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Procès du Carlton : ce qu'il faut retenir du dernier passage de DSK

DSK a une nouvelle fois nié son implication dans toute affaire de proxénétisme lors de son dernier passage à la barre jeudi. [AFP/Philippe Huguen]

Dominique Strauss-Kahn a invoqué la discrétion nécessaire à sa vie privée pour justifier l'existence de sa "garçonnière" parisienne et nié à nouveau toute implication dans une affaire de proxénétisme, lors de son ultime passage à la barre jeudi au procès dit du Carlton.

 

A son troisième et dernier jour d'audition devant le tribunal correctionnel de Lille, l'ancien directeur du FMI a été sommé de s'expliquer sur cet appartement à Paris qu'il n'a pas loué à son nom. L'accusation s'y réfère dans sa motivation du renvoi de DSK devant le tribunal.

L'une des infractions caractérisant le proxénétisme est en effet de tenir des locaux privés à disposition de personnes ensachant qu'elles s'y livreront à la prostitution.

 

Des soirées libertines chez DSK

Le prête-nom était une question de discrétion, explique M. Strauss-Kahn, pour cet appartement dans un quartier chic de la capitale où il recevait certes des amis politiques, mais aussi des femmes, à une époque où il était marié. Plusieurs soirées libertines s'y sont tenues.

Deux "escorts" s'y sont rendues, mais les dates sont imprécises. De plus, elles se sont elles-mêmes définies comme libertines. C'est très flou.

 

Des SMS explicites
 

L'ancien favori des sondages pour la présidentielle de 2012 avait balayé avec autant de légèreté, quelques minutes plus tôt, les termes de "matériel" ou "cadeau" parfois employés dans les nombreux SMS échangés entre lui et son ami Fabrice Paszkowski, à ses côtés sur le banc des prévenus.

"Veux-tu venir découvrir une magnifique boîte coquine à Madrid avec moi et du matériel?", écrit ainsi DSK.

 

Langage de corps de garde

"Du langage de corps de garde", reconnaît volontiers l'ancien ministre socialiste.

"Le mot de matériel n'est utilisé qu'une fois", ajoute-t-il, précisant quand même que, oui, il utilisait parfois le prénom des jeunes femmes.

Le président Bernard Lemaire lit les multiples SMS, essaie de les relier à une fille en particulier. Dans l'un de ses messages, Fabrice Paszkowski dit de l'une d'entre elles que c'est un "phénomène". "Si c'est un phénomène on devrait s'en souvenir?", lance le président. DSK pouffe.

Ce dernier s'appuie sur certains textos, dans lesquels il parle de "passer" à un dîner auquel il est invité, pour démontrer que, selon lui, il n'est pas l'instigateur de ces soirées visées par le dossier et pour lesquelles il risque jusqu'à 10 ans de prison et 1,5 million d'euros d'amende.

"Effectivement, dans l'ordonnance de renvoi, votre rôle d'instigateur est en partie motivé par ces SMS", lui rétorque le président. Pour DSK, cravate cramoisie et costume sombre, "ça n'a pas de sens".
   
 

"Un moment d'humanité"

Le tribunal en termine ainsi en douceur avec le volet le plus attendu des débats dans l'affaire dite du Carlton, celui consacré à Dominique Strauss-Kahn: deux jours et demi dans un procès à tiroirs de trois semaines, où comparaissent 14 prévenus.

Avant de s'intéresser dans l'après-midi au volet financier du dossier et aux questions d'escroqueries, qui ne concernent pas l'ancien patron du FMI, un homme s'avance.

Il est responsable régional pour l'association Le Mouvement du Nid, qui soutient les femmes voulant s'extraire du monde de la prostitution.

"Sortir de la prostitution, c'est sortir d'un tombeau, d'une non-existence", déclare Bernard Lemettre. Il évoque la loi à l'étude devant le Sénat qui vise à pénaliser les clients.
 
"Je voudrais qu'elle serve aux petits garçons qui naissent aujourd'hui et grandiront dans un pays où être client n'est pas la normalité", ajoute-t-il.

"Merci pour ce moment d'humanité, dans ce moment glauque", lui répond spontanément Me Henri Leclerc, l'un des avocats de DSK.

 

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