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Ménard veut une rue Hélie de Saint Marc à Béziers

Hélie Denoix de Saint-Marc en novembre 2011. [JEAN-PHILIPPE KSIAZEK]

Robert Ménard, le maire de Béziers, enchaîne les mesures symboliques. Dernière en date, il souhaite débaptiser une rue du 19 mars 1962 pour lui donner le nom du commandant Hélie Denoix de Saint Marc.

 

Depuis son élection à la tête de la mairie de Béziers, l'ancien président de Reporters sans Frontières multiplie les décisions et les mesures, pratiques ou symboliques, qui entendent concrétiser le changement qu'il préconise. Tout a commencé avec l'interdiction d'étendre du linge aux fenêtres du centre-ville, la volonté de convoquer systématiquement à la mairie les petits délinquants ou la mise en place d'un plan de lutte contre les crachats dans la rue.

De manière plus symbolique, le nouveau maire de Béziers a également accompli plusieurs gestes à connotations historique, politique ou religieuse qui n'ont pas manqué d'alimenter le débat. Qu'il s'agisse de la commémoration du massacre d'Oran commis par le FLN le 5 juillet 1962, de sa participation à la messe d'ouverture de la feria de Béziers en août, de la promotion appuyée d'une conférence d'Eric Zemmour dans la ville en octobre, ou tout récemment de son refus de démanteler la crèche dressé à l'hôtel de ville.

 

Levée de boucliers

A l'affaire de la crèche de Noël pourrait aussi s'ajouter la polémique Hélie Denoix de Saint Marc. Car Robert Ménard a décidé de débaptiser la rue du 19 mars 1962 pour lui conférer le nom de ce résistant décédé en août 2013, déporté à Buchenwald, ancien d'Indochine, qui avait mis son régiment, le 1er régiment étranger de parachutistes (REP), au service des généraux qui avaient entrepris un putsch à Alger en avril 1961. Il avait ensuite été emprisonné à Tulle.

Le nom d'Hélie de Saint Marc, élevé au rang de Grand Croix de la Légion d'Honneur par Nicolas Sarkozy en novembre 2011, n'a pas manqué de déclencher la controverse, notamment chez les élus de l'opposion ou au sein des associations d'anciens combattants marqués à gauche. Le président du groupe PS au conseil municipal, Jean-Michel du Plaa, a déclaré au quotidien Libération : "Il ne faut pas réécrire l'histoire au profit de la frange la plus radicale des partisans de l'Algérie Française".

 

"Personnalité d'exception"

Le son de cloche est différent ailleurs, en particulier chez de nombreuses associations de rapatriés. Ainsi, au Cercle Algérianiste, puissante organisation qui entend sauvegarder la mémoire des Français d'Algérie et participer à la défense de leurs intérêts, on se félicite du projet de Robert Ménard.

"En choisissant de rebaptiser cette rue, «Commandant Hélie Denoix de Saint-Marc», héros de la résistance et déporté à Buchenwald, le maire de Béziers rend hommage à une personnalité d'exception (...). Rappelons, également, qu'Hélie Denoix de Saint-Marc a partagé la douleur et les épreuves des Pieds-Noirs et des Harkis, et n'a pas hésité à faire don de sa propre liberté pour respecter la parole donnée", indique son président, Thierry Rolando, dans un communiqué.

Une seconde controverse se cache dans ce changement toponymique. Car les adversaires de Robert Ménard dénoncent aussi l'abandon du nom "19 mars 1962" pour la rue concernée. La charge symbolique de cette date, celle des accords d'Evian, est en effet très forte.

Retenue pour commémorer la fin de la guerre, elle a toujours été refusée par une partie des assocations d'anciens combattants et par la majorité des organisations rapatriées, qui rappellent que de nombreux massacres se sont déroulés jusqu'à l'indépendance le 5 juillet 1962, et que par conséquent le 19 mars ne saurait être considérée comme la date du retour à la paix en Algérie.

Le conseil municipal du 11 décembre, au cours duquel ce changement de nom devrait être acté, s'annonce houleux.

 

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