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La semaine de Philippe Labro :  l’icône de la longévité, le visage de la précarité

Philippe Labro, écrivain, cinéaste et journaliste. [THOMAS VOLAIRE]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour Direct Matin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

 

  • MARDI 1ER SEPTEMBRE

Nous décernons le premier prix littéraire de la saison – bien avant tous les autres. Il est vrai que ce prix n’est pas «comme les autres». Il s’agit de la deuxième édition du prix Matmut qui a pour principe – et pour vertu – de distinguer un manuscrit qui n’a pas été publié, qu’aucun éditeur traditionnel n’a lu. Direct Matin en a déjà parlé la semaine dernière, mais j’ai envie d’en reparler, car il s’agit d’une véritable première. Le texte original (comme 500 à 600 autres) a été envoyé à Jean-Charles Bordaries qui a procédé, avec l’aide de lecteurs et lectrices bénévoles, à un travail de fourmi pour ne conserver que six manuscrits, dont le jury (composé d’écrivains, musiciens, gens de presse…) a, de façon unanime, choisi L’Abeille Noire – écrit par deux professeurs bretons, l’un d’anglais, l’autre de lettres ; et qui est une sorte de "roman d’aventure", de "cape et d’épée", les tribulations d’une jeune Armoricaine en 1755, qui vont l’amener jusqu’à Saint-Domingue. C’est riche, foisonnant, lyrique, écrit avec amour de la langue et richesse de descriptions par Ronan Robert et Thierry Conq, deux inconnus. Le bouquin est déjà en librairie, aux éditions Carpentier, collection Les Nouveaux Romans, avec une formidable préface de Catherine David.

  • LUNDI 7 SEPTEMBRE

Sixième conférence de presse du président de la République. Je le suis sur les écrans de télé. Je reconnais, dans les rangs des journalistes, de nombreux confrères et amis – mais il y a un grand absent, Claude Cabanes, qui fut, pendant si longtemps, l’une des plus belles plumes de L’Humanité. Grand, une voix et un accent entre tous reconnaissables, cultivé, discret, plein d’ironie et d’humour, Claude était un compagnon de plateau télé «en or», grâce à sa pétulante éloquence, son immense culture, sa chaleur et son ardeur militante qu’il savait, cependant, tempérer. Il nous manquera. Quant à la conférence elle-même, par force et par routine, elle a occupé toutes les chaînes d’info durant la journée, puis les autres chaînes le soir, et fait les pages de la presse quotidienne le lendemain. Il m’a semblé que, même si le problème des réfugiés n’a pas occupé toute la session, cette nouvelle crise dans la vie de l’Europe pesait plus lourd que d’autres rubriques. Il n’y a rien à y faire : les images des réfugiés arrivant sous les applaudissements des Allemands auront marqué les esprits. La une du Paris Match de cette semaine en est l’illustration : «Accueillez-nous», titre l’hebdomadaire, avec la photo d’une petite fille sur les épaules de son père. Abal Habibi, 4 ans, ses yeux inquiets font, inévitablement, penser à un autre enfant, Aylan Kurdi, dont la photo de son corps étendu, comme s’il dormait sur la plage, aura fait basculer le cours des choses la semaine dernière.

  • MERCREDI 9 SEPTEMBRE

Si la reine Elizabeth II, 89 ans, fait la première page de pratiquement tous les journaux du monde, ce n’est pas seulement parce qu’elle est arrivée à la 63e année d’un règne qui ne connaît guère d’égal, mais aussi parce que cette durée, cette pérennité d’un système, disent mieux que tout, ce qu’est l’Angleterre. Voici une femme qui a connu Churchill et De Gaulle, qui a traversé les décennies pleines parfois d’avaries (Diana), parfois de grandes réussites. Sa dernière visite à Paris, par exemple, qui vit les Français la recevoir avec une courtoisie et une sympathie inouïes, tout simplement parce que, souriante sous la pluie, en portant son petit parapluie jaune et vert, Elizabeth II symbolisait d’une certaine manière, l’Angleterre éternelle, celle qui résista sous les bombes et qui écrivit une grande partie de l’histoire du XXe siècle.

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