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MyferryLink : SeaFrance liquidée

Le trafic restait totalement interrompu sur la nationale 216, bloquée dans les deux sens en raison des dégâts, au niveau de la sortie portuaire, obligeant à la mise en place de déviations par les forces de l'ordre.[PHILIPPE HUGUEN / AFP]

Mécontents des mesures proposées par le gouvernement pour sauvegarder la compagnie maritime MyFerryLink, des centaines de marins de la Scop SeaFrance ont de nouveau lancé des actions coup de poing, vendredi, en même temps qu'ils apprenaient que leur coopérative était liquidée.

 

Près de 300 manifestants ont ainsi bloqué pendant plus de trois heures vendredi les bretelles d'accès au port de Calais (Pas-de-Calais) avec des tas de pneus enflammés. Ils sont ensuite partis dans un cortège d'une cinquantaine de véhicules pour une opération escargot sur l'A16 en direction de Loon-Plage, près du port voisin de Dunkerque, où la compagnie danoise concurrente DFDS a installé une partie de son activité. L'opération a provoqué d'importants bouchons en cette journée classée rouge dans le sens des départs en vacances par Bison futé, qui se comptaient encore en kilomètres en fin d'après-midi.

Le trafic restait totalement interrompu sur la nationale 216, bloquée dans les deux sens en raison des dégâts, au niveau de la sortie portuaire, obligeant à la mise en place de déviations par les forces de l'ordre. Le trafic portuaire n'était cependant pas impacté, les compagnies maritimes invitant juste les passagers à prendre leurs précautions et annonçant des retards éventuels pour accéder à l'embarquement.

Cette manifestation était "la goutte d'eau qui fait déborder le vase" pour le président du port de Calais Jean-Marc Puissesseau, exaspéré de voir les infrastructures bloquées une nouvelle fois, comme cela a été le cas à plusieurs reprises au mois de juillet, sans que les autorités n'interviennent. Sur le mois écoulé, le port a ainsi enregistré une baisse de 30% du trafic camion transmanche, -36% pour les voitures et -20% pour les autocars, selon la Société d'exploitation des ports du Détroit. Depuis le début du mouvement "MyFerryLink", elle indique enregistrer une perte de 7 millions d'euros.

 

SeaFrance liquidée

Le tribunal de commerce de Boulogne-sur-Mer a prononcé en début d'après-midi la mise en liquidation judiciaire de la Scop, cette procédure permettant le paiement des salaires du mois de juillet des 487 salariés, la coopérative n'ayant pas la trésorerie suffisante pour le faire."Le tribunal prononce la conversion en liquidation judiciaire (...) sans poursuite d'activité à compter de ce jour. La Scop SeaFrance n'existe plus", selon cette décision, dont l'AFP a pu prendre connaissance.

La liquidation "est une bonne chose pour les salariés. Ils vont toucher leur salaire. Maintenant, on va essayer de négocier un bon plan social. Il faut faire comprendre au gouvernement qu'on ne lâchera rien", a lancé Eric Vercoutre, secrétaire général du syndicat maritime Nord, ultramajoritaire, parlant malgré tout de "naufrage". Une nouvelle assemblée générale des marins doit avoir lieu "mardi ou mercredi".

"L'Etat doit maintenant nous aider de façon concrète. On promet une activité très perturbée le temps que l'on soit entendus", a-t-il ajouté. Placée en redressement judiciaire le 11 juin, la Scop SeaFrance, coopérative qui opère les navires de la compagnie transmanche MyFerryLink depuis août 2012, est au centre d'un conflit qui dure depuis plusieurs mois entre ses marins, le propriétaire de ses trois navires, Eurotunnel, et son concurrent danois DFDS. Une nouvelle réunion sous l'égide du gouvernement avait eu lieu jeudi.

 

Un fonds d'aide versé ?

Le secrétaire d'État chargé des Transports, Alain Vidalies, "a simplement dit qu'à Calais, seulement 380 emplois pouvaient être sauvés" sur un total de 487, a indiqué M. Vercoutre, dont le syndicat refuse toujours de passer du giron d'Eurotunnel à celui du concurrent DFDS. "Le gouvernement n'est pas capable de nous verser un fonds d'aide alors qu'il a donné 100 millions d'euros à la SNCM", s'est plaint M. Vercoutre.

Le gouvernement avait soumis la semaine dernière un texte prévoyant notamment la liquidation de la Scop SeaFrance, la création d'une nouvelle Scop exploitant un seul navire et la reprise au total de 380 salariés sur 487. Il a fixé pour objectif "d'obtenir dans un délai de 3 mois une solution pour chaque salarié". Eurotunnel, propriétaire des trois navires affrétés jusqu'à juin dernier à MyFerryLink, "a réitéré son engagement d'une offre d'affrètement" d'un de ces bateaux, qui "sera formalisée par écrit dans les prochains jours", selon M. Vidalies.

 

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