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Le "tueur de l'Essonne" face à la justice

Un suspect est emmené par la police à Ris-Orangis, le 15 avril 2012 dans le cadre de l'enquête sur quatre meurtres dans l'Essonne.[AFP/Archives]

Il est accusé d'avoir assassiné quatre personnes de sang-froid, sans mobile, par surprise, d'au moins une balle dans la tête: Yoni Palmier, "le tueur de l'Essonne", comparaît à partir de mardi aux assises d'Evry avec la lourde étiquette de "serial killer".

 

Malgré un dossier accablant, l'accusé, 36 ans, nie farouchement. "Son discours, c'est de dire: +Moi, on m'a agressé toute ma vie et la justice n'a jamais rien fait. Maintenant, je suis accusé et on ne fait rien pour m'innocenter!+", détaille à l'AFP son avocat Julien Fresnault.

Une défense fragile au moment d'aborder trois longues semaines de procès, au cours desquelles sera disséquée chaque étape de la vie solitaire de cet homme instable et colérique.

L'affaire débute par une mare de sang dans un parking de Juvisy-sur-Orge (Essonne): Nathalie Davids, une laborantine de 35 ans, est découverte en novembre 2011 près de sa voiture, atteinte d'au moins sept balles.

Les enquêteurs croient rapidement tenir leur suspect idéal: Michel Courtois, 49 ans, ex-amant de la victime qu'il aurait, selon des proches, harcelée.

Cet ouvrier du bâtiment à l'air fruste avoue en garde à vue, "complètement déboussolé", et part en prison malgré ses rétractations.

Trois mois plus tard, en février 2012, Jean-Yves Bonnerue, 52 ans, est abattu dans le même parking d'une balle dans la tête. Suivent Marcel Brunetto, 81 ans, en mars à Ris-Orangis et Nadjia Boudjemia-Lahcène, 48 ans, en avril à Grigny. A nouveau d'une balle dans la tête, à bout portant.

Deux éléments relient les quatre victimes, tuées à quelques kilomètres les unes des autres: le pistolet semi-automatique calibre 7.65 mm utilisé et une moto "bleue et blanche" aperçue par des témoins dans les heures qui précèdent ou suivent les crimes.

La police lance un avis de recherche pour mettre la main sur "le tueur à moto" qui fait paniquer l'Essonne. Yoni Palmier est arrêté dix jours plus tard à Ris-Orangis.

 

"Il a un pète au casque"

Au fil des perquisitions, les enquêteurs reconstituent le puzzle. La fameuse moto, une sportive de marque Suzuki modèle GSX-R, faussement immatriculée, est retrouvée dans un box qu'il loue à Viry-Châtillon.

Puis l'arme des crimes, avec son seul ADN, et plusieurs douilles similaires à celles retrouvées près des victimes, dans un autre box à Draveil.

La suite de l'enquête permet de troublants rapprochements géographiques: Yoni Palmier loue un box dans le parking où sont morts Nathalie Davids et Jean-Yves Bonnerue; il a habité dans le même immeuble que Marcel Brunetto; il fréquente le quartier de Grigny où a été commis le dernier meurtre.

Autant d'éléments matériels lourds qui entraînent la libération de Michel Courtois (aujourd'hui totalement blanchi) après six mois de détention, mais que Yoni Palmier balaye d'un "j'ai pas fait ça" maladroit et peu convaincant.

Il accuse d'abord un certain "Niorka" qui, dans une lettre qu'il reçoit en prison, s'attribue les meurtres. Avant d'avouer s'être fait envoyer le courrier par sa mère.

Puis, lui l'éternel solitaire, évoque "un groupement" de personnes, qu'il est incapable de décrire, mais qui auraient tué au hasard pour le venger d'agressions qu'il prétend avoir subies.

"Il a un pète au casque, c'est une évidence", soutient une source proche du dossier. Ce que laisse aussi penser l'enquête de personnalité, qui révèle les étonnants caprices du trentenaire: un sauna dans son minuscule appartement de Ris-Orangis aux allures de squat, ou un mini lance-flamme sous la manche de son bras, qu'il tente de se confectionner lui-même...

De son enfance brimée à sa vie d'adulte misanthrope et inactif, une seule constante dans la vie de Palmier: sa relation tourmentée avec sa mère, à la fois surprotectrice et victime de ses sautes d'humeur.

Il prendra six mois fermes pour l'avoir poignardée en 2004. Elle est pourtant la seule, aujourd'hui, à venir encore le voir en prison.

Le verdict est attendu le 17 avril.

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