des mouvances radicales anti-capitalistes qui entendent "exiger l'arrêt des meurtres et mutilations perpétrées par l'Etat".

Certains des manifestants avaient le visage masqué et défilaient aux cris de "La police mutile, la police assassine" ou encore "Flics, porcs, assassins", "police nationale, milice du capital".

 

"C'est pas nous qui venons armés, suréquipés"

"Combien faudra-t-il de mort.e.s pour que nous désarmions enfin la police", pouvait-on lire dans un communiqué des organisateurs qui demandaient au préfet "de s'engager à ne tuer et à ne mutiler personne samedi".

Une banderole, "solidarité contre les violences policières", était accrochée près du rassemblement.

"C'est un jeune camarade qui a été tué par la police, par l'Etat, et on ne peut pas laisser passer ça", a expliqué Annaik, 23 ans, venant de Rennes. "La violence, elle est pas du côté des manifestants, elle est du côté de la police".

"On est venu montrer qu'on n'a pas peur. C'est pas nous qui venons armés, suréquipés. Si eux sont violents, on se défendra", a expliqué Corentin, 18 ans, venu de la région de Nantes.

Le préfet de la Loire-Atlantique, Henri-Michel Comet, avait appelé vendredi "au respect de la paix publique et à la plus grande vigilance" et annoncé le déploiement d'un dispositif de sécurité "afin de prévenir et de réprimer toute atteinte aux biens et à la sécurité des personnes".

A la suite des violences de lundi dernier, lors d'une précédente manifestation, plusieurs organisations anti-aéroport, dont EELV, mais aussi l'Acipa et le Cedpa, principales associations institutionnelles d'opposants, se sont désolidarisées de l'appel à manifester samedi.

Le gestionnaire du réseau des transports en commun de l'agglomération nantaise, la Semitan, a suspendu la desserte des bus et tramways dans le centre-ville pendant toute la durée de la manifestation.

 

Débordements à Toulouse

Dans le quartier Esquirol, les CRS ont affronté plusieurs dizaines de jeunes gens décidés à en découdre. Au moins six personnes ont été interpellées, a constaté un photographe de l'AFP.

Un abribus a été cassé, une agence bancaire saccagée et des distributeurs automatiques bancaires ont été défoncés à coups de masse, sur une grande artère du centre. 

En fin d'après-midi, plusieurs dizaines de jeunes gens très mobiles, le visage parfois masqué, harcelaient les CRS par des invectives et des jets de canettes de bière ou de pierres, en différents points du centre. Les forces de l'ordre chargeaient et faisaient usage de gaz lacrymogènes. 

Les manifestants "en mémoire de Rémi Fraisse" avaient d'abord été, 600, selon la police, au plus fort du rassemblement convoqué à 15H00. Ils avaient été contenus sur la Place du Capitole par des dizaines de policiers. Puis les forces de l'ordre avaient tiré quelques grenades lacrymogènes quand le cortège avait tenté de quitter la place. 

Peu avant 17H00, quelque 300 manifestants se sont déplacés vers une grande artère, survolée par un hélicoptère des forces de l'ordre. Aux abords du Palais de Justice, les CRS poursuivaient différents groupes de jeunes incendiant des conteneurs de poubelles.

"Toulouse debout, un camarade est mort", avaient crié des manifestants à l'issue du rassemblement, le plus important dans la ville rose depuis le décès dimanche de Rémi Fraisse, 21 ans, sur le site du projet contesté de barrage-réservoir de Lisle-sur-Tarn. 

Vers 18H00, à moins de 300 mètres des lieux des échauffourées, plus de 300 manifestants restaient regroupés pour un sit-in pacifique sur la voie publique. 

Des élus écologistes de la Région Midi-Pyrénées s'étaient joints à la manifestation, pour demander "l'abandon" du projet de retenue d'eau. 

 

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