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Attentats à Paris : le point sur l'enquête

Les membres de la BRI et du Raid sur les lieux de la prise d'otages à Porte de Vincennes le 9 janvier. [THOMAS SAMSON / AFP]

L'enquête sur les attentats qui ont tué 17 personnes à Paris la semaine dernière ne s'est pas arrêtée avec la mort des tueurs, Amédy Coulibaly et les frères Kouachi.
 

 

Identification de l'origine et de l'auteur de la vidéo montrant un homme qui est sans nul doute Coulibaly, traque de complices éventuels, parcours des trois tueurs: la tâche est titanesque.
   
Un quatrième homme ?

Amédy Coulibaly semble bien l'homme qui figure dans une vidéo non authentifiée et brièvement disponible dimanche sur Dailymotion, où sont évoquées les attaques. Il y est fait mention de la prise d'otages du supermarché casher de l'est parisien vendredi, qui s'est terminée par la mort de Coulibaly. Elle a donc été montée et diffusée par un/des tiers entre vendredi soir et dimanche. Coulibaly avait "sans doute un complice", a abondé lundi matin Manuel Valls.

De même, les enquêteurs ont fait un rapprochement entre une arme trouvée dans le supermarché casher, un pistolet Tokarev, et l'agression d'un joggeur mercredi soir à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine). Le tireur était-il Coulibaly ? Ou quelqu'un d'autre, ce qui accréditerait la thèse d'une cellule plus structurée que ce qui était envisagé au départ?
   
 

Le mystère de l'explosion d'une voiture piégée à Villejuif

Dans un premier temps, des sources proches de l'enquête avaient écarté un lien avec les attaques de Charlie Hebdo et de Montrouge. Mais le parquet antiterroriste s'est finalement saisi du dossier. Survenue jeudi, cette explosion est décrite dans la vidéo comme commise par Coulibaly. Outre cette revendication, les enquêteurs disposent d'éléments accréditant la thèse d'un lien avec Coulibaly, a-t-on indiqué de source proche du dossier, sans plus de détails.
   
 

L'environnement islamiste des tueurs

Les frères Kouachi, Saïd et Chérif, tout comme Coulibaly, étaient connus. Chérif Kouachi a été condamné dans une affaire de filière d'envoi en Irak de jihadistes parisiens, endoctrinés par un "émir", Farid Benyettou qui s'est spontanément présenté aux enquêteurs et n'a pas été placé en garde à vue, selon des sources proches du dossier.

Coulibaly a été condamné pour un projet d'évasion de Smaïn Aït Ali Belkacem, un ancien des GIA algérien qui avait participé à la vague d'attentats de 1995.  Coulibaly comme Chérif Kouachi étaient des proches d'une autre figure de l'islamisme radical français, Djamel Beghal, détenu dans le dossier de l'évasion. Son avocat a affirmé que Beghal n'était pour rien dans les crimes des Kouachi et de Coulibaly. Les enquêteurs chercheront à déterminer s'il a été récemment en relation avec l'un des assassins. Il a été entendu, selon une source proche du dossier.
   
 

La provenance des armes et le financement

Les Kouachi comme Coulibaly détenaient un armement substantiel. Selon un spécialiste, les armes trouvées en leur possession avaient une valeur sur le marché noir de 7.000 euros pour les frères, de 6.000 pour Coulibaly. D'autres armes et du matériel militaire ont été trouvés dans la "planque" de Coulibaly. Comment leur achat a-t-il été financé? Les frères Kouachi semblent avoir versé dans la contrefaçon, selon une source proche du dossier, et Coulibaly était un délinquant de droit commun endurci.
   
 

Une cellule autoactivée ?

Ceux qui ont assassiné dix-sept personnes en trois jours à Paris forment-ils une de ces cellules dormantes auto-activées appelées de ses voeux par Al-Qaïda? Chérif Kouachi a affirmé avoir été missionné par Al Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa). Dans la vidéo, l'homme qui est sans grand doute Coulibaly dit avoir "fait allégeance" à l'organisation de l'Etat islamique (EI). Ni Al-Qaïda ni EI n'ont revendiqué ces attentats.
   
 

Les voyages à l'étranger des Kouachi

Saïd et Chérif Kouachi sont allés en 2011 au Yémen, place-forte pour les jihadistes. Des témoignages sur place font également état de la présence de Saïd dans ce pays en 2009 et 2013, mais cela n'a pas été confirmé par les enquêteurs français. Et en 2011, à l'époque où il a affirmé être allé au Yemen, Chérif Kouachi était théoriquement soumis à un contrôle judiciaire qui lui interdisait de quitter le territoire national, relève une source proche du dossier.

Les investigations s'attacheront à déterminer le parcours exact de Coulibaly et des frères Kouachi dans les mois récents. Et de comprendre pourquoi ces hommes, bien connus des services antiterroristes, sont sortis des radars.

Au printemps 2014, décision avait été prise d'arrêter d'écouter les Kouachi qui n'étaient plus considérés comme une cible prioritaire par les services, concentrés sur d'autres groupes dont plusieurs ont d'ailleurs été démantelés.

Dans l'entourage des Kouachi, plusieurs hommes sont actuellement en Syrie et au Yémen, a par ailleurs indiqué le procureur de Paris, François Molins. Les liens éventuels avec eux seront disséqués.

 

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