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La semaine de Philippe Labro : l’immortel Tchekhov, Grange le revenant

Philippe Labro, écrivain, cinéaste et journaliste[THOMAS VOLAIRE]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour Direct Matin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

 

DIMANCHE 15 FÉVRIER

Nous allons au théâtre – à l’Odéon, dont, à chaque fois que j’y pénètre, je redécouvre la beauté, l’élégance, le poids de l’Histoire, ce qui fait que, chaque jour, quand on vit à Paris, on passe devant tous ces lieux publics (Comédie-Française, Louvre, Orsay, Grand Palais…) en oubliant parfois à quel point ils sont dépositaires de notre culture, notre passé, l’unique proposition de la ville la plus visitée au monde. Cette banalité mise à part (mais pourquoi, de temps en temps, ne pas émettre des banalités ? Ça rassure…), si nous sommes à l’Odéon, c’est pour assister à Ivanov d’Anton Tchekhov, mis en scène par Luc Bondy.

Entracte inclus, le spectacle dure presque trois heures, mais la force du texte, l’inventivité du metteur en scène et le talent d’une troupe de vingt à vingt-cinq comédiens sont si intenses qu’on ne voit pas le temps passer. Nous possédons en France – et pas seulement à Paris – des myriades de comédiens et comédiennes qu’on ne voit pas forcément sur les plateaux de télévision, mais qui sont de véritables artistes, expérimentés, formés dès leur plus jeune âge, et qui illustrent la richesse, la ressource, la surprise qu’offre le "spectacle vivant", le théâtre.

De Marcel Bozonnet à Ariel Garcia Valdès, de Marina Hands au remarquable Micha Lescot (dans le rôle-titre), j’ai suivi avec passion ce que l’on appelle "l’interprétation" de ces hommes et femmes qui, sous la férule de Luc Bondy, m’ont transporté dans l’univers de Tchekhov. Il écrivit cette "comédie", qui est aussi un drame, à l’âge de 27 ans, en 1887. Elle est d’une modernité étonnante. Vous avez jusqu’au 1er mars pour y aller, puis ça reprend du 7 avril au 3 mai. Le théâtre, à ce niveau, procure une joie calme, intime, muette.

 

LUNDI 16 FÉVRIER

On parle, beaucoup, en rubrique sportive, de la médiocre prestation du XV de France à Dublin, l’autre jour, mais j’ai été surpris du peu d’espace que les télévisions, et une partie de la presse, ont consacré à Jean-Baptiste Grange, le jour où il a remporté, une deuxième fois en quatre ans, le 15 février, le titre de champion du monde de ski en slalom. Voici un champion, un vrai : quelqu’un qui a survécu à quatre années de blessures, à l’épaule, au dos, aux genoux, que l’on pouvait croire "fini" ou presque, à la suite d’opérations difficiles. Il a lutté et gagné.

Grange mérite la une et finira par l’obtenir après quelques jours d’attente. Je n’y connais rien en slalom, mais je lis que sa course a été "parfaite". Je la regarde. En effet, c’est comme une danse sur de la soie.

 

VENDREDI 20 FÉVRIER

Ainsi donc, c’est ce soir, à partir de 21h, que, sur Canal+ et RTL, on va suivre la 40e édition des César du cinéma. J’étais convié, lundi dernier, au "Dîner des producteurs" qui réunit celles et ceux grâce à qui les films peuvent exister, ceux qui "produisent", terme bien vague pour définir un métier fait de risques, d’audace, de jugements, de volonté et complicité avec les créateurs.

C’est à Sylvie Pialat qu’est revenu le Prix Daniel-Toscan-du-Plantier et ceci pour la deuxième fois consécutive. Sylvie Pialat a produit Timbuktu. L’ovation avec laquelle ses confrères et consœurs ont salué sa récompense annonce-t-elle qu’elle obtiendra quelques statuettes pour ce film, ce soir ?

Les choix ont été délicats, cette année, mais intéressants, car une nouvelle génération prend le pouvoir. Pour le meilleur film étranger, je n’hésite pas à afficher mon choix : c’est à Ida que va mon vote. Mais "les professionnels de la profession" en jugeront peut-être autrement. On va tous regarder Canal, ce soir.

 

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