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Les buralistes mobilisés contre le paquet neutre

Un paquet neutre de cigarettes en septembre 2014 à Paris [Thomas Samson / AFP/Archives] Un paquet neutre de cigarettes en septembre 2014 à Paris [Thomas Samson / AFP/Archives]

Carottes à Bercy, bureaux de tabac factices, radars encapuchonnés: plusieurs centaines de buralistes ont manifesté mardi dans 80 villes contre le paquet de cigarettes neutre que le gouvernement veut réintroduire dans le projet de loi de Santé.

 

A moins d'une semaine de l'examen du texte au Sénat, la Confédération des buralistes dénonce les mesures gouvernementales visant à réduire le tabagisme qui entraînent selon elle des "fermetures nettes de nombreux établissements".

A Toulouse, capitale régionale d'un territoire frontalier où de nombreux fumeurs vont s'approvisionner en Espagne ou à Andorre, les manifestants proclamaient sur leurs pancartes: "Supprimer les buralistes ne fera pas baisser le tabagisme" ou "Non au paquet neutre, non au paquet à 10 euros". A côté une tente aux allures de bureau de tabac factice, baptisée "Tabac chez Marisol", était remplie de paquets neutres au packaging vert uniforme sans logo de marque.

"J'ai reconstruit un bureau de tabac générique comme le veut Marisol Touraine, [la ministre de la Santé, ndlr] c'est le musée des horreurs", a déclaré à l'AFP Gérard Vidal, président de la chambre syndicale des buralistes de la région.

"On n'a jamais été contre une politique de santé, mais elle ne passe plus par le prix aujourd'hui. Elle passe par la prévention, et par une harmonisation des prix avec les pays voisins", a poursuivi M. Vidal, signalant "la proximité d'Andorre, où le paquet est à 2,95 euros" contre environ 7 euros en France.

 

Quatre tonnes de carottes à Paris

A Paris, quatre tonnes de carottes, en référence au symbole stylisé des bureaux de tabac, ont été déversées près du ministère des Finances.

"Si demain nous ne sommes plus là, les fumeurs iront chercher leur tabac comme ils le font déjà à l'étranger ou sur les marchés parallèles", a déclaré à l'AFP Bernard Gasq, président de la chambre syndicale des buralistes de Paris.

Le paquet neutre, "c'est une fausse bonne idée. Cela ne va pas améliorer la santé publique, mais ça va augmenter les trafics", a jugé Philippe Barier, "simple fumeur" venu manifester avec une cinquantaine de personnes équipées pour certaines de masques blancs, en référence au paquet neutre, et déguisées pour d'autres en kangourous, clin d'oeil à l'Australie, où la mesure a été mise en place.

En Alsace, des buralistes ont bâché dans la nuit les panneaux d'entrée de quelque 80 communes qui ont perdu un ou plusieurs bureaux de tabac, selon Thierry Lefebvre, président de la Confédération des buralistes du Haut-Rhin. Une douzaine de radars ont également été recouverts, a-t-il précisé à l'AFP.

Des dizaines de radars ont aussi été visés en Gironde, dans le Lot-et-Garonne et en Dordogne.

En Gironde, les permanences de plusieurs députés socialistes ont été recouvertes d'affichettes montrant une Marisol Touraine "relookée façon paquet générique, avec les dents et les yeux arrangés".

Plusieurs dizaines de buralistes ont aussi campé devant les préfectures à Albi, Montauban, et Auch.

A Toulouse, Bordeaux et Tulle, les manifestants prévoyaient de lâcher 1.041 ballons blancs symbolisant le nombre de buralistes qui ont fermé boutique en 2014, selon eux.

Le Sénat entamera lundi prochain l'examen du projet de loi de Santé. Les sénateurs ont supprimé en commission le 22 juillet l'idée du paquet neutre et adopté un amendement revenant à appliquer la directive européenne sur les produits du tabac.

Cette directive, préconisée par les buralistes, prévoit de faire passer l'an prochain à 65% la taille des avertissements sanitaires et des photos choc sur chaque face du paquet (contre 30% et 40% sur une seule face aujourd'hui) sans supprimer le logo de la marque.

Mais le ministère de la Santé a annoncé la réintroduction du paquet neutre par amendement.

Pascal Montredon, président de la Confédération des buralistes, a indiqué à l'AFP avoir été reçu lundi par le secrétaire d'Etat au Budget Christian Eckert.

Les buralistes dénoncent aussi l'éventualité d'une hausse du prix du paquet à 10 euros, proposée par la députée PS Michèle Delaunay. "On ne peut pas continuer à creuser la différence de prix avec les autres pays", estime Pascal Montredon. Selon les industriels, la contrebande représente un quart de la consommation en France.

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