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Pas toujours facile de parler aux enfants des violences sexuelles

Le directeur de l'école primaire de Villefontaine (Isère) faisant l'objet d'une procédure de révocation définitive, enseignait dans ce lycée.[Philippe Desmazes / AFP]

Face aux affaires de pédophilie à Villefontaine et à Rennes, éducateurs, parents d'élèves et associations de protection de l'enfance appellent à une meilleure formation des professeurs afin qu'ils aident les élèves, et en particulier les plus jeunes, à se protéger, voire à dénoncer.

 

"Incontestablement, les choses bougent" depuis plusieurs années, "mais il reste beaucoup à améliorer", déclare Christiane Ruel, porte-parole de l'association Enfance et Partage.

La plupart des acteurs du monde éducatif évoque le "tournant" de 1997, année d'une circulaire signée par Ségolène Royal. Ce texte oblige les fonctionnaires de l'Education nationale à signaler tout enfant en danger, dans le cadre familial ou scolaire, sous peine d'être passible de poursuites pour "non-assistance à personne en danger".

"Ca a été un tournant", indique Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUipp-FSU, premier syndicat dans le primaire, qui se souvient d'un petit livret consacré à ce sujet et distribué aux écoliers à la fin des années 90.

Plusieurs enseignants interrogés par l'AFP évoquent à mi-voix des cas de collègues sur lesquels ils ont eu des doutes, sans oser par le passé en faire part aux autorités. Mais avec la circulaire Royal et la prise de conscience collective au sein de la société dans les années 90, les professeurs n'hésitent plus à signaler tout comportement déviant, "même si c'est très dur de dénoncer un collègue", note un ancien instituteur.

 

"Trouver les mots justes"

Dans la classe, il faut trouver les mots justes pour inciter les tout jeunes enfants à se protéger face à des adultes mal-intentionnés et, éventuellement, dénoncer des faits subis ou rapporter des confidences de camarades.

"L'une de nos demandes, c'est la formation des enseignants" afin de "repérer chez un enfant des comportements qui pourraient révéler un mal-être", souligne Paul Raoult, le président de la FCPE, une des deux grandes associations des parents d'élèves des établissements publics.

"Il faut une formation pour pouvoir parler de choses comme ça auprès des enfants car ce n'est pas facile, et pouvoir en parler aussi avec les parents".

 

Ne pas angoisser les enfants

Sébastien Sihr regrette lui aussi un manque côté formation, qualifiant de "talon d'achille" la formation continue pour le personnel enseignant, y compris sur ce sujet. Car il faut savoir expliquer, mais aussi déceler d'éventuels troubles du comportement qui signalent un mal-être lié à des abus sexuels.

Outre un vocabulaire adapté en fonction de l'âge des enfants, il faut aussi savoir "délivrer un message qui ne soit pas anxiogène", afin que les enfants ne voient pas dans chaque adulte un prédateur, note Christiane Ruel.

Son association forme des bénévoles qui interviennent dans les écoles, dès la maternelle, pour lutter contre les violences sexuelles ou physiques. "Le premier message est de faire comprendre aux enfants que leur corps leur appartient et que personne, à l'école, au sein de sa famille ou ailleurs, n'a le droit de regarder ou de toucher les parties de son corps les plus intimes".

"On leur explique aussi que ces actes sont punissables par la loi et que le droit protège les enfants", ajoute-t-elle. Autre élément de l'intervention: ôter auprès des enfants une éventuelle culpabilité s'ils veulent parler.

Des sessions de ce type peuvent aussi être organisées dans le cadre d'un projet d'école par l'enseignant et l'infirmière scolaire, indique le rectorat de Paris.

La ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem a loué cette semaine le traitement de la pédophilie dans "Le petit quotidien", journal destiné aux 6-10 ans, qui explique avec des articles clairs et précis comment se protéger et à qui se confier en cas d'abus. Ce thème était également abordé dans "Mon Quotidien", pour les 10-14 ans, avec dix questions-réponses, et "L'Actu", pour les 13 ans et plus.

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