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Le véritable danger de la pollution de l'air à Paris

Des épisodes de pollution aux particules, favorisés par un temps sec et sans vent, affectent régulièrement la région parisienne. [Kenzo Tribouillard / AFP/Archives]

La pollution est aussi nocive que le tabagisme passif. Le problème sanitaire de la qualité de l’air dans la capitale était déjà connu, il est désormais clairement quantifié grâce à une vaste étude dévoilée lundi.

Menée lors des dix-huit derniers mois, elle a été réalisée à partir des données collectées par les capteurs derniers cris du Ballon de Paris, qui flotte au-dessus du parc André Citroën (15e). Résultat : lors des pics de pollution, les experts ont mesuré une dangereuse concentration de particules très fines (de moins de 0,001 millimètres de diamètre), notamment émises par le trafic routier. Un véritable problème de santé publique.

Des particules très néfastes

Lors des deux derniers grands épisodes de pollution, en décembre 2013 et en mars 2014, les experts ont relevé jusqu’à quinze fois plus de particules fines qu’en temps normal. Il y en avait même jusqu’à trente fois plus lors de la pire journée, le 13 décembre 2013, soit six millions de particules par litre d’air (l’équivalent de deux inspirations), contre 200 000 habituellement. Ce jour-là, marcher dans Paris était aussi nocif que d’être enfermé dans une pièce de 20m2 avec huit cigarettes allumées en même temps.

Pointée du doigt depuis 2012 par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la dangerosité de ces fines poussières est double. Les particules entrent dans l’organisme par les poumons, et renforcent les risques de développer de l’asthme, des accidents cardio-vasculaires, voire des cancers. Les pics de pollutions sont particulièrement dangereux pour les populations fragiles, comme les personnes âgées, les jeunes enfants ou les asthmatiques, qui s’exposent à des troubles pouvant aller jusqu’à l’infarctus.

"Cette pollution ne devrait pas augmenter de façon dramatique comme à Pékin par exemple.  Mais il faut la faire diminuer car l’impact sanitaire est déjà très important", souligne Mathieu Gobbi, le directeur général d’Aeroparis, société qui exploite le ballon. On estime aujourd’hui qu’à 30 ans, un Francilien a déjà perdu six mois d’espérance de vie en raison de la pollution atmosphérique.

Un plan d’envergure en janvier

Ces risques ont déjà conduit le gouvernement a mettre en place la circulation alternée à Paris lors du pic du 17 mars dernier, une première depuis 1997. De son côté, la municipalité a instauré la gratuité du stationnement résidentiel en cas de pics, incitant les Parisiens à utiliser Vélib’ et Autolib’.

Mais ce "constat édifiant incite à l’action pour réduire durablement cette pollution au quotidien", souligne Christophe Najdovski, l’adjoint EELV aux transports. La mairie de Paris devrait présenter début janvier un "plan anti-pollution".

L’interdiction des véhicules diesel dans le coeur de Paris est évoqué, tout comme la réduction du nombre de voitures particulières au profit de modes de transport écologiques, comme l’autopartage et les transports en commun. Anne Hidalgo, la maire PS, interviendra d’ailleurs jeudi à un forum mondial sur la qualité de l’air, au Carreau du Temple (3e).

Les origines des particules fines

Les usines franciliennes rejettent 30% des particules fines en suspension dans l’atmosphère, selon Airparif.

Le trafic routier produit environ 25 % de ces poussières cancèrigènes. Elles sont surtout émises par les véhicules diesel.

Le chauffage au bois, principalement en grande couronne, est également responsable de près de 25 % des émissions.

L’agriculture est à l’origine 15% des particules fines, notamment à cause des machines agricoles et de l’épandage.

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