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Woerth : non-lieu pour la vente de l'hippodrome de Compiègne

Eric Woerth à la sortie du bureau politique de l'UMP le 25 mai 2014 à l'Assemblée nationale à Paris. [Thomas Samson / AFP]

L'ancien ministre du Budget Eric Woerth a obtenu jeudi un non-lieu pour la vente contestée de l'hippodrome de Compiègne (Oise) en 2010, un répit judiciaire alors que deux procès l'attendent dans l'affaire Bettencourt.

 

Cette décision de la commission d'instruction de la Cour de justice de la République (CJR) met un terme à l'affaire pour le député UMP de l'Oise, car le non-lieu ne peut faire l'objet d'un pourvoi que de la part du parquet général. Or, celui-ci avait aussi requis un non-lieu en octobre.

"Ce n'est pas une surprise absolue", a réagi l'avocat de M. Woerth, Me Jean-Yves Le Borgne. Son client n'avait pas été mis en examen mais avait seulement le statut intermédiaire de témoin assisté devant la CJR, seule habilitée à juger les ministres pour des délits commis dans l'exercice de leurs fonctions.
Me Le Borgne s'est néanmoins félicité de ce non-lieu, "au bout d'une instruction minutieuse et particulièrement fouillée". A ses yeux, "les soupçons ont été pour certains complètement fantasmés, pour d'autres puisés dans la malveillance".
 

Réserves sur la vente
    
Au centre des interrogations de la justice, la décision, prise le 16 mars 2010 par l'élu de l'Oise, alors ministre du Budget, de valider par arrêté la vente de gré à gré pour 2,5 millions d'euros d'une parcelle de 57 hectares de la forêt de Compiègne, accueillant un golf et un hippodrome, à la Société des courses de Compiègne (SCC), jusqu'alors locataire. Une décision prise malgré l'opposition de responsables de l'Office national des forêts (ONF) et les réserves du ministère de l'Agriculture.

Après la plainte d'un syndicat forestier et de députés de gauche, une information judiciaire avait également été ouverte pour le volet non ministériel du dossier. Aucune mise en examen n'a été prononcée pour cette enquête qui s'est achevée début octobre.

Pour ceux qui contestent la vente, elle serait allée à l'encontre des textes en vigueur, qui prévoient l'adoption d'une loi préalable à l'aliénation des bois et forêts de l'État. L'absence d'appel d'offre, de publicité et de mise en concurrence a également été dénoncée. Mais c'est surtout le prix de cession, 2,5 millions d'euros, jugé bradé par les opposants à la vente, qui a suscité la polémique. Ce prix reflète "peu ou prou la valeur réelle de l'hippodrome", selon un rapport sénatorial de 2011. Mais lors d'une audience devant le tribunal administratif, le rapporteur public avait fait état "d'une expertise" qui laisserait "apparaître une valeur de 13 millions d'euros", susceptible d'être ramenée à 8,3 millions car les lieux étaient occupés.

Les opposants à la vente soupçonnent le député de l'Oise d'avoir voulu favorisé la Société des courses de Compiègne. L'ancien ministre, qui vient d'être nommé par Nicolas Sarkozy délégué général de l'UMP à l'Economie et aux Finances, s'en est toujours défendu, assurant avoir agi dans le cadre d'une politique plus globale de vente des biens fonciers non essentiels au service public.
    

Encore l'affaire Bettencourt
    
Parallèlement aux enquêtes pénales, une procédure administrative lancée notamment par le syndicat forestier et des députés écologistes est toujours en cours à Paris pour tenter de faire annuler la vente.
S'il est mis hors de cause, Éric Woerth n'a pas achevé son chemin judiciaire. L'ancien trésorier de l'UMP doit comparaître en janvier 2015 dans l'affaire Bettencourt, portant sur de présumés abus de faiblesse à l'encontre de l'héritière de L'Oréal, Liliane Bettencourt.

Il y est poursuivi pour recel d'une somme remise par Patrice de Maistre, l'ex-homme de confiance de la milliardaire. Mais l'affaire a connu un rebondissement spectaculaire avec la mise en examen pour faux témoignage à Paris d'un des témoins à charge, l'ex-comptable de Mme Bettencourt Claire Thibout.

Le député a également été renvoyé en correctionnelle pour trafic d'influence, soupçonné d'avoir favorisé l'obtention d'une légion d'honneur à Patrice de Maistre en échange d'un emploi pour sa femme dans une société de Liliane Bettencourt.

 

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