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Trois Femens pour accueillir DSK, qui va s'expliquer

Dominique Strauss-Kahn assiste aux funérailles du constitutionnaliste Guy Carcassonne, le 3 juin 2013 à Paris[Joel Saget / AFP/Archives]

Le jour est enfin venu pour Dominique Strauss-Kahn : poursuivi pour proxénétisme aggravé aux côtés de 13 autres prévenus alors qu'il a toujours nié tout fondement à cette accusation, il va devoir livrer sa version de l'affaire dite du Carlton au tribunal correctionnel.

 

Son arrivée mardi matin n'est pas passée inaperçue, puisqu'il a été accueilli par trois militantes Femen aux cris de "Macs, clients, déclarés coupables!" L'une d'elles s'est jetée sur le capot de la voiture de DSK, avant d'essayer d'escalader le pare-brise puis d'être appréhendée par la police. Le véhicule s'est à peine arrêté.

 

 

 

Trois ans et demi après les premières fuites dans la presse sur son éventuelle implication dans cette affaire, l'ancien directeur du FMI, âgé de 65 ans, va avoir deux jours et demi pour tenter de se disculper à la barre. Il encourt 10 ans de prison et 1,5 million d'euros d'amende.

 

Le premier à s'installer

Costume bleu marine et cravate claire, DSK a été le premier à s'installer dans la salle d'audience, semblant relativement détendu, discutant avec ses avocats, saluant certains de ses co-prévenus.

L'audience s'est ouverte à l'heure prévue, et David Roquet, ex-directeur d'une filiale d'Eiffage, a été le premier appelé à la barre.

Lorsque DSK demanda à être entendu, dès la mi-octobre 2011, pour faire cesser les "insinuations malveillantes" sur son rôle dans un réseau de recrutement de prostituées pour animer des soirées chaudes, il venait à peine d'échapper à la justice pénale américaine.

Le scandale sexuel du Sofitel de New York venait de briser sa carrière politique et la nouvelle affaire risquait de ruiner ce qu'il lui restait de réputation.

 

Bénéficiaire mais pas organisateur

Après qu'il eut été mis en examen le 26 mars 2012, le parquet avait toutefois requis un non-lieu concernant son renvoi en correctionnelle, estimant qu'il avait été un bénéficiaire mais pas un organisateur des festivités.

Depuis le début, il a laissé à ses avocats, le réputé Henri Leclerc en tête, le soin de dénoncer une interprétation abusive du droit.

"Motivation politique, idéologique, morale", voilà comment ses conseils avaient qualifié le renvoi de DSK devant le tribunal correctionnel.

Le public était nombreux à se presser devant le palais de justice de Lille, tous ceux qui le souhaitaient n'ont pu prendre place à l'intérieur.

Lundi soir, l'avocat de Nafissatou Diallo, qui avait accusé Dominique Strauss-Kahn d'agression sexuelle au Sofitel, s'est dit "rassuré" que l'ancien directeur du FMI doive "rendre des comptes" devant la justice en France, contrairement à ce qui s'était passé aux Etats-Unis, où le dossier s'était clos par un accord financier amiable au civil.

 

DSK confronté à ses accusatrices

DSK sera notamment confronté à ses accusatrices, au milieu peut-être d'allusions à ses goûts sexuels. A Jade, en particulier, dont les témoignages depuis le début du procès sur le monde de la prostitution ne manquent pas de glacer l'audience.

Le 2 février à l'ouverture du procès, il avait assuré par avance le président du tribunal de sa bonne volonté.

"On en reparlera la semaine prochaine", lui avait dit Bernard Lemaire. "Bien sûr", avait alors répondu, affable, Dominique Strauss-Kahn.

Entre-temps, le président du tribunal a pris soin de compartimenter les débats - aucun sujet ne devait être abordé sans la présence du prévenu concerné.

Durant ces audiences, la question de savoir si DSK était au courant du fait que ses partenaires sexuelles d'un jour étaient des prostituées n'a ainsi pas été posée.

Son ombre a cependant plané en permanence sur les six premiers jours du procès qui devrait s'achever le 20 février.

Une des ex-prostituées, Mounia, qui s'est portée partie civile, a affirmé lundi qu'elle avait été dûment prévenue par son recruteur de l'identité du grand homme, alors favori pour la présidentielle de 2012.

De l'accusation même, il ressort que DSK n'a probablement jamais payé une prostituée lors de ses sorties dans le Nord, avec son cercle d'amis qui comptait un policier, Jean-Christophe Lagarde, deux entrepreneurs, Fabrice Paszkowski et David Roquet, et une spécialiste de l'événementiel, Virginie Dufour.

C'est à ce petit groupe d'amis du Nord que s'intéressera le tribunal, de mardi à jeudi matin.

Ce que reproche la justice à cette équipe, c'est d'avoir amené des prostituées à des soirées organisées à Lille, Paris ou encore Washington, pour faire plaisir à Dominique Strauss-Kahn, "roi de la fête" qui, au minimum, ne pouvait être dupe du petit manège, selon l'accusation.

 

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